ENTREPRISE—LA SERRE DE CLOSEL: Bissessur Jalim, de prof à horticulteur

Passionné par l’agriculture et les plantes, Bissessur Jalim (72 ans), enseignant à la retraite depuis une dizaine d’années, s’est reconverti en lançant un petit business. Désormais, il cultive et vend des plantes d’intérieur et d’extérieur, mais aussi des plantes médicinales et des arbres fruitiers à une clientèle qu’il a su, au fil des ans, fidéliser. Son entreprise, La Serre de Closel, opérant sous la Closel Entrepreneurs Cooperative Society, située sur le toit de sa maison à Phoenix, regorge de plantes. « J’ai dans ma collection entre 200 à 250 variétés de plantes dont je connais tous les noms communs », déclare fièrement cet ancien enseignant, qui a appris les techniques agricoles depuis son enfance de son père, alors qu’il habitait Cottage.
Coleus, Rose du désert, Bougainvilles, Neckland, Croton, Duranta Gold… Des noms de plantes qui, pour beaucoup d’entre nous, ne signifient rien alors que, pour d’autres, ce ne sont « que » des fleurs. Mais pour Bissessur Jalim, c’est toute une vie qu’il a bâtie autour de ces merveilles de la nature. Ce n’est d’ailleurs pas du jour au lendemain qu’il a monté cette petite entreprise à sa retraite. Outre l’aspect financier, ses plantes « me gardent en bonne santé, me donnent de l’énergie, me font oublier mon stress ».
Né dans le camp sucrier de Forbach dans une famille de laboureurs, Bissessur Jalim a passé toute son enfance dans les plantations de cannes à sucre et de légumes, où il aidait son père, tôt le matin, avant de se rendre à l’école, en sus des après-midi. La vie n’étant pas facile dans un camp sucrier, son père, après des années d’économie, a acheté un terrain à Cottage, à quelques kilomètres seulement de Forbach, où il a commencé à cultiver des pommes d’amour sur des terres qu’il louait à des établissements sucriers. « Matins et après-midi, de même que les week-ends, jusqu’à fort tard le soir, je travaillais dans les plantations. C’était devenu une routine », se souvient-il. Côté études, il a pu terminer sa Std VI mais n’a pu être admis au collège faute de moyens financiers. « Mon père ne pouvait pas payer la somme de Rs 3,50 par mois pour la Form I. Je suis donc resté à la maison. Mais j’ai continué à apprendre par moi-même. J’ai ainsi passé mon Qualifying Test, mon School Cerrtificate et mon GCE O et A level. Avec mon A level, j’étais devenu Inter B.A », explique-t-il. Ce qui lui fait obtenir son premier et seul emploi de sa vie comme enseignant au collège Friendship, à Goodlands, où il restera 40 années, jusqu’en 2004, date à laquelle il prend la retraite.
Collecter des plantes
Depuis son enfance, Bissessur Jalim aimait collecter des plantes. Partout où il allait et où il en voyait « une belle », il demandait à son propriétaire de lui vendre des graines ou des boutures. Très souvent, il en obtenait gratuitement et, petit à petit, sa collection prenait de l’ampleur. « Ma cour, à Cottage, était remplie de plantes. L’amour pour les plantes s’est développé très vite en moi, vu que je venais d’une famille d’agriculteurs. J’ai foncé dans cette culture en me disant que je cultiverai et vendrai des fleurs après ma retraite », dit-il.
Quelques années plus tard, c’est l’heure de la retraite, et la famille Jalim vient habiter Closel, à Phoenix. Son épouse et lui décident alors de s’engager à plein-temps dans cette activité. « Plus nous cultivions de plantes, plus la vente allait bien. Be nou kontinye », dit-il, avant d’avouer qu’il porte beaucoup d’attention aux observations et remarques venant de sa clientèle à l’égard de ses produits. Il explique à titre d’exemple qu’auparavant, il mettait les plantes dans de gros pots, mais les clients éprouvaient des difficultés à les transporter. Ces derniers lui ont alors conseillé de les mettre dans différents logements, petits, moyens et gros, en vue d’en faciliter le transport. « Vite fait, aujourd’hui, n’importe qui, vieux ou jeunes, peut les transporter aisément », souligne notre interlocuteur, qui dit aussi avoir bouquiné sur les plantes et visité d’autres pépinières afin d’améliorer la qualité de son produit. Aujourd’hui, il dit ne craindre aucune autre pépinière, « car je suis moi-même une pépinière ». Il lui est cependant difficile de retenir les noms scientifiques de toutes les plantes qu’il a dans sa collection, aussi retient-il tous leurs noms communs.
Bouche-à-oreille
Bissessur Jalim n’a pas eu trop de peine à faire connaître ses produits, son marketing se faisant de bouche-à-oreille. « Et aussi par un petit bonjour à tous ceux qui passent devant mon stand dans les foires coopératives, où je vais vendre mes plantes. » Il ajoute : « Les gens aiment les bonnes manières et ils deviennent vite mes clients. Un petit sourire ne coûte rien, au contraire, il paie. Cela attire la clientèle. Même s’ils n’achètent pas, ils viennent me parler. Qui plus est, j’offre toujours une petite plante en cadeau à tous ceux qui m’achètent plusieurs plantes. Ils me ramènent alors d’autres clients. Des fois, je les aide à transporter les plantes jusqu’à leur voiture ou dans leur maison », fait-il ressortir.
Bissessur Jalim ne laisse jamais partir un client sans qu’il n’ait acheté une plante. Ainsi, lorsqu’il n’a pas la plante recherchée, il ne baisse pas les bras. « Je les achète alors dans d’autres pépinières et les revends. Je ne déçois pas mes clients et ils deviennent mes clients réguliers. Je fais de mon mieux pour les aider. Je vends ainsi des milliers de plantes dans les foires et chez moi, à Phoenix », poursuit-il.
Outre les techniques agricoles et les « bonnes manières », cet enseignant devenu entrepreneur a aussi appris la « positivité » auprès de son père. « Tout ce qu’on sème ne pousse pas, mais on récolte toujours les fruits de tout ce qu’on entreprend avec amour », dit-il, avant d’indiquer avoir mis en pratique toutes les connaissances qu’il a apprises auprès de son père, comme celui de tremper les graines de cotomili toute une nuit avant de les semer le lendemain. « Elles vont pousser en de belles plantes », dit-il. « C’est vrai. Tous les planteurs de cotomili le font, c’est connu maintenant. J’ai aussi appris la culture des boutures avec mes aînés, qui ont partagé avec moi leurs connaissances, comme l’utilisation de la cannelle et du miel, qui sont des antibactériens, dans la culture des plantes. »
Dans cette petite entreprise familiale, devenue La Serre de Closel depuis 2011, Bissessur Jalim travaille avec son épouse et, quelquefois, leurs enfants. En cas de besoin, il engage de la main-d’oeuvre additionnelle pendant quelques jours. Bissessur Jalim envisage cependant d’agrandir sa société coopérative. Seul problème : il doit trouver des actionnaires intéressés. « Nous sommes à cinq maintenant. Nous avons notre clientèle, l’entreprise fonctionne bien », lâche-t-il, en parlant de l’avenir qui, selon lui, est plutôt positif. « Tout le monde aime les plantes et elles vont continuer à exister. Les demandes iront en grandissant car nous voulons tous avoir une belle cour, une belle terrasse et de belles plantes colorées devant notre porte », lance l’ancien enseignant.

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