Éducation Spécialisée — Écoles SEN : grosses frustrations et anomalies sur les salaires 

Aucune disposition n’a été prise pour le réajustement salarial des Managers après l’application du NRB Des Caretakers touchent plus d’argent que leurs Heads of Schools

La mise en application du Remuneration Order (RO) pour les écoles Special Education Needs (SEN) à partir de ce mois a provoqué de grosses anomalies dans la grille salariale. Si les éducateurs et le personnel de soutien peuvent se réjouir de bénéficier d’une révision à la hausse conséquente de leurs salaires, tel n’a pas été le cas pour les Heads of Schools/Managers. En effet, le RO ne fait aucune mention de cette catégorie d’employés et la Special Education Needs Authority (SENA) n’a pu trouver de solution à ce grave problème pour l’heure. Ce qui provoque de grosses frustrations dans les écoles.

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Le rapport du National Remuneration Board (Remuneration Order) pour le secteur SEN privé était très attendu par le personnel œuvrant auprès des enfants avec handicap. Car pour la première fois, leur travail allait être reconnu et rémunéré à sa juste valeur. Mais la publication d’une première ébauche du rapport, en 2022, avait vite jeté la consternation dans le milieu.

Dans la grille salariale proposée, aucune recommendation en faveur des Heads of Schools/Managers. Une anomalie que les principaux concernés avaient déjà signalée à la SENA, qui a justement été créée pour restructurer et professionnaliser ce secteur.

Après une longue attente de deux ans, et après avoir vu leurs collègues des écoles maternelles être considérés, alors que ce n’était pas initialement prévu, ils pensaient que leur tour était enfin venu. Mais à la vérification des comptes bancaires à la fin du mois de mars, beaucoup sont tombés des nues. Ces Heads of Schools/Managers, une majorité de femmes, n’ont pas eu un sou en plus, alors que les salaires de leur personnel ont été revus à la hausse. La situation est telle que, dans certaines écoles, des éducateurs, et même des Caretakers, se retrouvent avec des salaires plus élevés que le Head of School/Manager.

Une employée, faisant partie d’une de ces catégories, ne cache pas son découragement devant une telle situation. « Après toutes ces années d’engagement auprès des enfants handicapés et des années d’études au MIE pour décrocher mon Diploma SEN, je sens qu’on n’a aucune reconnaissance pour moi. Ce qui est d’autant plus révoltant, c’est qu’on nous avait dit d’aller faire notre formation au MIE justement pour avoir droit au même salaire que ceux qui travaillent dans les écoles publiques. Mais en réalité, on nous a ignorés. C’est très décourageant », s’insurge-t-elle.

Le rapport du NRB recommande qu’un éducateur SEN détenant son Teachers Diploma (SEN) du Mauritius Institute of Education (MIE) ait droit à des salaires de Rs 25 500 à sa première année de service. Au bout de dix ans, il pourra toucher Rs 29 550. Les Teacher Assistants/Clerks toucheront des salaires de Rs 22 300 au début de leur carrière, pour atteindre 25 225 à la 10e année. La rémunération des Carers/Drivers débute à Rs 18 755 et passera à Rs 21 587 à la 10e année. Tandis que le Caretaker commencera à Rs 18 150 pour atteindre Rs 20 280.

Pour ce qui est des Heads of Schools/Managers, ceux travaillant pour les Ong ne perçoivent que le salaire minimum, soit Rs 16 500. Ceux qui ont un peu plus dépendent de la discrétion de leur employeur, étant donné qu’il n’y a aucun barème officiel pour déterminer leur salaire. Ces Heads of Schools/Managers déplorent une perception qui voudrait que les écoles SEN perçoivent aussi de l’argent de la National Social Inclusion Foundation (NSIF).

Or, toutes les écoles ne sont pas logées à la même enseigne. « Tous les Heads of Schools ne sont pas des directeurs d’ONG, donc des employeurs. Nous ne savons rien du Grant versé par les autorités. Nous n’avons que notre salaire, et c’est tout ce qui compte pour nous », affirment-ils.

Aux dernières nouvelles, on aurait fait comprendre aux Heads of Schools/Managers qu’il faudra attendre le prochain budget pour que leur situation soit réglée. Mais certains se demandent s’il faut s’y fier. « En deux ans, nous avons entendu tellement de versions à chaque fois que nous avons évoqué cette anomalie, que nous ne savons plus s’il faut y croire ou pas. De plus, c’était connu depuis deux ans : pourquoi n’a-t-on pas prévu cela dans le précédent budget ? » s’interrogent-ils.

Ces Heads of Schools/Managers dressent un parallèle avec les écoles préscolaires privées, qui bénéficient de la subvention du gouvernement depuis cette année. « Pour les managers de maternelle, on leur donne un salaire de Rs 35 000 mensuellement, ainsi qu’un délai de quatre ans pour compléter leur Diploma au MIE. Nous, nous avons déjà notre Diploma en poche, mais rien n’a été prévu pour nous. Qui plus est, le rapport du NRB pour notre secteur était prêt bien avant la décision du gouvernement d’offrir le préscolaire gratuit. C’est une discrimination flagrante », dénoncent-ils.

Ces derniers mettent en avant également la phrase fétiche de la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, à savoir « No child should be left behind », lorsqu’elle parle des enfants handicapés. « Il semble qu’on ait oublié que, pour que ces enfants aient les mêmes chances que les autres, il y a des personnes qui se dévouent à leur service. La devise ne s’applique-t-elle pas pour elles ? », ajoute-t-on.

I77 écoles spécialisées concernées par ce RO, soit 45 gérées par des Ong et huit par le SeDEC (ex-écoles APEIM). Le personnel des unités SEN rattachées aux écoles du gouvernement est couvert par le PRB. À ce sujet, le PRB 2021 prévoit un salaire allant de Rs 27 400 à Rs 50 900 pour les Deputy Heads of Schools et de Rs 33 175 à Rs 55 900 pour les Heads of Schools. Mais le NRB fait abstraction de cette catégorie d’employés…

L’ironie dans cette affaire est que l’Assemblée nationale vient de voter le Promotion and Protection of the Rights of Persons with Disabilities Bill il y a deux semaines. Il semble que les droits des personnes qui se dévouent au service des enfants avec handicap ont, eux, été oubliés…

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