DÉVELOPPEMENT À GRIS-GRIS: Des voix s’élèvent contre le projet de morcellement résidentiel

La construction d’un morcellement résidentiel à Gris-Gris suscite la colère chez les habitants du village côtier. Une colère et inquiétudes qui portent notamment sur l’arrivée des nouveaux habitants qui occuperont les 36 lots résidentiels et par conséquent d’un important dispositif de drainage qui constituerait un danger pour l’environnement. Une lettre avec une pétition de trois signataires a été adressée au Conseil de District Grand-Port/Savanne et une injonction sera mise en cours contre les promoteurs de la Société d’Aménagement et de Gestion Immobilière (Sagiterre).
Il n’est pas encore tout à fait sorti de terre mais le Domaine de Gris-Gris, qui comprendra 36 lots résidentiels qui seront mis en vente provoque la colère de certains habitants d’une petite zone résidentielle qui abrite maisons, restaurants et lieu de retraite spirituelle. Une lettre avec une première pétition de trois signataires — Armand Maudave, Owen Griffiths et Julio Deiana — a été adressée au Conseil de District de Grand-Port/Savanne, des copies de la même lettre au Ministère de l’Environnement, au Ministère du Tourisme, au Directeur de la Beach Authority, ainsi qu’à la presse dans laquelle ces derniers demandent aux autorités de procéder à des mesures immédiates afin d’arrêter les travaux de la construction du morcellement.
Selon les habitants, la route qui commence à l’entrée de Gris-Gris et qui mène à la Roche qui pleure sera barrée, le terrain se situant entre le petit bungalow qui se trouve à l’entrée de la plage publique et le Foyer de l’Unité. « Même le Foyer de l’Unité aura un autre accès, mais la paix de l’endroit est complètement perturbé », nous dit Armand Maudave.
Selon eux, les sentiers qu’utilisent les promeneurs dans une petite forêt de filaos seront aussi supprimés. « Cela fait un demi-siècle que je vis ici. Nous, les habitants de Gris-Gris, aimons nous promener sur ce qu’on appelle notre promenade de santé. Mais il paraît que même ce sentier sera supprimé. Malheureusement chez nous, il n’existe pas de Common law comme en Angleterre. Car, la coutume veut que cela fait plus d’un siècle qu’on utilise cette route et ce sentier est considéré comme un droit de commune. II faut qu’on nous respecte même si c’est un lieu privé », dit Armand Maudave.
Pour lui, les promoteurs ont déjà « défiguré le paysage de verdure en érigeant un mur monstrueux, qui va, paraît-il, couper la forêt de filaos en deux », dit-il. «Le mur est une disgrâce déjà, mais le plus scandaleux, c’est le drain », ajoute-t-il. Un problème qu’il évoque dans la lettre, dont voici l’extrait : « Nous avons constaté que ce développement comprend un important dispositif de drainage des eaux de pluie et des eaux usées qui vont se déverser directement vers la plage de Gris-Gris. Or, cette petite plage située entre de hautes falaises fait partie d’un écosystème qui a jusqu’à l’heure été soigneusement préservé ».
Armand Maudave nous indique la déclivité où sera déversée, dit-il « les eaux usées des villas avec leur contenu de pesticides et d’herbicides, et autres éléments polluants (détritus de cuisines, excréments de chiens, huile de moteur, etc. Tout ceci aura un effet désastreux sur cette petite étendue de sable et sa fragile barrière de corail à seulement quelques mètres du rivage. Toute la beauté de ce lieu d’une sauvage grandeur sera avec le temps et les lentes infiltrations de matières polluantes irrémédiablement ravagée ».
Pour ce petit noyau de personnes qui se mobilisent contre ce projet résidentiel, cela mettra en péril la vie sous-marine, notamment celle des tortues qui viennent régulièrement pondre sur cette plage. De plus, ajoute-t-il, « la centaine de personnes qui fréquente Gris-Gris ne pourra même pas marcher sur la plage pour aller jusqu’à la Roche qui pleure. Les promeneurs qui y déferlent seront désagréablement surpris par les odeurs nauséabondes qui infesteront les lieux ».
Selon Armand Maudave, « la lettre comprend trois signataires mais d’autres signataires vont venir ». Celui-ci dit avoir « envoyé une lettre au Directeur de Sagiterre, mais il n’a même pas téléphoné. Et la Environment Impact Assessment (EIA), ne réagissent pas non plus. L’attitude de Bernard Desveaux de Marigny est méprisante et scandaleuse. Nous allons mettre une injonction en cours pour arrêter les travaux », dit-il.
Contacté au téléphone, le directeur général de Sagiterre, Bernard Desveaux de Marigny, explique : « On a obtenu tous les permis et nous n’allons certainement pas arrêter les travaux. Si M. Armand Maudave m’avait contacté, je lui aurais expliqué comment cela se passe. Au lieu de ça, il m’a envoyé une copie de la lettre qu’il a adressée à tout le monde et me menace de procès. »
Quant aux répercussions que ce développement pourrait avoir sur l’environnement, il répond : « Il n’y aura pas de problème de pollution, nous avons pris toutes les mesures qui s’imposent pour cela. On fait ce qu’il faut pour ne pas polluer l’environnement. Durant la construction, le drain a débordé parce que les « soakaways » n’étaient pas encore en construction. Mais quand le morcellement sera complété, ce ne sera plus un souci. Nous avons le souci de préserver les alentours immédiats, notre image, et l’environnement. »
Et que du côté du Foyer de l’Unité, qu’en pense-t-on. « Il n’y a pas à s’inquiéter, on m’a expliqué le nouvel accès à la plage et cela ne me pose aucun problème », affirme le père Pierre Laslandes.
Afin de tenter de trouver une solution, Sadasiven Mooneyan, président du Conseil de village de Souillac, compte organiser une réunion avec les conseillers du District Grand-Port/Savanne, forces vives et promoteurs du projet.

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