Escalade des prix : The Day After!

  • La dynamique de la consommation, comme locomotive de croissance, s’enraye, de nombreux Mauriciens n’ayant d’autre choix que de « ser sintir »
  • L’asphyxie des chauffeurs de taxi « san batem », des restaurateurs « san klian » ou encore des commerces « bat sek » ressenti après le choc de la nouvelle hausse des prix des carburants

Littéralement groggy The Day After. Les automobilistes, qui dans leur euphorie avaient fait le plein à la veille de la nouvelle hausse asphyxiante des prix des produits pétroliers, doivent se réconcilier avec la réalité du prix de l’essence à la pompe en hausse de 48% en moins de cinq mois, avec la hantise d’un nouveau coup de massue à l’approche de la prochaine cargaison de carburant. Ainsi, la consommation, annoncée comme locomotive de la croissance, prend un coup de froid avec les consommateurs ayant déjà pris conscience qu’il n’y a nul autre choix que de ser sintir.

- Publicité -

La série outrancière de majoration des prix de l’essence et du diesel sur plusieurs mois, et cette nouvelle – perçue par beaucoup comme une « trahison gouvernementale ». Au cours de ces dernières 24 heures, le consommateur arrive difficilement à digérer cette décision du gouvernement. De ce fait, l’ambiance, régnant dans le Central Business District de la capitale était marquée par une lourdeur nullement difficile à ressentir, soit du Groggy.

Les qualificatifs typiquement mauriciens occupaient la place publique. « Plise », « Karay so », « Dan dife », « Rann gaz », entre autres, se lisaient sur les lèvres des Mauriciens, venant des différentes sphères de la société civile, que ce soit parmi les jeunes ou les personnes âgées, des employés des secteurs public et privé ou encore les entrepreneurs.

Contrastant avec la campagne Tou Korek Lakaz Mama des Tops Chefs de Lakwizinn, le mood était loin d’être au beau fixe dans les différents commerciaux du pays depuis hier matin. La question qui taraude plus d’un, se disant impuissants, demeure What’s Next ? Déjà, consommateurs et commerçants se plaignent de cette situation socio-économique qui devient de plus en plus préoccupante, accélérant ainsi la perte du pouvoir d’achat avec un nouvel épisode « Portfey pe vid ».

Des automobilistes affichaient hier frustration et colère aux abords des stations-service. Ils étaient remontés contre cette décision – « contraire à la grande douleur du people » – des autorités. « Sitiasion kritik. Gouvernma pe kas rekor sa fwa la. Koumsa zot pa pe tande ki dimounn abou, dimoun ankoler? Koumsa pe bizin res plis konsomater? Sa ve dir la zis pou al travay ek retourne lakaz, mo pou bizin met 200 roupi lesans sak 2 zour la? », s’interroge un motocycliste, qui dépend de ce modeste moyen de transport qui lui coûte de plus en plus cher.

« Ar sa mem moto la mo al kit zanfan lekol, mo al travay. Ve dir mo pou bizin dir mo zanfan marse al lekol pou papa pa bril lesans. Lorla ena pe vinn dir ou ki tou korek dan pei », confie ce père de famille.

Un autre automobiliste enchaîne : « nepli kone kouma pou fer. Morisien finn kwinse. Nou pa kapav fer narien. Ser sintir bann misie la pe dir. Pena lazistis pou lepep dan seki pe pase. Morisien pe vinn mizer. Se enn dominer ki pe deroule ». Pour les chauffeurs de taxi, la situation empire « lor koltar ». Certains d’entre aux peinaient d’ailleurs en début d’après-midi à effectuer des courses batem, soit le premier trajet du jour.

Un des chauffeurs de taxi opérant dans la capitale soulignait hier matin que les clients hésitent à solliciter les taxis pour les courses de proximité, dites « locales ». « Fek la lesans la inn monte. Noun ogmant nou pri. Zordi enn ti kours lokal pe kout Rs 200 ou inpe plis. Pandan Covid dimoun pann tro pran taxi, kan inn ogmant pri, inn perdi klian, ban biro nepli retenir nou servis parski bokou travayer pe ankor work from home. Ki nou bizin fer? Nou nepli kone nou mem. Nou ena fre, fami pou nouri », affirme-t-il dans un accès de désespoir.

Un autre ne cache pas qu’il doit désormais opérer sur les lignes des taxis marrons « pou gagn enn ti kas », car il risque de rentrer bredouille s’il reste sur la place des taxis. « 600 roupi par zour pou bizin met dan loto pou gagn lavi. Ler ou kalkil so anbouteyaz lor la, be kinn reste ? Lorla sa lesans la li evapor vit », fait-il ressortir.

Pour leur part, les gérants de commerce de la capitale ne cachent pas leur amertume. « Dimoun ankoler. Pa konpran kifer gouvernman pa pe ekout lasoufrans ek pe kontinie fer latet dir ek met lame dan pos. Roulma finn ralanti net. Dimoun la pli fristre ankor kan li kone li finn vinn prizonie ek li pa pe kapav exprim so mekontantman », fait ressortir un homme d’affaires.

D’ailleurs, selon certains commerçants, la capitale avait un attrait bien en deçà de ses habitudes. Pas de grande circulation ou encore de Rush commercial au cœur de Port-Louis. Un ralentissement sur le plan des affaires encore plus visible, avec l’absence de congestion routière en certains points stratégiques et habituellement bruyants comme à la rue Royale et dans d’autres artères.

Ce mood morose s’empare aussi des snacks où le nombre des clients ne cesse de chuter de jour en jour. « Dimoun nepli vinn manz so dipin gato, bwar dite kouma avan. Klian pena kas », explique un restaurateur du côté de la gare du Nord. D’une part, la clientèle s’amenuise et de l’autre les prix des denrées utilisées prennent l’ascenseur. Comme pris entre deux feux. « Ban pri galon delwil inn extra ogmante », ajoute un gérant.

Des marchands de dalpuri se plaignent également du recul dans la consommation, qui traduit là le temps de grandes incertitudes. Les ventes ont connu une lourde chute, font-ils comprendre, certains avançant même que l’on est descendu de 1000 paires par jour à 200-300. « Sa osi pe bizin lev boner gramatin pou resi vann sa », laisse entendre un marchand de dalpuri réputé de la capitale.

Qui plus est, les longues files d’attente serpentant des commerces en vue sont des choses du passé. Les Fast-Food Outlets ont subi de baisse conséquente de clients ces derniers jours. Les lieux habituellement pris d’assaut ou à forte affluence pendant la pause-déjeuner n’ont plus le même rendement, confie un restaurateur, qui ne sait plus ce qu’il adviendra de la situation dans les prochains mois.

Un marchand de légumes concédait qu’il perdait entre Rs 2 000 et Rs 3 000 de produits par semaine, faute de clients. « Dimoun pe nepli fer komision. Ziska legim zot pe bizin gete ki pou aste an priorite. Pei dan pins. Bokou fami pa pe kapav zwen de bout », constate avec amertume ce maraîcher.

Les nouveaux prix des carburants en vigueur depuis hier ont rendu encore plus précaire le budget de nombreux foyers. L’on appréhende les effets boomerang de cette flambée et on ne cache pas le mécontentement quant au choix des autorités de ne pas supprimer certains de ses prélèvements sur les carburants.

Au regard d’un éventuel allègement à travers le prochain budget, l’on anticipe que l’on ne s’attend pas à bel zafer. « Kan inn fini bien plis piblik, lerla ki pou vin pas diber? », s’interroge un Mauricien, qui condamne la manière de faire gouvernementale.
Dans l’attente de mesures plus justes et humaines, la population croule sous le fardeau d’une inflation galopante si les mesures appropriées ne sont pas appliquées. Et ce, en toute urgence, estiment de nombreux interlocuteurs sur le terrain.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -