Éducation | SEN — Écoles spécialisées : les Ong dans l’impasse avec un couteau à double tranchant

Sans financement de la NSIF, elles ne savent comment gérer toutes les dépenses ou encore offrir à leur personnel les avantages découlant du RO

La publication d’un Remuneration Order (RO) pour les Special Education Needs (SEN) Schools cette année a été accueillie favorablement. Toutefois, les Organisations non gouvernementales (Ong) gérant les écoles spécialisées se retrouvent aujourd’hui devant un dilemme : comment offrir tous les avantages proposés, alors qu’elles ne réalisent pas de profits ? De plus, elles n’ont plus de financement de la National Social Inclusion Foundation (NSIF). Un couteau à double tranchant. La Special Education Needs Authority (SENA) affirme être au courant du problème et que des solutions sont à l’étude.

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En mars de cette année, le National Remuneration Board a émis le premier RO pour le secteur SEN. Outre le salaire, qui était à cette époque entre Rs 25 500 et Rs 29 550 et qui a été revu de Rs 28 425 à Rs 32 475, dans le contexte de la relativité salariale, pour un éducateur, il y a également d’autres avantages. Soit un Vacation Leave à l’étranger chaque cinq ans, une allocation de Rs 3 500 pour des lunettes ou des lentilles, ainsi qu’un check-up médical chaque année.

Pour ce qui est des salaires, la SENA qui s’en occupe. Les fonds sont versés aux Ong, qui procèdent au paiement. Certains se posent tout de même la question : qui doit émettre le Payslip ? L’Ong ou la SENA ? Un directeur d’une école indique : « si l’argent vient de la SENA, c’est à elle de donner le Payslip, et pas nous. » D’ailleurs, dit-il, dans d’autres secteurs, comme le secondaire ou le préscolaire, c’est la PSEA et l’ECCEA, respectivement, qui octroient le Payslip, même si les collèges et écoles sont privés.

Mais un autre problème a surgi depuis quelque temps. Percevoir un salaire, implique aussi de payer la CSG et de contribuer au Portable Retirement Gratuity Fund. Or, valeur du jour, c’est un peu le flou. « Nous avons soulevé ce problème avec la SENA et, depuis peu, ils ont commencé à payer la CSG et la NSF. Mais qui va contribuer aux 4,5% du salaire au PRFG ? Nous sommes des Ong, nous offrons un service, nous ne sommes pas des Profit-Making Organisations. En même temps, nos éducateurs et Carers ne peuvent être pénalisés. »

Les difficultés ne s’arrêtent pas là. Les Ong se demandent comment elles feront pour payer les Vacation Leaves et autres avantages du RO. « J’ai des employés qui m’apportent leurs factures pour leurs lunettes ou d’autres, et qui demandent quand ils pourront bénéficier de leurs Vacation Leaves. Où allons-nous trouver ces fonds ? Le NRB a fait un RO, c’est très bien, mais il fallait également prévoir comment financer tout ce qui a été intégré. »

De plus, ajoute-t-on, depuis le début de la présente année financière, la NSIF ne finance plus les écoles spécialisées gérées par les Ong. « Auparavant, nous avions une aide financière de la NSIF pour nous permettre de compléter nos dépenses. Mais depuis juillet dernier, il nous a été dit que nous n’aurons plus de financement, étant donné que c’est la SENA qui s’occupe de nos écoles. Du coup, nous nous retrouvons avec des dépenses sur les bras et nous ne savons comment faire », se demande-t-on.

Les responsables des écoles spécialisées font ressortir que même si l’enveloppe de la SENA a augmenté dans le présent budget, leur Grant-in-Aid n’a pas connu de révision à la hausse. En revanche, précisent-ils, la NSIF continue de financer les ateliers et le service Early Intervention. Toutefois, les Ong doivent trouver les moyens pour assurer le service paramédical. « Le RO ne fait pas provision pour le personnel paramédical, comme les orthophonistes et les psychomotriciens. Ce sont des professionnels que nous devons payer à part. Dans les Resource Centres du gouvernement, il y a ces spécialistes, mais ils interviennent uniquement auprès des enfants fréquentant ces centres », fait-on ressortir.

Sans compter, poursuivent ces derniers, que le RO n’a pas fait provision pour les Heads of Schools/Managers, qui ne bénéficient que d’un montant de Rs 13 400 de la SENA sur leurs salaires. « Nous nous retrouvons aujourd’hui dans une situation où nos éducateurs ont trois fois plus d’argent que nous. » Ils ajoutent que l’absence de ce poste dans le RO implique également qu’ils n’ont droit à aucun avantage. « Nous avons écrit au ministère des Finances à ce sujet. Nous en avons discuté avec la SENA, mais il n’y a rien à ce jour », regrette-t-on.

Ces responsables d’Ong affirment qu’ils vont se concerter dans les jours à venir pour décider de la marche à suivre. « Nous sommes dans le flou total. Nous ne pourrons plus continuer à opérer dans ces conditions. »

45 écoles spécialisées gérées par des Ong, comprenant 600 employés. Huit écoles (ex-Apeim) opèrent sous le SeDEC. Le gouvernement compte sept Resource Centres et 13 unités intégrées aux écoles primaires, dont deux à Rodrigues.

ARVIN AUTHELSINGH (DIRECTEUR DE LA SENA) : « Nous cherchons des solutions »

Le directeur de la SENA, Arvin Authelsingh, affirme être au courant des difficultés rencontrées par les Ong. Il précise que le RO a été obtenu après une longue bataille et que la SENA a même donné un délai de trois ans au personnel pour se former afin de répondre aux nouvelles exigences.

« Nous nous sommes également assurés que les personnes qui travaillaient depuis longtemps dans des écoles spécialisées ne soient pas remplacées, pour bénéficier des nouveaux salaires. Aujourd’hui, un éducateur SEN touche plus qu’un instituteur. C’est une reconnaissance pour le travail qu’il fait, qui est beaucoup plus exigeant », dit-il.

Au sujet des avantages prévus dans le RO, il affirme être en discussions avec le ministère des Finances. « Les responsables d’Ong m’ont fait comprendre qu’ils n’étaient pas en mesure de payer les Vacation Leaves. Nous en avons discuté avec le ministère des Finances, ainsi que pour les lunettes. Nous cherchons des solutions. » Il ajoute que pour les Vacation Leaves, un protocole sera appliqué. « Nous y travaillons. Il faut une bonne planification pour gérer quand et comment les employés peuvent partir en vacances sans que le service de l’école ne soit affecté. »

Pour le PRGF, Arvin Authelsing indique qu’une solution a été trouvée et que c’est le SENA qui en assurera la responsabilité. Il précise que l’autorité paie déjà la CSG et le NSF. En revanche, pour ce qui est du Payslip, il est d’avis que c’est aux Ong de faire le nécessaire. « La SENA est un paying agent; nous ne sommes pas un employeur. C’est l’Ong qui est l’employeur. »

En ce qui concerne les dépenses suivant la suspension de l’aide financière de la NSIF, il fait ressortir que les Ong ont également droit à un Grant-in-Aid prévu pour les opérations. « La NSIF donnait un top-up pour les salaires, mais étant donné que la SENA prend tout en charge, elle a arrêté le financement. Toutefois, la NSIF finance toujours les projets. »

Arvin Authelsing affirme être en contact avec le ministère de l’Éducation pour trouver une solution à la situation des Heads of Schools/Managers. « Ils ne figurent pas dans le RO, mais nous cherchons quand même des solutions. » En revanche, il invite les responsables des Ong à jouer également franc-jeu et à ne pas remplacer des membres du personnel par des membres de leurs familles.

Par ailleurs, il indique que l’évaluation des écoles est en cours. Après quoi, l’enregistrement pour la prochaine année scolaire sera octroyé. Ceux qui ne respectent pas les normes en vigueur auront un enregistrement temporaire, en attendant de prendre les dispositions nécessaires.

AJAY SOWDAGAR : « La NSIF se concentre sur les Day Care Centres »

Le secrétaire général de la NSIF, Ajay Sowdagar, confirme que la fondation ne finance plus les écoles spécialisées. Il explique que cette décision a été prise pour la présente année financière, étant donné que c’est la SENA qui s’occupe dorénavant de ces écoles.

« Par le passé, nous avions offert un financement aux écoles spécialisées en guise de top-up. Toutefois, dans le dernier budget, l’enveloppe de la SENA a été augmentée à hauteur de Rs 300 M. Le board a donc décidé de ne plus financer les SEN Schools, étant donné que la SENA avait les moyens pour cela »,  confirme-t-il.

Il précise que la NSIF reconnaît le travail effectué par les Ong et que c’est pour cela qu’elle continue à financer les Day Care Centres. « Après 20 ans, les bénéficiaires des Ong ne sont plus pris en charge par la SENA. En même temps, on ne peut les laisser tomber. Il y a des ateliers et autres activités que les Ong ont mis en place pour eux. Nous avons donc décidé de nous concentrer sur ces Day Care Centres, étant donné que les écoles étaient déjà prises en charge par la SENA. »

Il ajoute que la décision d’arrêter le financement vise aussi à s’assurer que des fonds ne soient pas utilisés pour des mêmes dépenses par la NSIF et la SENA.

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