Entreprise – The Kreol Republic : De surcyclage aux couleurs d’un métissage pluriel

Mélange d’histoires, de rencontres et d’expériences, The Kreol Republic, l’entreprise de Marème Diaban, a su utiliser les couleurs et expressions locales pour un cachet authentique. Sur des vêtements colorés avec une touche graphique, on peut lire Zanfan lakot, Ayo mama, Ti baba au rhum… Le travail remarquable de Marème Diaban lui a valu une médaille du label Made in Moris dans la catégorie “Green”. Des imprimés au packaging, tous les vêtements de cette marque s’inscrivent dans un esprit de durabilité tout en mettant à l’honneur le savoir-faire mauricien dans le secteur du textile. En utilisant la technique du surcyclage (upcycling), elle parvient à redonner une seconde vie aux tissus.

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Marème Diaban se décrit comme une femme métisse globe-trotteuse n’ayant pas froid aux yeux. Cofondatrice de la marque The Kreol Republic, sa philosophie de vie est d’aller à la rencontre d’autres cultures et de s’imprégner de ce brassage pour en faire un effet mode.

La femme entrepreneur possède un master en management de la mode, tout en comptant un bagage universitaire en sociologie. Au cours de ses nombreux voyages, notamment en Europe de l’Est, au Maghreb, dans beaucoup de régions d’Asie comme le Bangladesh, la Chine, le Cambodge, la Corée, Marème découvre un autre univers empreint de couleurs. Sur des vêtements, elle fait valoir une certaine vivacité et de la fraîcheur grâce à des tons colorés et acidulés, des touches ethniques. Elle surprend par son idée du surcyclage. Pour concevoir ses produits, elle utilise des restes de rouleau de tissu et les travaille de manière à obtenir une collection cohérente.

Le déclic s’est produit chez elle suite à une rencontre avec son compagnon en Asie qui l’a poussée à s’installer à Maurice. Avec sa fibre d’entrepreneur, Marème se décrit à la fois comme styliste, modéliste, commerciale, comptable et contrôleuse de qualité. Sa marque, The Kreol Republic, rappelle bien la culture mauricienne. Car, comme l’explique Marème, « tout est né d’un mélange d’histoires, de rencontres et d’expériences. » Il y a chez elle comme une envie de revoir cette mode des années 80 qui fleure bon l’esprit d’une certaine génération bien ciblée, et cette volonté de développer une marque avec un impact écologique tout en combinant son expérience au savoir-faire local.

Non contente de créer une marque écologique, Marème Diaban y ajoute aussi beaucoup d’expressions kreol sur ses t-shirts comme Zanfan lakot, Ti baba au rhum. Elle définit ainsi sa démarche : « La diversité culturelle de Maurice est riche et authentique, elle est une vraie source d’inspiration pour nous. On avait envie de créer des vêtements avec des slogans fédérateurs qui rassemblent et qui amusent aussi. Vous observerez souvent une touche d’humour ou un trait culturel venant d’ailleurs qui vient se mixer aux expressions ou aux couleurs locales. Nos designs s’inspirent et sont animés de tout ce métissage culturel. »

Mode local pour favoriser l’économie circulaire
Derrière The Kreol Republic, il y a aussi cette farouche volonté de limiter l’impact sur l’environnement. Et Marème de noter que la mode « est une industrie polluante », mais que les entrepreneurs ont acquis une expertise qui leur permet de concourir pour trouver des alternatives moins polluantes à la production et la commercialisation de vêtements. « Nous avons donc eu la volonté de créer un concept plus vertueux et montrer qu’il était possible de faire de la mode de façon plus écologique. Donner l’envie de consommer local pour favoriser une économie circulaire, préserver le savoir-faire et réduire les émissions de CO2, tel est le challenge que nous nous sommes lancé. »

Quand on évoque le surcyclage pour redonner vie aux tissus, la jeune femme entrepreneur dira qu’il s’agit d’un vrai défi pour obtenir des collections avec cette technique. Celle-ci consiste à travailler avec des matières existantes, à adapter les motifs et à déterminer s’il a synergie entre les deux matières avant le produit final. Démarrant avec des collections plus basiques comme t-shirt, tote bag avec des messages, la collection s’est élargie à tel point que The Kreol Republic joue à l’heure actuelle sur différentes déclinaisons autour des sweats, chaussettes, chapeaux, posters.

À la fois conviviale et esthétique, la mode de Marème connaît un vrai succès, si bien que l’hôtel C Mauritius s’est associé à sa marque pour la conception d’un t-shirt fabriqué à partir de matières surcyclées. « Cette collaboration découle d’un engagement commun à préserver l’environnement en encourageant le recyclage ou le surcyclage. Deux marques locales, authentiques et décontractées se sont retrouvées autour de leur engagement pour la nature et leur créativité. » Tout cela pour dire que la marque The Kreol Republic affiche une authenticité et un besoin de se positionner comme une marque écoresponsable.

Marème Diaban aime aussi côtoyer d’autres talents et sa découverte du travail de Daphné Doomun, illustratrice mauricienne, a apporté un autre souffle à ses créations. Elle évoque l’univers coloré, luxuriant, tropical et graphique de Daphné qui l’a tellement séduite à tel point qu’elle a décidé de mêler son univers artistique à celui de Daphné. De ce partenariat est né un « bestiaire » local, Laf Volan, Kato Ver et Zako, et selon les dires de Marème sur une note poétique : « C’était une façon à nous deux de sensibiliser tout un chacun sur l’importance de préserver la beauté et la fragilité de notre écosystème. Nos posters sont imprimés sur du papier recyclé et vendus dans une boîte en carton recyclée et fabriquée à Maurice. » À la question de savoir si The Kreol Republic s’adapte à la tendance du moment, Marème évoque l’importance d’avoir une mode qui se prête à la fois à la période estivale et hivernale. Pour cet hiver 2021, elle prévoit des hoodies, des chaussettes, des pyjamas en misant beaucoup sur des vêtements intemporels, unisexe tout en adaptant certaines formes à la tendance du moment.

Avec la pandémie de COVID-19 et en vue de réadapter son entreprise, Marème a choisi de mettre en valeur Maurice, soit en rassemblant sa collection autour de la mixité culturelle par le biais de vêtements graphiques et qualitatifs tout en œuvrant à la préservation du savoir-faire local. Par rapport à la COVID-19, elle fait ressortir que sa méthode de travail n’a pas changé mais que ses collections ont évolué. « Le fait de ne plus avoir de clientèle touristique nous a amenés à créer davantage pour être en mesure de proposer des collections capsule, et ainsi renouveler plus régulièrement notre offre. Nous sommes également fournisseurs labellisés de Made in Moris, c’est-à-dire que nous désignons et produisons notamment en “upcycling” pour d’autres marques ou entreprises Notre marque et notre entreprise sont labellisées Made in Moris depuis 2020. C’était une étape importante pour nous. D’une part, cela valorise le travail et les efforts que nous et nos partenaires avons fournis depuis le début de cette aventure et d’autre part, nous sommes heureux de nous engager auprès d’un collectif avec qui nous partageons les valeurs et la vision d’avenir telles que l’importance de consommer local et durable. »

Les produits The Kreol Republic sont disponibles dans les “concepts stores” qui soutiennent le Made in Moris et les entrepreneurs locaux, soit au Rendez-vous, Grand-Baie La Croisette, à Small & Chic, Curepipe, My Pop-Up Store, Rivière-Noire, et en ligne à l’adresse suivante: www.thekreolrepublic.com pour des livraisons locales ou internationales.
Un des projets chers à Marème en 2021 est d’étoffer son équipe. Avec sa technique du surcyclage, elle sait faire vibrer sa marque aux couleurs d’une île métissée. Une belle réussite au final.

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