DOCUMENTS DÉTRUITS: « Un génocide culturel pour les descendants d’esclaves » écrit Sylvio Michel

Une centaine d’irréductibles sympathisants des Verts Fraternels ont marché ce matin du Tombeau Malartic au Champ-de-Mars jusqu’au Bureau du Premier ministre, en faisant en passant un sit-in devant le Mauritius Turf Club, l’Évêché de Port-Louis, le bâtiment Emmanuel Anquetil, qui abrite le Central Civil Status, la municipalité de Port-Louis. Leur but, faire pression pour la mise en oeuvre des recommandations du rapport de la Commission Justice et Vérité qui a été rendu public en novembre dernier. Une lettre a été remise au responsable de chacune des institutions précitées.
À l’Acting Registrar of Civil Status (État civil), le leader des Verts Fraternels (VF) reproche la façon dont des documents historiques relatifs aux descendants d’esclaves ont été manipulés et gardés, comme noté par la Commission Justice et Vérité (CJV). « Cet état de chose qui a cours depuis l’abolition de l’esclavage a et continue à avoir des effets dévastateurs sur la vie administrative, la vie socio-économique et socioculturelle des descendants d’esclaves de la République de Maurice, contribuant à leur pauvreté en masse, à des difficultés grandissantes, à des confiscations de leurs biens, à la perte de leurs droits constitutionnels et par-dessus tout, à la perte de leur identité, créant ainsi une seconde catégorie de citoyens, et ils deviennent ainsi la cible de stéréotypes et de clichés. Ces dommages représentent un génocide culturel pour les Mauriciens descendants d’esclaves » écrit Sylvio Michel.
L’accueil des descendants d’esclaves au bureau du Central Civil Status Office est aussi déploré.
« Nous demandons par conséquent que des mesures urgentes soient prises afin que les descendants d’esclaves recouvrent leurs droits comme tous les autres citoyens afin de bénéficier du soutien, des documents et des informations pour l’élaboration de leur arbre généalogique », poursuit le leader des VF dans sa lettre à l’Acting Registrar de l’État Civil.
Au Mauritius Turf Club (MTC), Sylvio Michel déplore que ce club hippique n’ait rien fait, durant les deux cents ans de son histoire, pour honorer la mémoire des esclaves qui pourtant ont travaillé pour l’élite qui l’a fondé. Les VF demandent au MTC : d’organiser une journée de courses pour le bénéfice des descendants d’esclaves ; une compensation représentant 2 % des revenus du club pour les descendants d’esclaves, comme recommandé par la CJV ; et la formation et l’embauche de descendants d’esclaves dans le club suivant la création de l’Equal Opportunity Commission.
Les VF s’indignent par ailleurs que la municipalité de Port-Louis ait honoré la mémoire du Colonel Edward Draper dans le cadre de la célébration du bicentenaire du MTC en donnant son nom à une rue. Il déplore le « manque de respect » de la municipalité envers la mémoire des descendants d’esclaves. Le Colonel Draper, avec Adrien d’Epinay, était parmi ceux qui ont empêché John Jeremy de débarquer dans l’île en 1832 pour enquêter sur les conditions des esclaves. « Nous demandons à la municipalité d’ériger un monument approprié pour honorer la mémoire des esclaves », écrit Sylvio Michel au Chief Executive de la municipalité.
Dans sa lettre à Mgr Maurice Piat, le leader des VF déplore « la destruction ou la non disponibilité des documents des archives du Diocèse pour une partie importante de la période de l’esclavage » et réclame d’autre part la mise en place « d’une structure plus appropriée pour l’accueil des personnes cherchant des documents aux archives diocésaines ».
Au Premier ministre, Sylvio Michel demande la mise en oeuvre du rapport de la CJV et déplore l’état et la difficulté d’accès aux documents d’archives et de l’état civil touchant à la période de l’esclavage.
« Nous sommes dans un cercle vicieux : d’un côté la CJV affirme que les descendants d’esclaves ne peuvent être identifiés dans notre société (NdlR : d’où la difficulté et le refus de leur accorder une compensation) et d’autre part, ils ne reçoivent aucune aide pour exercer leur droit à rechercher leur généalogie », fustige-t-il dans sa lettre à Navin Ramgoolam.
« Eu égard au combat que nous menons, les membres des VF n’accepteront pas le statut quo », prévient Sylvio Michel.

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