Droit à une pension : solidarité autour de Ras Natty Baby

Plusieurs artistes ont entouré Ras Natty Baby dans sa démarche en vue d’une grève de la faim. Le chanteur réclame une pension de la Mauritius Society of Authors (MASA), dont il est un membre fondateur, au même titre que d’autres, qui jouissent déjà de ce droit. Il a donné un délai – jusqu’à la fin de ce mois – à la société pour réagir, faute de quoi il mettra sa menace à exécution.

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Joseph Nicolas Émilien, de son nom d’artiste, Ras Natty Baby, se dit victime de discrimination. Il ne comprend pas pourquoi, à 68 ans, il se bat toujours pour obtenir une pension de la MASA, alors que certains bénéficient déjà de ce privilège. Il fait valoir qu’il est un membre fondateur de la société des droits d’auteur et qu’il contribue financièrement au Benevolent Fund de la MASA.

Suite à une lettre qu’il avait adressée au ministre des Arts et du Patrimoine culturel, Avinash Teeluck et au conseil d’administration de la MASA, le chanteur a eu des consultations avec les deux parties, récemment. « On m’a dit qu’on est en train de travailler sur un plan, mais cela fait huit ans que j’entends la même chanson. Je ne veux pas jouer au jeu de la carotte. Je veux que mes droits d’artistes soient respectés », fait-il comprendre.

Ras Natty Baby affirme ne pas se battre uniquement pour lui, mais pour tous ceux qui sont dans la même situation. Sans compter les artistes qui atteindront bientôt l’âge de 60 ans. « Le récent décès de Ras Mayul, qui n’a pu profiter d’une pension de la MASA, m’a fait réfléchir. Je me demande si je serai le prochain », dit-il.

Ras Natty Baby dit contribuer 7% de ses revenus en termes de droits d’auteur, au Benevolent Fund de la MASA et estime que sa revendication est légitime. « Il y a des personnes qui n’ont jamais contribué financièrement à la MASA mais qui ont droit à une pension sur une base émotionnelle. Je ne dis pas que ces personnes ne méritent pas, mais il ne faut pas qu’il y ait discrimination.»

Roshan Boolkah, connu comme DJ Master Krazy, invite ainsi la MASA à s’activer en vue de trouver une solution. « J’écoute Ras Natty Baby depuis que je suis enfant. C’est aberrant qu’un artiste de son calibre soit traité de la sorte. C’est aussi chagrinant que Ras Mayul soit décédé sans avoir bénéficié d’une pension de la MASA. C’est rabaissant qu’un artiste doive aller vers une grève de la faim pour avoir son dû» , fai-il comprendre. Il affirme également s’exprimer au nom de l’Union des Artistes, solidaire du chanteur.

Joyce Veerasamy se dit prêt à accompagner Ras Natty Baby dans sa grève de la faim. « Ce combat n’est pas un combat isolé. C’est un combat pour le respect des artistes et pour les générations à venir », ajoute-t-il.

Ras Natty Baby – qui s’envole pour La-Réunion aujourd’hui, où il donnera un concert – compte alerter l’opinion publique dans l’île sur le traitement réservé aux artistes à Maurice. « À La-Réunion comme en France, les gens me connaissent depuis longtemps. Il faut qu’ils sachent ce qui se passe ici», dit-il.

Le chanteur – qui est également un membre de la Société des Auteurs Compositeurs et Éditeurs de Musique (SACEM) de France – établit un parallèle entre le traitement reçu à ce niveau et la MASA. « La SACEM paie les droits d’auteur tous les mois. Depuis que j’ai eu 60 ans, j’ai aussi droit à une pension. Ce n’est pas grand-chose. La somme s’élève peut-être à Rs 20 000 par an, mais au moins, il y a la reconnaissance», concède-t-il.

À la MASA, la somme versée aux bénéficiaires par mois varie entre Rs 1 000 et Rs 2 500. « Nous ne savons pas quels sont les critères appliqués et comment on détermine la somme» , dénonce-t-il. L’artiste souhaite plus de professionnalisme à la MASA qui peine à progresser, en raison des pratiques de copinage.

Dans une récente déclaration au Mauricien, le président de la MASA, Gérard Louis, avait laissé entendre qu’un nouveau plan de retraite est en préparation; celui appliqué par le conseil d’administration en 2010 n’étant plus viable. « Le fonds est presque épuisé car on ne l’a pas fait fructifier et on ne sait pas sur quels critères on s’est basé pour rémunérer les membres », avait-il déclaré.

Soulignons également que la MASA est un organisme parapublic, opérant sous le ministère des Arts et du Patrimoine culturel. Son rôle consiste à collecter les droits d’auteur de ses membres – les artistes locaux – et des membres des sociétés étrangères, avec lesquelles elle a des contrats de réciprocité.

Un tarif est en effet appliqué pour l’utilisation des oeuvres des membres dans des activités commerciales. Ceux qui payent sont les radios, la télévision, les hôtels, les restaurants, les organisateurs de concerts, entre autres. Une nouvelle grille des tarifs vient d’ailleurs d’entrer en vigueur. La responsabilité de la MASA est de collecter cet argent et le redistribuer à ses membres et aux sociétés soeurs. Des frais administratifs sont prélevés pour ses opérations.

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