Fête de la Saint-Louis | Hier à la cathédrale — Le cardinal Piat : « Le pays a besoin d’un nouveau départ »

  • L’évêque de Port-Louis : « Les cas avérés de Covid sont de plus en plus nombreux, ce qui suscite une certaine insécurité »

Le cardinal Maurice Piat, évêque de Port-Louis, faisant usage d’un langage subtil et s’articulant sur le texte du jour à l’occasion de la fête de la Saint-Louis, patron du diocèse et patron de la cité, a transmis un message très fort à la nation. Avec en toile de fond la crise socio-économique découlant de la pandémie de Covid-19, il a glissé une phrase lourde de sens dans son homélie devant un parterre de personnalités politiques triées sur le volet. « Le pays a besoin d’un nouveau départ », a déclaré l’évêque de Port-Louis au tout début de son intervention. Mais une autre réflexion lourde de sens ponctuant l’ultime partie de l’homélie porte sur le devoir de chaque citoyen de s’engager dans la lutte contre la corruption.

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Le cardinal Piat prend à contre-pied, sans toutefois forcer la note, la campagne officielle au sujet de la pandémie de Covid-19 en parlant d’insécurité contrastant avec le discours des politiques. « Par ailleurs, malgré toutes les mesures prises par des autorités sanitaires, les cas avérés de Covid sont de plus en plus nombreux, ce qui suscite une certaine insécurité », déclare-t-il en faisant état de la détresse humaine au sein de la société.

« Notre pays, notre peuple souffre beaucoup des répercussions de la crise sur sa vie quotidienne. Notre économie est à bout de souffle malgré toutes les aides aux entreprises en difficulté et le coût de la vie augmente », dit l’évêque de Port-Louis. « Nos institutions sociales sont fragilisées, le dialogue social est difficile. Depuis une dizaine de jours, plusieurs groupes de fidèles ont spontanément commencé à prier et même à jeûner pour notre pays – signe que beaucoup sentent que le pays a besoin de plus qu’un nouveau départ ; il cherche un nouveau souffle, une véritable renaissance, un réveil des valeurs qui constituent le socle de notre démocratie », poursuit-il en citant des extraits Motherland, à savoir « as one people as one nation, in peace, justice and liberty ; beloved country may God bless thee for ever and ever ».

Commentant le passage de l’Évangile du jour, le cardinal s’est attardé sur la question posée à Jésus de Nazareth dans ce texte : « Est-il permis ou non de payer l’impôt à César ? » – ainsi que la réponse de Jésus – « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Ce texte sous-tend un ton politique dans le sens large du terme car cela a trait à la gestion et aux affaires du pays. Ce qui a ouvert la voie au cardinal Piat pour aborder plusieurs sujets qui ont toujours suscité des débats dans la société, tels la bonne gouvernance dans les affaires du pays ; la responsabilité du citoyen et le respect des lois en vigueur ; le respect des droits humains et le respect de la dignité humaine par l’État ; la liberté et l’éthique ; la loyauté en respectant sa conscience ; l’honnêteté et l’intégrité dans la conduite des affaires ;  la fidélité aux valeurs fondamentales et la justice.

« Rendre à César ce qui est à César – c’est reconnaître l’autorité politique légitime, la respecter et obéir aux lois civiles nécessaires pour la bonne marche du pays. Rendre à Dieu ce qui est à Dieu – c’est rester libre dans l’obéissance que l’on doit à l’autorité, ne pas devenir un inconditionnel, mais suivre sa conscience en restant fidèle aux valeurs fondamentales qui viennent de notre foi en Dieu », soulignera-t-il.

Tout en exprimant le souhait d’un « dialogue, confrontation parfois, mais toujours dans le respect », le chef de l’Église catholique à Maurice met l’accent sur la responsabilité citoyenne. « Le règne de Dieu et sa justice reposent aussi sur l’engagement de chacun à assumer ses responsabilités où que nous soyons situés dans la société. Nous avons tous une part à prendre dans le maintien du niveau d’honnêteté et d’intégrité dans la conduite des affaires de notre famille, de notre travail, et de notre pays ».

Ainsi, le cardinal Piat ne manquera pas de dénoncer le fléau de la corruption.  « L’engagement pour la transparence et contre toute forme de corruption n’est pas seulement une option, c’est le devoir de chaque citoyen. Car il y va non seulement de la santé d’une société mais de sa survie ».

Une autre valeur mise en exergue à l’occasion de la fête de la Saint-Louis est la fraternité humaine, un élément important dans la bonne marche d’un pays : « Cette fraternité encore une fois n’est pas basée sur des affinités culturelles ou de milieux sociaux, ni même de religion. Elle est fondée sur l’accueil que nous devons à chaque être humain en reconnaissant en lui un enfant de Dieu. Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est contribuer à construire cette fraternité entre voisins, entre collègues, entre travailleurs, entre citoyens d’un même pays. Car la vraie richesse d’un pays ne tient pas à la hauteur des revenus moyens des citoyens, mais à la hauteur du niveau de solidarité qui est vécue entre citoyens. »

Il ne manquera pas de rajouter que « c’est parce que chaque personne humaine est vêtue de cette suprême dignité qu’elle a des droits – les droits humains – que l’État comme chaque citoyen a le devoir de respecter ».  Ou encore dira-t-il que « un frère, une sœur est une personne que je ne choisis pas mais qui est mise sur mon chemin, une personne que je suis invitée à accueillir comme un don ; car elle peut beaucoup m’apporter si seulement je cherche à l’apprécier au-delà de son rang social, de son niveau d’éducation, de son affiliation politique ».

En conclusion, le cardinal Piat fait un appel pour « prier pour notre pays, c’est sortir de notre coquille, écouter le peuple, entendre ses tristesses et ses angoisses, vibrer à ses joies et à ses espoirs, s’engager avec lui et pour lui. Prier pour notre pays, c’est faire un chemin avec nos compatriotes en cherchant d’abord et ensemble le règne de Dieu et sa justice ».

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