L’organisation non gouvernementale Eco Sud monte au créneau pour dénoncer la décision du gouvernement de permettre l’extraction de sable en vue de réhabiliter des plages. Son Chief Executive Officer, Sébastien Sauvage, avance qu’avec le changement climatique, il est déjà prévu que le niveau de la mer monte au fil des années. Au lieu d’opter pour des solutions aléatoires, le gouvernement aurait dû initier des actions durables.
Eco Sud reconnaît avant tout qu’il est crucial de fournir des efforts pour restaurer les rivages et réhabiliter les écosystèmes dégradés. « Cependant, les actions proposées, si elles ne prennent pas en compte la nature systémique de l’urgence environnementale actuelle, risquent de se révéler être des solutions temporaires, des pansements sur un mal beaucoup plus profond », dit-il. La dégradation des écosystèmes marins et côtiers, fait-il ressortir, qu’il s’agisse de coraux, herbiers, dunes de sable, mangroves, Wetlands, est due avant tout aux activités humaines.
Dans ce contexte, poursuit-il, prétendre à une restauration s’avère dérisoire, si en même temps, on poursuit avec « une politique qui promeut l’artificialisation à outrance des sols mauriciens via la mise en place de projet d’urbanisation Gated, villas de luxe, foncier et une agriculture dopée à toutes sortes de produits nocifs pour la santé de nos compatriotes et de la biodiversité en général. »
Sébastien Sauvage met en avant les rapports alarmants des agences internationales qui reconnaissent l’impact massif de l’économie touristique sur les écosystèmes côtiers et marins. « Comment donc accueillir la proposition du gouvernement qui permettrait aux hôteliers, ou tout autre acteur, de pouvoir extraire du sable de nos lagons pour se protéger d’une montée des eaux qui est inévitable face au dérèglement climatique ? »se demande-t-il.
Il cite les projections présentées par le ministère de l’Environnement, lors des consultations pour Adapt’Action Phase II en juin 2023. « Elles indiquent que les plages disparaîtront graduellement, estimant une perte de valeur à hauteur de USD 50 millions d’ici à 2050. Il est aussi dit que le niveau de la mer montera par un mètre, jusqu’en 2100, avec des risques de raz-de-marée. Alors, que devons-nous faire ? Monter des murs tout autour de Maurice et vider nos lagons de son sable ? Est-ce sérieux ? », ajoute-t-il.
Sébastien Sauvage indique que l’extraction de sable pour protéger les plages des hôtels ne fera qu’aggraver une situation déjà bien périlleuse. « L’impact continu sur les lagons, déjà fragilisés par les activités humaines, pourrait entraîner des dégâts irréversibles sur ces écosystèmes et leur biodiversité. Ainsi, les initiatives de replantation de coraux, resteront des mesures cosmétiques si elles ne sont pas accompagnées de véritables efforts pour réduire la pression des activités anthropogènes », prévient-i. Pour lui, une restauration efficace des écosystèmes marins et côtiers implique la régénération des mangroves, des Wetlands, la protection des habitats naturels sur toute l’île, ainsi que la création de récifs artificiels pour stabiliser les sédiments et protéger les côtes contre l’érosion.
Le CEO d’Eco Sud se dit inquiet que le gouvernement n’ait pas prévu de stratégie de débitumage et de recul du trait de côte. « Ces actions sont pourtant essentielles pour dédensifier les espaces urbains, favorisant ainsi la biodiversité et l’infiltration des eaux de pluie. Elles sont également cruciales pour s’adapter aux effets du changement climatique et protéger durablement les zones côtières. Le manque de mesures pour relocaliser les infrastructures menacées et gérer de manière proactive l’avancée de la mer montre une approche insuffisante pour relever les défis à long terme », affirme-t-il.
Il estime qu’il est impératif que les citoyens réfléchissent ensemble, y compris avec les plus vulnérables, pour élaborer des approches systémiques renforçant la résilience et protégeant les écosystèmes et la vie.