— Avec une majorité de 77 votes favorables contre six non et 41 abstentions, l’Universal Postal Union désavoue le Royaume-Uni et son timbre-poste BIOT
— Le PM : « Je souhaite que la Grande-Bretagne réalise à quel point elle va à l’encontre de la loi internationale et continue à violer les lois internationales «
— Des parlementaires allemands soutiennent la cause de Maurice et dénoncent la prochaine escale de la frégate Bayern à la base de Diego Garcia
Indépendamment de l’importance stratégique accrue de la base américaine de Diego Garcia dans le contexte de l’Afghanistan tombant sous le contrôle total des talibans, Maurice maintient la pression diplomatique pour l’exercice de la souveraineté sur cette partie de son territoire. En fin de semaine, une des agences spécialisées des Nations unies, en l’occurrence l’Universal Postal Union (UPU), a concrétisé les recommandations du secrétaire général des Nations unies, Antonio Gutteres, dans son rapport en date du 18 mai 20230 (A/74/834) suite à l’adoption par l’Assemblée générale de la Résolution 73/295 du 22 mai 2019. Par une majorité de 77 voix pour contre six non et 41 abstentions, l’Universal Postal Union a pris la décision d’interdire au Royaume-Uni d’émettre des timbres-poste au nom du British Indian Ocean Territory (BIOT). Toutefois, l’adhésion de la Grande-Bretagne à la Commission des Thons de l’Océan Indien, par le truchement de cette même BIOT, et contestée par la Maurice, se présente comme un ultime os dur à digérer.
Ce nouveau désaveu des Britanniques sur le plan international a été administré lors du 27e congrès de l’UPU se déroulant à Abidjan en Côte d’Ivoire. Un communiqué officiel émis par cette agence des Nations unies confirmant que l’archipel ds Chagos fait partie intégrante du territoire de Maurice ne reconnaît plus la légitimité et la validité des timbres-poste mis en service par Londres au nom du BIOT. L’UPU avance que « as a result of the decision, the UPU will no longer register, distribute or forward postage stamps issued by the British Indian Ocean Territory. »
Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, se félicite de ce développement et dans une déclaration à la télévision nationale, il souligne que « cela s’inscrit dans le combat que nous menons et la justesse et la cause que nous défendons pour dire que les Chagos font partie intégrante du territoire de la République de Maurice et que notre décolonisation n’est pas complète. Je souhaite que la Grande-Bretagne réalise à quel point elle va à l’encontre de la loi internationale et continue à violer les lois internationales et d’aller contre des instances comme les Nations Unies et la Cour Internationale de Justice. »
Cette interdiction de reconnaissance de timbre-poste du BIOT fait partie des recommandations du rapport du secrétaire général de l’ONU en vue de la mise à exécution des dispositions de la résolution 73/295 traduisant dans les faits les attendus de l’Advisory Opinion de la Cour Internatonale de Justice de La Haye en date du 25 février 2019. Cette résolution adoptée à une majorité écrasante à l’ONU somme les Anglais à évacuer sans condition cette partie du territoire mauricien, soit au plus tard le 22 novembre 2019.
Toutefois, une ultime recommandation attend encore d’être adoptée, soit le retait du membership de la Grande-Bretagne à l’Indian Ocean Tuna Commission vu qu’elle n’a plus de statut de Coastal State pour y faire partie. Jusqu’ici, Port-Louis a tenté en vain à chaque séance plénière d’obtenir un vote en conformité à la première recommandation du rapport A/74/834 d’Antonio Gutteres. Lors du précédent sommet, la représentation mauricienne a obtenu que cet item soit inscrit à l’agenda de la prochaine réunion pour un vote.
Mobilisation
Deux autres mesures préconisées par le secrétaire général des Nations unies, soit le changement de la désignation du British Indian Ocean Territory en Chagos Archipelago sur les cartes des Nations unies et l’inclusion des Chagos dans les « reports to treaty bodies » dans le cadre des Universal Periodic Reviews de l’Office of the United Nations High Commissioner for Human Rights, auraient déjà été complétées formellement.
En principe, Maurice doit compléter les procédures enclenchées avec une autre draft resolution sur l’archipel des Chagos pour compléter le processus de décolonisation. En raison de la pandémie de Covid-19, Maurice, avec le feu vert du secrétariat des Nations unies, « has taken the difficult decision to temporarily defer consideration of a draft resolution until such time as it will be possible for the General Assembly to hold in-person meetings. » Ce qui pourrait être le cas pour la prochaine séance de l’assemblée générale en septembre et octobre prochains.
Entre-temps, des parlementaires allemands ont pris l’initiative d’une mobilisation en faveur de Maurice au sujet de la souveraineté des Chagos. Ils ont profité de la décision des autorités allemandes de participer à un exercice militaire dans l’océan Indien et en mer de Chine Méridionale pour contrer les ambitions de Beijing pour se faire entendre. Ils ont sollicité le concours des membres de l’Assemblée nationale de Maurice pour protester auprès de l’Allemagne contre l’escale de la frégate allemande Bayern à Diego Garcia.
Protestant contre la participagtuion de la marine allemande à cet exerice militaire, ces membres du Bundestag notent qu’« il s’agit en réalité d’une démonstration de force militaire face à la Chine, qui rappelle les traditions malheureuses de la politique coloniale allemande. Nous affirmons en revanche, pour notre part, que la marine allemande ne devrait être présente militairement ni dans l’océan Indien ni dans la mer de Chine méridionale. Cette démonstration de force aventureuse de la frégate Bayern n’est pas compatible avec la mission de défense inscrite dans la Loi fondamentale allemande. »
Ces membres du groupe parlementaire Die Linke, qui font preuve d’une parfaite maîtrise de la realpolitik dans l’océan Indien, prennent également position contre le processus de militarisation de l’île du Nord à Agalega avec la construction piste d’atterrissage et d’autres installations susceptibles d’être transformée en une base pour des opérations militaires.
Affaire à suivre.