EIILM : Inquiétudes et controverses grandissantes

Le litige autour de la reconnaissance et de la légalité de l’Eastern Institute for Integrated Learning in Management d’Ebène, dirigée par des proches du ministre Rajesh Jeetah, engendre depuis le début de cette semaine des inquiétudes et des controverses grandissantes. Des parents d’étudiants inscrits sur ce campus privé ont pris l’initiative de solliciter une rencontre avec la direction de l’EIILM (Mauritius Branch Campus), représentée par Sunil Jeetah, pour des éclaircissements à la lumière de l’injonction formelle de fermeture émise par l’Universty Grants Commission de l’Inde en date du 6 septembre. Mais ils ont quitté la réunion déçus des retombées, et leurs préoccupations sont toujours de mise. L’affaire de l’EIILM University aborde également une dimension controversable dans les relations entre Maurice et l’Inde d’autant plus que la presse indienne se fait l’écho d’une démarche du haut-commissaire de l’Inde à Maurice, T.P. Seetharam, approchant officiellement le Higher Education Secretary indien, Ashok Thakur, en vue de résoudre ce litige. Dans la conjoncture à Maurice, le silence affiché par la Tertiary Education Commission est des plus assourdissants.
Une délégation de parents d’étudiants mauriciens suivant des cours à l’EIILM University à Ebène se déclare extrêmement déçue des résultats des discussions entamées avec la direction de cette institution. C’est ce que laisse entendre le porte-parole du groupe, Salim Muthy, à la mi-journée. La seule satisfaction des parents est qu’au moins Sunil Jeetah du Jeetah Trust, gérant l’EIILM University d’Ebène, a accepté de les recevoir pour prendre connaissance de leurs préoccupations devant la décision d’UGC de l’Inde d’exiger la fermeture de tous les Offshore Campus Centres d’EIILM.
« Nous avons également tenté de rencontrer le ministre de l’Education tertiaire, Rajesh Jeetah. J’ai pris contact personnellement avec le ministre d’hier à cet effet. On m’a fait comprendre que le ministre Jeetah reviendra vers nous demain matin en vue de fixer un rendez-vous. Par contre, nous ne pouvons que déplorer le silence adopté par la TEC devant nos sollicitations. Nous n’avons eu aucune réaction de la part du régulateur de l’Education tertiaire », a poursuivi le porte-parole des parents d’étudiants d’EIILM University.
« Nous communiquerons dès que nous aurons quelque chose », a fait comprendre la Public Relations Practitioner de la TEC, Anjuli Bajnath, aux sollicitations du Mauricien pour des commentaires de la TEC au sujet des injonctions émises par l’University Grants Commission de l’Inde. Dans cette correspondance adressée au Vice Chancellor Eastern Institute for Integrated Learning in Management de l’État de Sikkim en Inde, l’UGC exige « the immediate closing down of all the Off-Campus Centres, Off-Shore Campus Centres, Study Centres and Franchisee Centres » en Inde et à l’étranger opérant sans l’autorisation de l’UGC.
« C’est avec regret que nous constatons que nous sommes Back to Square One en ce qui concerne les assurances que nous tentons d’obtenir des responsables de l’EIILM à Ebène. Il y a un mois, nous avions discuté avec Sunil Jeetah. Et ce matin, nous sommes arrivés à la conclusion qu’il n’y a aucun progrès. L’EIILM (Mauritius) University maintient qu’elle n’a pas besoin de l’autorisation de l’UGN pour opérer. Nous sommes dans le flou total. Nous sommes sous l’impression que l’illégalité pe lager avek legalite. Nous ne comptons pas rester les bras croisés car il y va de l’avenir de nos enfants », affirme Salim Muthy visiblement mécontent après la réunion avec Sunil Jeetah de ce matin.
Les parents d’étudiants d’EIILM Mauritius attendent des réponses à leurs questions avec la réunion annoncée au bureau du ministre Jeetah avant de décider de la marche à suivre. « Nous ne comprenons pas pourquoi il y a absence de réactions de la part de la TEC devant la grave décision de fermeture annoncée par l’UGC. S’il faut envisager une grève de la faim pour que le problème d’EIILM de la famille Jeetah soit résolu, nous serons prêts à le faire », a-t-il poursuivi.
L’affaire de l’université des Jeetah à Maurice prend également des proportions diplomatiques. Le quotidien de Calcutta, The Telegraph, fait état d’une intervention du haut-commissaire indien à Maurice. « Seetharam wrote to Higher Education Secretary Ashok Thakur and the UGC last month, saying these institutions’1000-odd students and their parents were worried », souligne ce quotidien indien à ce sujet.
La démarche du haut-commissaire indien vise à éclaircir deux points fondamentaux, soit la reconnaissance des diplômes émis par l’EIILM (Mauritius) et quatre autres instituts indiens opérant à Maurice et le « legal status of their operations in the island nation ». Plus loin, The Telegraph ajoute que « Seetharam has expressed concern about the possible impact that any action against these institutions may have on the future of India-Mauritius cooperation on education. He said local opposition was using the issue to target the Mauritian government ».
De son côté, l’University Grants Commission est catégorique en ce qui concerne la non-reconnaissance d’EIILM (Mauritius) University. Sur son Website, l’UGC s’appesantit sur le fait que « private universities cannot affiliate an institution/college. They cannot establish off campus centres beyond the territorial jurisdiction of the concerned State ».
Au coeur de ce bras de fer triangulaire entre l’UGC, la TEC et EIILM (Mauritius) University se pose la question de la reconnaissance et de la validité des diplômes sanctionnant la fin des cycles d’études à l’EIILM d’Ebène. Des 60 institutions enregistrées et reconnues par la TEC, seules quatre détiennent des Awarding Powers pour émettre des diplômes et elles sont Amity Institute of Higher Education, Charles Telfair Company Ltd, Rushmore Ltd et la Mauritius Employers Federation.
Les autres institutions enregistrées par la TEC, dont l’EIILM (Mauritius) University, dépendent des institutions à l’étranger pour assurer cette reconnaissance des diplômes. D’ailleurs, la TEC concède elle-même que « most of these private institutions are local counterparts of overseas institutions and offer programmes ranging from sub-degree to postgraduate ones through a mixed-mode system, encompassing both distance learning and face-to-face tutorials. The examinations are, in general, conducted by the Mauritius Examinations Syndicate (MES), apart from a few which are organised and invigilated by overseas institutions themselves in collaboration with the local partner. »
Le rejet catégorique de toute reconnaissance de l’EIILM (Mauritius) University par l’UGC de l’Inde pose le problème dans toute son acuité…

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