ENTREPRISE AGRICOLE—FALCON CITIZEN LEAGUE: Du sport au « bio-farming »

Un groupe de jeunes de Bois-Pignolet, regroupés au sein d’un club sportif appelé Falcon Youth Club, puis Falcon Citizen League, est passé des activités sportives à celles ayant trait à l’agriculture, particulièrement au « bio-farming », à l’environnement et à l’entrepreneuriat social. Un de ses responsables, Manoj Seeborun, révèle que le groupe travaille actuellement sur un projet d’agrotourisme qui devrait, selon lui, aider les petits agriculteurs, en liant le « bio-farming » et l’agrotourisme, à augmenter leurs revenus « tout en faisant du bien à la santé » de la population.
Une rue située entre le centre communautaire de la localité et un jardin d’enfants mène directement au domaine, d’une superficie d’environ 75 perches, occupé par les membres de la Falcon Citizen League. Sur ce terrain se trouve un bâtiment servant de bureau, une serre hydroponique d’environ 400 mètres carrés, deux bassins, une écurie ainsi qu’un jardin, où sont cultivés, sous le concept de « bio-farming », des légumes tels le lalo, le piment, la bringelle, mais aussi des fleurs et des fruits, dont la grenadine, le citron ou encore le limon, pour ne citer que ceux-là. La tomate, elle, est cultivée dans la serre hydroponique, d’où le groupe tire ses principaux revenus.
Manoj Seeborun relate qu’au début, le groupe ne s’était pas engagé dans l’agriculture et l’environnement, mais dans des activités sportives. Puis l’idée leur est venue de monter un petit projet de serre hydroponique de 40 mètres carrés. C’était il y a 15 ans, soit à une époque où il n’y avait pas beaucoup de serres dans le pays. « Nous avons ainsi démarré la transformation du club sportif en une entité agricole et environnementale, un endroit où le travail social prime, avec l’aide que nos membres apportent dans la lutte contre la pauvreté. La Falcon Citizen League a été enregistrée en 2004 auprès du Mauritius Council of Social Services (MACOSS), d’UNA Mauritius, de la Hindu Cultural Social Organisation et du ministère de l’Environnement en 2005 », dit-il. De même qu’auprès de la World Farmers Organisation et de l’IFOAM, à l’étranger.
« Biopesticides » et « biofertilisants »
Au fil des ans, le groupe prend connaissance des dégâts causés à l’environnement et à la santé, autant de la population que des animaux, par les produits chimiques, tels les pesticides, les fertilisants, les insecticides et autres herbicides utilisés dans l’agriculture. « Nous nous sommes dit que nous devions trouver une autre alternative si nous voulions poursuivre nos activités agricoles. Je me suis donc renseigné auprès du Food and Agricultural Research Extension Institute (FAREI) sur le « zero-budget natural farming », concept venu de l’Inde, et j’ai essayé de cultiver dix plantes de concombres. J’ai ainsi récolté 300 concombres, même si les plantes ont mis du temps à nous donner leurs fruits. C’était encourageant et, aujourd’hui, nous ne pratiquons que ce système d’agriculture », fait ressortir Manoj Seeborun.
Cette aventure bio de la Falcon Citizen League a démarré il y a trois ans et s’est même consolidée avec l’introduction de « biopesticides », pour protéger les plantes des mouches des fruits, et des « biofertilisants » pour améliorer leur rendement. « Nous produisons nous-mêmes ces produits avec des feuilles de neem, de dathurah, de papaye et de tabac d’après une recette indienne. Nous écrasons les feuilles avec une machine, les faisons bouillir après les avoir mélangées avec de l’urine de vache. Puis il faut laisser le mélange reposer pendant deux semaines avant de le passer au tamis et récupérer le liquide, qui devient un « biopesticides » », indique notre interlocuteur. Pour l’instant, il a cependant cessé la production de « biopesticides » en raison de la fièvre aphteuse, qui sévit actuellement à Maurice et à Rodrigues.
Mais la Falcon Citizen League ne garde pas le concept de « bio-farming » pour elle seule. Elle la vulgarise en effet parmi la communauté agricole. C’est ainsi qu’elle a produit, avant l’épidémie de fièvre aphteuse, une certaine quantité de « biopesticides » et de « biofertilisants », qu’elle a vendue aux petits planteurs tout en les formant au concept de « bio-farming ». « Nous voulons les aider à pratiquer l’agriculture bio et à réduire ainsi le volume de produits chimiques qu’ils utilisent dans leurs plantations. A cet effet, nous avons obtenu un « grant » de Rs 500 000 du NGO Trust Fund pour financer ce projet. »
Cependant, bien que détenant la certification MAURIGAP, l’entreprise n’arrive pas à convaincre les consommateurs de la qualité de ses produits. « Je récolte deux fois moins de légumes sous le concept bio que sous l’agriculture intensive et, donc, nos produits doivent être vendus un peu plus cher, surtout qu’ils ne sont pas néfastes à la santé. Mais les consommateurs ne comprennent pas cet argument », dit-il, avant d’ajouter : « Ou kwar planter ki servi pestisid simik pou atan dis zour avan van so legim. Be samem konsomater kontan manze. »
Agrotourisme
Manoj Seeborun parle d’un projet d’agrotourisme à Bois-Pignolet, avec sa verdure, ses deux bassins de poissons, de légumes et de fruits bio, après avoir reçu la visite de quelques étrangers qui se sont dits être « impressionnés » par le projet de la Falcon Citizen League. « Certains d’entre eux nous ont dit qu’ils aimeraient bien venir passer quelques jours dans notre entreprise. D’où cette idée d’agrotourisme qui est née », indique-t-il. Pour l’instant, il lui manque de facilités de logements, mais il dit constater que des opportunités réelles existent dans le domaine. « Nous pouvons les accueillir ici et les loger. Ils consommeront des produits bio, un jus de limon bio… Ils peuvent aussi récolter et préparer sur place leurs propres légumes bio », ajoute-t-il.
Notre interlocuteur souhaite aussi capitaliser sur la présence de vers de terre et de coccinelles, qui abondent dans cette ferme, ainsi que des prédateurs de certains insectes et champignons nuisibles pour son projet d’agrotourisme. « Beaucoup de personnes, des touristes étrangers mais aussi des Mauriciens, n’ont jamais vu un ver de terre ni une coccinelle, et ne connaissent pas leur importance dans la nature », souligne-t-il.
Ces projets d’agrotourisme et de « bio-farming », Manoj Seeborun les confie aux jeunes qui, selon lui, devraient s’y intéresser, même à mi-temps, ainsi qu’à ceux qui pratiquent l’agriculture comme loisir dans leur arrière-cour. Des légumes et des fruits bio qu’ils pourront vendre au « bio-market » que projette la Falcon Citizen League.

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