ÉDUCATION — Quand aller à l’école devient un « combat »

Si vous êtes élèves au Collège du Saint-Esprit de Rivière-Noire et que vous n’habitez pas la localité, votre trajet vers cet établissement secondaire peut se révéler être un parcours du combattant. Rencontre avec le recteur Patrick Antonio, qui parle de cette barrière au bon travail …
Le « décalage social » fait partie d’une terminologie qui sert, dans de nombreux débats, à étayer la thèse que certaines localités – plus urbaines, plus centrales, mieux loties – soient privilégiées à l’encontre de certaines zones excentrées. Paranoïa ? Imaginaire collectif ? Ou syndrome de victime ? Le Mauricien s’est rendu au Collège du Saint-Esprit (CSE) de Rivière-Noire, histoire de tâter le pouls de la région, en particulier l’accès à l’éducation. Ce qu’on peut en retenir : s’il ne s’agit pas là de « décalage social » à proprement dire, c’est qu’on s’en approche…
Patrick Antonio, recteur du CSE de Rivière-Noire, n’hésite pas à parler de « mépris ». Les élèves se voient refuser l’accès aux autobus individuels qui sont les seuls à desservir la région. « Ils refusent de prendre nos élèves […] Il se passe la même chose que lorsque le transport gratuit venait d’entrer en vigueur. Les personnes âgées et les jeunes se voyaient refuser l’accès par les receveurs. Alors que ceux-là n’hésitent pas à toucher la subvention du gouvernement ».
Une correspondance a été envoyée à la National Transport Authority (NTA). Les numéros d’enregistrement des receveurs ont été dûment rapportés. Dans une réponse datée du 28 juin, la NTA a informé que Patrick Antonio sera bientôt convié à « déposer devant le board ».
Lorsque les autobus obtempèrent, ce sont les irrégularités logistiques qui minent le « bon fonctionnement de l’école ». Anecdote récente : « lundi d’avant, les élèves de Bambous n’ont pas eu de bus. Ils ont été contraints de marcher vers un autre arrêt. Certains sont alors arrivés en retard. D’autres, découragés, sont rentrés chez eux. » Les retards font ainsi partie intégrante de la routine du CSE de Rivière-Noire.
Patrick Antonio, récemment nommé recteur du collège, intervient surtout en tant que pédagogue. « Pourquoi tant de barrières à l’éducation ? Il ne peut y avoir de deterrent pour venir à l’école ! Comment motiver les enfants à s’y rendre ? » Et d’attribuer ce cas de figure au « mépris de la région ». Pourtant, « le coin connaît des développements, mais les jeunes n’ont pas de chances égales… Comment booster leur estime de soi quand on sait qu’ils se font refuser l’accès aux bus. » Il reste néanmoins optimiste sur la question en soutenant : « heureusement que la NTA s’est engagée à régler le problème ». Problème qui persiste depuis « toujours dans la région ».
En attendant, relevons une incohérence : deux bus desservent, matin et après-midi, le SSS La Gaulette qui accueille moins d’élèves que le CSE de Rivière-Noire.
Des améliorations sont toutefois notées dans l’environnement immédiat du CSE de Rivière-Noire. Le recteur salue ainsi la promptitude de la Traffic Management and Road Safety Unit qui, dans une lettre en date du 10 août, approuve les recommandations de l’administration concernant des dangers à proximité. Cette unité s’engage d’ailleurs à prendre des mesures pour décourager les excès de vitesse – qui sont fréquents – et à construire un trottoir sur le pont qu’empruntent les élèves. Selon Patrick Antonio, « les surveys ont déjà commencé ».

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