L’Union of Private Secondary Educators Employees (UPSEE) regrette la fermeture de certains collèges par manque d’élèves, mais félicite les autorités pour la sanction contre les collèges Mauritius. Le syndicat indique que les relations industrielles dans ces deux collèges de Curepipe étaient en nette détérioration depuis 2017. Au sujet de la baisse du nombre d’élèves dans les collèges privés, l’UPSEE invite les autorités à revoir le système, dont la manière dont le Mauritius Examinations Syndicate (MES) octroie des collèges aux candidats du Primary School Achievement Certificate (PSAC).
La décision de la Private Secondary Education Authority (PSEA) de mettre un terme au versement de la subvention à cinq collèges à partir de 2024 nécessitera le redéploiement de 900 élèves, 144 enseignants et 68 membres du personnel non enseignant. L’UPSEE fait ressortir que la fermeture d’un collège est toujours triste, surtout si cela est dû à un manque d’élèves.
Arvind Bhojun, le président, rappelle que les collèges privés représentent une contribution conséquente dans le secteur de l’éducation à Maurice. « Grâce à eux, beaucoup d’enseignants ont pu avoir de carrière, et des élèves, un avenir », fait-il comprendre. Toutefois, lorsque l’environnement d’un collège n’est plus propice à l’éducation et à l’épanouissement des élèves, et que les relations industrielles sont tendues, comme c’était le cas au Mauritius College, il est tout à fait normal que les autorités interviennent, précise-t-il.
« Ce qui s’est passé au Collège Mauritius doit servir d’exemple à certains managers. Il y a une minorité qui  n’agit pas dans l’intérêt des élèves et du personnel. À ceux-là, nous ne ferons pas de cadeau », affirme-t-il.
En revanche, il reconnaît les efforts de ceux qui investissent gros pour améliorer les conditions pour les élèves et le personnel. « Nous sommes prêts à collaborer dans ces conditions. C’est pour cela nous lançons un appel aux autorités pour revoir le système. Autrement, même les collèges de très bonne réputation devront fermer leurs portes à l’avenir, faute d’avoir suffisamment d’élèves », déclare-t-il.
Arvind Bhojun ajoute que le système doit être équitable. Il invite ainsi le Mauritius Examinations Syndicate (MES) à revoir la manière dont les collèges sont alloués aux candidats du PSAC, afin que les collèges privés ne soient pas lésés. « Souvent, des parents refusent les collèges attribués à leurs enfants parce que c’est trop loin », reconnaît-il. De même, il souhaite que le critère de 150 élèves minimum soit appliqué de manière uniforme pour tous. « Il y a bien des collèges d’État qui opèrent avec moins de 150 élèves. Pourquoi ne pas donner les mêmes opportunités aux collèges privés qui sont en train de bien faire ? »dénonce-t-il.
Il a aussi lancé un appel aux managers des collèges privés à se réinventer pour faire face à la rude compétition dans ce secteur. « L’État doit également leur donner des facilités. Autrement, ce sera très difficile », propose-t-il. De même, poursuit-il, il faut s’assurer que la PSEA dispose des compétences pour gérer ce secteur. « Il y a beaucoup d’officiers qui sont en train de faire un bon travail, mais il y a également des brebis galeuses. Il faut aussi mettre de l’ordre à la PSEA », prévient-il.
Bhojeparsad Jugdambi, président sortant et conseiller de l’UPSEE, est revenu sur les relations industrielles tendues au Mauritius College depuis 2017. « Depuis que nous avons pris la direction de l’UPSEE, en 2018, nous avons tout fait pour trouver des solutions. Malheureusement, tout ce que nous avons eu en retour, ce sont des menaces, des intimidations et des mises en demeure. La situation était tellement toxique que certains membres du personnel sont tombés malades. Des élèves ont été transférés sans que leurs parents ne soient mis au courant et beaucoup d’enseignants ont vu leurs contrats résiliés »,fait-il ressortir.
L’UPSEE estime que la sanction contre le Mauritius College est un signal fort et il félicite la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, pour cette décision courageuse, de même que le personnel, qui n’a pas baissé les bras « et a bravé la dictature ».
Munso Korimbacus a déploré le fait que des managers continuent d’abuser de leur autorité. Il a dénoncé la situation dans un collège du Nord, où le personnel est obligé à contribuer à de grosses sommes pour l’anniversaire du recteur ou du manager. Ou encore ces collèges où la contribution à la PTA s’élève à Rs 1 200 et où on refuse de distribuer les manuels gratuits offerts par l’État aux élèves tant que les parents ne règlent pas cette somme.
Dain Jahajeeah a témoigné des relations industrielles difficiles au sein du Mauritius College, où il a travaillé pendant des années. Lui-même a dû être redéployé par la PSEA après son élection au sein de l’exécutif de l’UPSEE, car la direction du collège l’écartant du programme de travail. Du coup, il est devenu Redundant.
Par ailleurs, l’UPSEE a une nouvelle fois invité les autorités à revoir sa décision concernant l’obligation de détenir un PGCE pour enseigner au secondaire. Cette réglementation a provoqué un gros manque d’enseignants dans les collèges cette année, et la situation risque de se répéter l’année prochaine. Un moratoire de trois ans est ainsi réclamé.
——————————
Agalega et Rodrigues
L’UPSEE, qui compte des membres à Agalega et à Rodrigues, a tenu à attirer l’attention sur deux situations préoccupantes dans ces îles de la République. A Agalega, il n’y a que quatre enseignants – au lieu de six comme requis – depuis 2017, dit-il. Des quatre, trois sont sur une base temporaire.
« Du coup, ces enseignants n’ont pas de disturbance allowance pendant les vacances, ni de Vacation Leave et autres avantages prévus dans leur situation. Nous faisons un appel aux autorités concernées afin que ces trois personnes soient confirmées à leur poste », déclare Arvind Bhojun, ajoutant ces enseignants se voient contraints de travailler 45 périodes par semaine, et on a même dû mélanger les classes, faute d’enseignants.
« Même si avec les nouveaux règlements on estime que ces enseignants n’ont pas les qualifications demandées, on aurait pu les considérer pour service rendu à la population. Car s’il n’y a que quatre enseignants actuellement à Agalega, c’est parce que personne ne veut y aller. »
À Rodrigues, la situation est différente. L’UPSEE dénonce le fait que les autorités veulent y appliquer le Performance Management System sans avoir formé les enseignants au préalable.
De plus, avec l’obligation de détenir un PGCE, les enseignants rodriguais sont très inquiets, car cette formation n’est pas disponible dans l’île. Un appel est ainsi lancé au MIE afin que les Rodriguais puissent également suivre des cours de PGCE dans l’île.
————————————
Soutien à Yogita Baboo
L’UPSEE a tenu à exprimer sa solidarité envers Yogita Baboo, présidente de l’Air Mauritius Cabin Crew Association, licenciée récemment. Selon Arvind Bhojun, « la lutte syndicale se fait dans la solidarité ». Le syndicat regroupant le personnel des collèges privés soutiendra ainsi toutes les actions en faveur de sa réintégration.

                                    