DIMANCHE DE LA MER — LE PÈRE JACQUES DAVID: « Reconnaître la contribution des gens de la mer »

Chaque année, au mois de juillet, l’Apostolat de la Mer, qui est un réseau international, une organisation d’Église connue comme Stella Marris, dont le siège est au Vatican, à Rome en Italie, invite à célébrer le Dimanche de la Mer à travers le monde. Cette année, les responsables de branche mauricienne ont choisi la région de Grande-Rivière-Sud-Est pour rendre hommage aux personnes qui exercent un métier dans l’industrie maritime. C’est au Square Alain Noël, non loin du débarcadère de la localité, que le père Jacques Henri David et le curé de la paroisse, Jean Paul Le Borgne, ont célébré une messe au cours de laquelle des prières ont été dites en français, en hindi, en anglais et en kreol.
Lors de son homélie, le président de l’Apostolat de la mer, le père Jacques Henri David, a appelé à avoir plus de solidarité envers les gens de la mer. Avec le développement moderne des nouveaux ports, avec leurs infrastructures nouvelles, les navires débarquent leurs marchandises dans un temps record, ce qui fait que les équipages ont moins de temps libre pour se rendre à terre et prendre un temps de repos. Cela fait que le personnel navigant devient invisible au regard de la société, et il faut attendre une catastrophe, un naufrage ou une attaque de pirates, pour qu’on parle des marins.
L’aumônier du Port a souligné le professionnalisme des marins. Il a pris l’exemple de l’équipage du Costa Concordia, a qui il a rendu hommage pour leur dévouement pour sauver les passagers à bord, lors du naufrage de ce bateau de croisière qui transportait environ 4 000 passagers. Ce nombre de vies sauvées est dû à la discipline et au dévouement de tout le personnel, qui a su maîtriser sa peur et observer les consignes de sécurité afin de venir en aide à ces personnes.
Le prêtre a rappelé la hantise des marins d’être attaqués de façon brutale par des pirates dans l’océan Indien. La piraterie est un réel problème dans cette région, et si les pirates venant de Somalie sont capables de toucher les Seychelles, il pense qu’ils peuvent étendre leurs activités dans les eaux mauriciennes également. Le père David a salué les initiatives prises par le gouvernement dans la lutte contre la piraterie. L’ICMA et le Nautical Institute ont organisé une formation sur l’accompagnement psychologique des victimes de la piraterie, et l’Apostolat est disposé à donner son soutien moral à ces marins qui ont subi des préjudices, a dit le célébrant. L’apostolat de la Mer veut accompagner les marins, pêcheurs et leurs familles à faire face aux problèmes difficiles auxquels ils sont souvent confrontés.
La crise économique actuelle, dit le prêtre, est la cause de l’abandon de plus de 1 500 bateaux dans les différents ports du monde. De nombreux marins se retrouvent sans salaires, et Maurice n’est pas épargnée, avec notamment le Seabirds et le Cemrem, deux bateaux qui ont eu des problèmes d’ordre économique. Les marins du Cemrem ont pu être rapatriés grâce à la collaboration du Seafarers Welfare Fund et le concours du syndicat, des agents maritimes et des autorités du port, mais les familles de ces marins attendent toujours leurs salaires. En 2011, le M/V Markella a à son tour été touché par les mêmes problèmes. Les marins de ce bateau, dit le célébrant, sont des victimes abandonnées par la compagnie qui les emploie, n’ayant jusqu’à l’heure pas eu leurs salaires, alors que les procédures légales sont lourdes et lentes. Le père Jacques Henri David demande aux autorités de mettre en place un « Fast Track Lane » qui permettra à ces marins abandonnés de récupérer leurs salaires et de rentrer dans leur pays pour voir leurs familles.
Le prêtre a remercié la communauté des pêcheurs de Grande-Rivière-Sud-Est et leur a affirmé que l’Apostolat de la Mer est témoin de leurs difficultés. L’expression à la mode dans le domaine de la pêche est « fishery management », et tout en admettant ce concept, le prêtre a reconnu que c’est un peu compliqué pour certains pêcheurs, qui ont besoin d’une formation adéquate pour une pêche plus rentable. Entretemps, dit le père David, les pêcheurs prennent conscience que cette mer à partager est en danger, avec le changement climatique, la pollution, la surpêche, l’appauvrissement de nos lagons. Le célébrant a lancé un appel, « Sauve nous la mer », à toute la société. En conclusion à son homélie, le père Jacques Henri David a repris le message du Vatican qui stipule que le rendez-vous annuel du Dimanche de la Mer est une invitation pour que la communauté chrétienne et la société en général reconnaissent les gens de la mer comme des êtres humains qui contribuent pour l’amélioration de la vie, et qu’il faut les remercier pour leur travail et leurs sacrifices.

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