La SEN Employees Association invite à une décision politique pour assurer la sécurité d’emploi
Le secteur des Special Education Needs (SEN) a été réorganisé depuis quelques années, avec notamment la mise sur pied de la Special Education Needs Authority (SENA). Cette autorité agit comme régulateur du secteur, assure la formation, procède au paiement des salaires et, depuis peu, recrute également le personnel pour les écoles SEN. Toutefois, des éducateurs et Carers travaillant dans des unités gérées par le gouvernement dénoncent l’absence d’un contrat de travail et de Payslip. Une situation qui dure depuis des années.
La Special Education Needs Employees Association (SENEA) est un nouveau syndicat mis sur pied pour défendre les droits des travailleurs du secteur de l’éducation spécialisée. En dépit de grandes avancées dans ce domaine, notamment avec la création de la SENA, des anomalies perdurent, déplore Krish Sunnassy, le conseiller technique. « Avec le Remuneration Order publié récemment, le personnel est mieux considéré et a droit à un salaire décent. C’est un grand progrès. Toutefois, pour le personnel des écoles publiques, il y a encore des problèmes à régler », s’étonne-t-il.
Il explique que dans le paysage de l’éducation spécialisée, il y a des écoles gérées par des ONG et d’autres par le Service diocésain de l’éducation catholique (SeDEC), tandis que le gouvernement a intégré des unités SEN dans des écoles primaires. « À ce jour, le personnel des écoles publiques n’a ni de contrat de travail, ni de Payslip. Ce qui veut dire que ces employés, particulièrement des femmes, n’ont pas de sécurité d’emploi. Nous avons soulevé la question avec la SENA, ainsi que le ministère de l’Éducation. Ils ont pris l’engagement que le problème sera réglé. Nous espérons que cela se fera dans un proche avenir », dit-il.
Ces éducateurs et Carers comptent pourtant de nombreuses années de service. Leurs différentes démarches pour régulariser leur situation ont été vaines jusqu’ici. « Auparavant, le personnel était sous la responsabilité de la Parent Teachers Association de chaque école. Les autorités leur versaient l’argent pour le paiement des salaires. Depuis peu, c’est la SENA qui verse les salaires directement. C’est une très bonne chose. Mais pour la sécurité d’emploi, il faut aussi une Policy Decision. Ces personnes doivent être employées. Certaines comptent une dizaine d’années de service », ajoute-t-il.
Cette situation prive également le personnel du salaire minimum vital. « Le personnel des écoles publiques n’ont pas droit à la CSG Income Allowance. Tant que leur situation ne sera pas régularisée, ils seront toujours pénalisés. D’où notre appel pour régler le problème au plus vite. »
Krish Sunnassy soulève aussi un problème de Back Pay. Il fait un appel au ministère des Finances afin que la SENA ait les ressources nécessaires et que les travailleurs SEN du secteur public soient sur un pied d’égalité avec ceux du privé. À ce sujet, il dénonce certains managers « malhonnêtes » d’écoles privées, qui ont mis des employés à la porte pour les remplacer par leurs proches. « Quand le gouvernement est venu avec le RO pour le secteur SEN, permettant ainsi aux employés d’avoir un salaire convenable, des managers ont voulu en faire profiter leurs proches », dénonce-t-il.
Selon lui, des personnes qui travaillaient dans leurs écoles depuis longtemps ont été remplacées par des proches des managers. « C’est un abus des fonds publics. Le ministère de l’Éducation doit accorder une attention particulière à ce genre de cas. La majorité des managers fait bien son travail, mais quelques-uns sont malhonnêtes. »
Le syndicat attire également l’attention sur l’aspect Health and Safety dans les écoles SEN. « C’est un travail difficile; le personnel doit gérer des enfants ayant des problèmes de santé mentale et des handicaps physiques. Cela demande beaucoup d’efforts. Et il faut aussi penser à leur bien-être. »
Krish Sunnassy souligne que le ministère du Travail a également été saisi de cette situation, avec des plaintes logées par des membres du personnel des écoles publiques.
Toujours rien pour les Heads of Schools
Le Remuneration Order pour le secteur SEN a été publié en mars de cette année. Pour la première fois, le personnel de ce secteur a droit à un cadre légal. Un éducateur possédant un Teacher’s Diploma (SEN) du Mauritius Institute of Education (MIE) a ainsi dorénavant droit à un salaire de Rs 25 500 à sa première année de service. Le Teacher Assistant touche Rs 22 300 au début de sa carrière. Quant au Carer, il débute avec Rs 18 755.
Toutefois, ce RO comporte une anomalie, puisque rien n’a été prévu pour les Heads of School. Si certains, parmi eux, sont des responsables d’ONG, qui bénéficient aussi d’un financement de la Sécurité sociale, d’autres, eux, sont de simples employés. La situation est telle qu’avec les ajustements par rapport aux années de service, on s’est retrouvé dans une situation où des Carers ont des salaires plus élevés que leurs Heads of School. Une situation incompréhensible que la SENA n’est toujours pas parvenue à régler à ce jour.
Soulignons que la majorité des personnes travaillant dans ce secteur sont des femmes.
Le transfert des élèves de l’écoleLoïs Lagesse contesté
Les parents dont les enfants fréquentent le Loïs Lagesse Trust Fund – School for the Blind font bloc contre une décision de la SENA. Pendant les vacances du deuxième trimestre, ils ont en effet été avisés que les enfants seront transférés dans une unité intégrée à l’école Henry Buswell, à Rose-Hill. Or, les parents ont fait valoir que leurs enfants, qui ont des déficiences visuelles, ont déjà leurs repères à l’école Loïs Lagesse. Les transférer dans un nouvel environnement voudrait dire restreindre leurs mouvements. Sans compter que leur sécurité peut même être à risque.
Si, pour le moment, les enfants ont pu rester dans leur ancienne école, les parents ne sont pas rassurés pour autant. Car il se chuchote que le gouvernement aurait d’autres projets dans le bâtiment. Du coup, ceux qui gèrent la bibliothèque parlante Jacques Cantin Talking Book sont aussi dans le doute. Ils ne savent s’ils seront appelés à partir également.