Éducation : La reprise des Online Courses suppléant aux jours chômés fait débat

Les étudiants, que ce soit du pré-primaire au tertiaire en passant par ceux engagés dans la filière technique, ont eu droit à un quatrième jour de congé hier. Et cela, depuis la rentrée scolaire du 10 janvier. Cette situation amène à réfléchir sur la nécessité de réintroduire les cours en ligne, les jours où les classes ne peuvent se faire en présentiel. Le seul hic est que cette option a été mise au placard depuis que la reprise normale des classes après la levée des restrictions sanitaires liées à la pandémie du Covid-19. S’attend-on à une prochaine catastrophe pour relancer l’online teaching?, s’interroge-t-on dans le milieu de l’Education.

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L’avertissement des pluies torrentielles, émis par la station Météo de Vacoas au terme du système d’alertes, a une fois de plus joué aux trouble-fêtes en cette troisième semaine de l’année scolaire 2023. Après un jour de congé forcé le jour même de la rentrée, deux autres jours la semaine dernière, nous voilà à un quatrième jour de congé. Encore heureux que plusieurs congés publics tombent pendant le week-end en ce début d’année, autrement, il aurait fallu ajouter encore quatre jours de congé au premier trimestre scolaire.

Cette situation pousse à réfléchir sur les dispositions à prendre, surtout qu’avec le changement climatique, les pluies torrentielles s’annoncent encore plus fréquentes. Sans compter le potentiel de perturbations climatiques en cette période cyclonique. La question de reprise des cours en ligne est relancée ces jours-ci. Principalement parmi les parents qui sont inquiets, étant donné que leurs enfants ont déjà perdu beaucoup dans le sillage de la pandémie du Covid-19.

Sollicité à ce sujet, Sooryadanand Meetooa, membre exécutif de l’Education Officers Union (EOU) est d’avis que la reprise des cours en ligne pourrait être une démarche positive dans certaines situations, mais imposerait une organisation à toutes épreuves.
« Nous avons tous à cœur l’intérêt des enfants et entreprendre des cours en ligne les jours de pluie torrentielle ne serait pas un problème. Toutefois, il y a certains aspects à régler, compte tenu des expériences du passé. À commencer par la connectivité. Déjà que nous avions dû à faire face à de multiples problèmes au niveau de la connectivité la dernière fois, cela risque de s’aggraver les jours de pluie »,fait-il ressortir.

Ce pédagogue est aussi d’avis qu’il faudra une bonne préparation sur les modalités de l’enseignement en ligne et qu’il faut renforcer les capacités des enseignants aussi bien que des étudiants. La disponibilité des outils informatiques, tant pour les enseignants que pour les élèves demeure également un problème. Il rappelle que le syndicat avait suggéré l’octroi d’un Grant aux enseignants pour l’achat d’outils informatiques, mais que cela a été ignoré par le Pay Research Bureau (PRB).

Pour les élèves, la Sécurité sociale devrait poursuivre son enquête pour voir combien d’enfants n’ont pas accès à des outils informatiques et de connexion. « Cela ne peut se faire du jour au lendemain. Il faut corriger les lacunes du passé et surtout, avoir une autorité pour assurer le monitoring. De même, toutes les conditions climatiques ne sont pas favorables à la tenue des cours en ligne. Par exemple, s’il y a un cyclone de classe 4, je ne crois pas que nous puissions animer les coiurs sous l’Online Teaching », dit-il.
Cet avis est partagé par Arvind Bhojun, président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE) qui souligne que l’aspect sécurité demeure prioritaire en période cyclonique. Il précise qu’il ne faudrait pas attendre une autre situation d’urgence pour recourir aux cours en ligne dans la précipitation.

« La question de relancer les cours en ligne revient effectivement dans l’actualité depuis quelques jours, mais cela doit être bien planifié. Qu’a-t-on fait depuis pour améliorer le système ? Il faut surtout s’intéresser aux obstacles rencontrés pendant la pandémie, comme le manque de moyens de certains élèves et les aider », précise-t-il.
De même, ajoute Arvind Bhojun, il faudrait un système standardisé car jusqu’ici, chacun a fait comme il peut. « Sans compter qu’il n’y a eu aucun droit de regard sur le travail effectué. Il faudrait une plateforme avec les mêmes facilités pour tous. Les parents pourraient également suivre ce que font leurs enfants », propose-t-il.

Toutefois, fait ressortir le président de l’UPSEE, il y a d’autres contraintes en ce premier trimestre. Tous les manuels ne sont pas encore disponibles. « Des enfants viennent à l’école sans livres. Soit il n’y en a pas sur le marché, soit les parents n’en ont pas encore acheté. Il faut savoir qu’il y a des parents qui n’ont pas les moyens d’acheter tous les manuels. Ils attendent peut-être la fin du mois pour acheter une autre partie. Dans ce cas, comment faire les cours en ligne ? » rappelle-t-il.

Pour cette raison, il est d’avis qu’il faudrait avoir des versions numériques de tous les manuels. Soulignons également que le ministère de l’Éducation a mis en place un Student Support Portal, pour les élèves de grades 7 à 9. On y trouve des leçons en vidéo pour différentes matières.


Le primaire déjà prêt

Pendant la pandémie de Covid-19, les élèves du primaire avaient droit aux cours à la télévision. Ces cours sont toujours disponibles et pourraient être réadaptés. C’est ce que pense Vishal Baujeet, président de la Government Teachers’ Union (GTU). Il estime qu’il est important que les enfants restent connectés avec leurs études quand ils ne peuvent se rendre à l’école.

« Il y a eu un certain nombre de cours qui avaient été enregistrés et diffusés à la télévision pendant la fermeture des classes due au Covid-19. Peut-être qu’avec un Fine Tuning, on peut rediffuser ces cours », avance le président de la GTU.
Il rappelle que par le passé, il y avait des émissions, animées par le Mauritius College of the Air, chaque après-midi et qui étaient suivis par des étudiants. Le même système pourrait être appliqué en période de fortes pluies. « C’est vrai que nous n’avons aucun contrôle sur le temps, mais si en concertation avec la météo le ministère peut déjà savoir qu’il y a des risques pour certains jours et prendre les dispositions nécessaires… », dit-il.

Vishal Baujeet est d’avis que les parents pourraient également apporter leur collaboration, en encadrant les enfants à la maison, lors de la diffusion de ces cours. De même, la Sécurité sociale devrait également faire un relevé des familles en difficultés afin de s’assurer que tous les écoliers aient les moyens de suivre ces cours en ligne.

Les leçons particulières se poursuivent

Pour certains enseignants, les jours de pluies torrentielles ne sont pas synonymes de repos. Du moins, en ce qu’il s’agit de leçons particulières. Ils ont été nombreux hier, comme les jours précédents, à donner leurs cours en ligne. Une initiative appréciée tant par les parents que par les élèves, surtout ceux qui ont des enjeux majeurs à la fin de la présente année scolaire. Certains ont même mis les bouchées doubles et ont donné des cours pendant une demi-journée…


Le ministère enclenche les procédures

Le ministère de l’Éducation a pris la décision de réorganiser les cours en ligne, en raison du mauvais temps qui perdure. Les chefs d’établissement ont ainsi reçu pour instructions hier, de mettre à jour les données des étudiants et de s’arranger pour que les élèves de grade 9 soient aussi connectés au logiciel Office 365. Il n’y a rien de concret pour l’heure au sujet des modalités de ces cours, ni quand ils débuteront. Toujours est-il que le ministère veut remettre le dossier à jour, afin que tout soit prêt lorsqu’il faudra relancer les cours en ligne.

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