Beaucoup donnent l’impression de s’être déplacés
juste pour se balader ou faire du lèche-vitrine
Des marchands ambulants à leur aise à la rue Farquhar
Des magasins et des trottoirs envahis, des rues bondées, des restaurants remplis et le retour des marchands ambulants à la rue Farquhar. Le calme relatif des dernières semaines au centre de la capitale a laissé place depuis hier, samedi, à une véritable effervescence à quelques jours des grandes festivités. Ils étaient nombreux à braver le danger de l’épidémie pour faire du shopping au cœur de Port-Louis en passant par la place de l’Immigration et le Caudan Waterfront. Comme indifférents aux consignes martelées par les médecins et les autorités.
À vos marques, prêts, partez… C’est la cohue avant les fêtes à Port-Louis et on en oublierait presque qu’il y a un virus qui circule et qui a tué près d’un millier de personnes à ce stade. Les mêmes scènes se répètent : des gens agglutinés dans des commerces ou près des étals des marchés. « Ce soir, on fête l’anniversaire de mariage de mon frère et c’est moi qui suis de corvée de cadeaux et d’autres items. C’est pour ça que je suis là, sinon je ne serais pas sortie. Il y a beaucoup de monde, c’est trop. Ki dir ou pena kikenn atour mwa ki ena viris-la ? » confie Patricia, qui était seule, alors que plus loin d’autres sont accompagnés de leurs enfants ou de personnes âgées. La foule ne désemplit à la rue Dumas, avec des files d’attente qui se forment sur les trottoirs largement encombrés par les marchandises exposées par certains magasins. Un piéton agacé nous confie sur le ton de l’ironie : « Kot mo pou marse, lor zot latet ? »
Même constat au Caudan, où dans la foule, beaucoup donnent l’impression de s’être déplacés juste pour se balader ou faire du lèche-vitrine. Des dizaines de jeunes se pavanent aux abords des magasins, au mépris des gestes barrières et obstruant le passage à ceux qui se pressent pour compléter leurs achats à la va-vite. Les restaurants affichent complet. Des jeunes, qui se retrouvent parfois à cinq à une même table, ôtent leurs masques pour bavarder entre eux avant d’être servis.
Le bazar de Port-Louis accueille également la foule des grands jours. Il est difficile de se frayer un passage pour Camilla, 51 ans. « Vous savez quoi, je ne vais pas tarder à déguerpir, car je pense avoir été en contact avec une dizaine de personnes malgré toutes les précautions que j’ai pu prendre. Je n’ai pas senti cette réciprocité de la part de la majorité des clients présents. » Plus loin, une vieille dame tâtent des fruits et des légumes. Qu’importe: les règles d’hygiène tant répétées par les autorités, en période d’épidémie, les habitudes ont la peau dure. Ce qui a eu le don d’agacer un marchand très à cheval sur l’hygiène.
« Couper l’herbe sous les pieds »
Les artères commerçantes du nord de la capitale étaient comme à l’accoutumée noires de monde hier à la mi-journée. Sous une chaleur accablante, des centaines de personnes arpentent collés-serrées les trottoirs et les rues sans se soucier des conséquences que pourraient avoir ces agglutinements. Face à l’affluence, force est de constater que les forces de l’ordre ne sont pas enclines à intervenir. Certes, les policiers sont nombreux dans les rues pour s’assurer de l’obligation du port du masque, mais aucune mesure n’est entreprise pour s’assurer que les gestes de distanciation sociale sont respectés.
Les marchands ambulants opérant à la rue Farquhar ne se gênent plus. Certes, si l’on était peu habitués à les voir déambuler d’une rue à l’autre pour vendre leurs produits, désormais, ils s’accaparent de la voie publique et de certaines aires de stationnement où ils installent leurs produits à leur aise à même le sol, au nez et à la barbe des policiers. Pire, au mépris de la l’environnement, certains marchands jettent leurs boîtes vides dans la rue, lui donnant l’aspect d’un dépotoir.
Et ils ne plieront bagage qu’une fois leurs marchandises entièrement épuisées, à en croire les commerçants patentés qui s’estiment lésés par ces activités illégales. « Ils sont en train de nous couper l’herbe sous les pieds », souligne la propriétaire d’un magasin d’équipements de literie. Et pour cause, juste devant son magasin, des acheteurs affluent vers des marchands, attirés par les couettes, oreillers et draps en tout genre et de toutes les couleurs. Les Casernes centrales avaient pourtant réaffirmé leur intransigeance face à ce commerce illégal en cette période de festivités.