Éducation préscolaire gratuite : La CTSP favorable à l’annonce du PM

« Les institutrices de maternelles sont très happy de cette annonce », dit Reeaz Chuttoo

La Confédération des Travailleurs du Secteur Privé (CTSP) accueille favorablement l’annonce faite par le Premier ministre dans son message à la nation à l’occasion de la fête nationale à l’effet qu’une formule de Gant-in-Aid sera mise en place dans le but de rendre l’éducation préscolaire gratuite dès la rentrée 2024.

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Cette confédération syndicale, qui défend les intérêts des institutrices d’écoles maternelles, estime qu’une telle mesure mettra non seulement fin au travail précaire dans ce secteur, mais aidera en même temps à un rehaussement de la qualité de l’enseignement prodigué dans certaines de ces écoles.

« Les employées du préscolaire privé sont très happy par l’annonce faite par le Premier ministre dans son message à la nation. Il faut dire que beaucoup de ces employées sont sous-payées, alors que les conditions d’emploi sont très précaires. Il convient juste de savoir que, par exemple, la dernière révision du Remuneration Order dans ce secteur remonte à bien plus de 10 ans », fait ressortir Reeaz Chuttoo, négociateur de la CTSP.

Le syndicaliste souligne que l’un des objectifs des Nations Unies pour le développement soutenable porte justement sur le principe d’un salaire décent pour un travail de valeur équitable. Or, dit-il, les salaires dans le préscolaire privé varient largement d’un établissement à l’autre.

S’il reconnaît que c’est, parfois, une question de qualifications des institutrices, Reeaz Chuttoo fait remarquer que, souvent, des gérantes de maternelles préfèrent recruter du personnel sous-qualifié pour mieux l’exploiter.

« Il est évident que quand l’État subventionnera des établissements préscolaires, il imposera ses conditions tant en termes d’équipements et de bâtiments qu’en matière de qualité de l’enseignement offert. Les institutrices en poste devraient, ainsi, pouvoir obtenir des possibilités de formation qui existent déjà, notamment, au niveau du Mauritius Institute of Education (MIE) », indique le syndicaliste.

Répondant aux critiques à l’effet que subventionner l’enseignement préscolaire équivaudrait aussi à subventionner les écoles pour riches, Reeaz Chuttoo cite les exemples de l’enseignement secondaire et universitaire. « Nous savons tous que depuis 1977, l’éducation secondaire est gratuite. Mais cela n’empêche pas pour autant l’existence d’établissements secondaires payants, à l’instar des lycées français ou des institutions comme le Bocage où des personnes ayant les moyens scolarisent leurs enfants », précise-t-il.

Il en est de même, dit le syndicaliste, pour l’enseignement universitaire : il est gratuit pour les établissements publics comme l’Université de Maurice ou l’University of Technology of Mauritius (UTM), mais payant pour les universités privées comme le Charles Telfair Institute (CTI) et autres. Donc, selon Reeaz Chuttoo, il n’existe a priori aucune crainte que l’argent public serve à financer la formation de ceux qui peuvent se la payer.

Reeaz Chuttoo s’élève, de la même manière, contre toute idée de ciblage de la gratuité de l’éducation précolaire gratuite. Il estime, d’abord, que dans un pays avec un secteur informel aussi étendu, toute idée de targetting se ferait, avant tout, au détriment des salariés du privé et du public dont les revenus sont strictement contrôlés par la Mauritius Revenue Authority (MRA), contrairement aux self-employed.

« Si l’on veut vraiment que les plus riches ne profitent pas autant du welfare state que les plus pauvres, pourquoi alors ne pas imposer une taxe sur la fortune ? Ou augmenter le taux d’imposition de l’impôt sur le revenu pour tous ceux qui touchent beaucoup plus ? », se demande Reeaz Chuttoo.

Il dit constater, en passant, que ceux-là mêmes qui se disent partisans d’un ciblage de l’aide sociale ne sont pas particulièrement partisans d’un ciblage semblable des entreprises les plus mal en point quand il s’agit de subventions gouvernementales à des entreprises… « Ce sont souvent les plus grandes entreprises les plus profitables qui se taillent la part du lion ! », fait-il remarquer.

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