Flic-en-Flac : crainte de nuisances nocturnes plus fréquentes à l’approche des fêtes

Vacarme infernal du week-end, hurlements, bagarres, fêtes et autres tapages nocturnes… Flic-en-Flac est le lieu de rendez-vous de nombreux fêtards. Excédés par le bruit, les habitants de ce coin de la côte ouest tentent depuis des années de lutter par leurs propres moyens contre ces nuisances qui affectent leur quotidien, les dépôts de plaintes ne fonctionnant pas. À l’approche des fêtes, ces derniers redoutent les célébrations plus fréquentes et un tapage nocturne amplifié dans les immeubles et villas en location, surtout suite à l’interdiction de piqueniquer sur les plages.

- Publicité -

« Nous subissons, depuis plus de 25 ans, les nuisances sonores incessantes », s’écrie une habitante de l’avenue des Manguiers, Flic-en-Flac. « Le bruit fait partie de nos week-ends, parfois même de notre quotidien. C’est un cauchemar de vendredi à dimanche. Les gens qui viennent d’ailleurs n’ont aucun respect pour les résidents permanents », se plaint Billy, un autre habitant de Morcellement de Chazal. Que ce soit à l’avenue des Manguiers, à l’avenue des Oies, à l’avenue des Mouettes, ou encore à l’avenue des Hirondelles, à Morcellement Palmyre, ou Morcellement de Chazal — parmi les quartiers les plus touchés —, les habitants ne supportent plus les nuisances nocturnes provoquées par les fêtards.

Dans ce village côtier, les patrouilles et visites des forces de l’ordre ne semblent pas être dissuasives. « J’ai dû déposer une vingtaine de plaintes à la police ces dix dernières années », se lamente une autre habitante. « Nous avons enchaîné les courriers aux autorités, aux médias », soupire une autre. Pour tenter d’endiguer les nuisances sonores, des habitants participent à la signature de pétitions. « La Police de l’Environnement et la police de Flic-en-Flac sont très régulièrement sollicitées par de nombreux propriétaires qui ne supportent plus de passer des nuits blanches. Mais les patrouilles de la Police de l’Environnement et celle de Flic-en-Flac ne se déplacent que très rarement et lorsqu’une équipe de policiers exigent d’arrêter la musique et les hurlements, dix minutes après leur départ, les bruits insupportables reprennent de plus belle », peut-on lire dans une pétition datant du 13 mars 2020 adressée au ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, ainsi qu’à la Police de l’Environnement, et signée par plusieurs habitants de l’avenue des Hirondelles. Ces derniers demandaient l’interdiction de location d’une villa pour les anniversaires, mariages et autres fêtes.

- Publicité -

Cohabitation difficile
entre fêtards et résidents

À l’approche des fêtes de fin d’année, les habitants craignent ces nuisances sonores qui prennent plusieurs formes : fêtes, bagarres, hurlements. « Certains propriétaires vivent à l’étranger et louent leur appartement à des Mauriciens. Même avec les températures estivales parfois étouffantes, on ne peut se risquer d’ouvrir les fenêtres pour laisser entrer un peu d’air. On sait quand ça commence, mais on ne sait jamais quand cela va s’arrêter. Cela commence souvent par la fête et cela se termine en bagarre », déplore Kevin, un employé d’hôtel âgé de 34 ans.

- Advertisement -

Le dépôt de plainte ne fonctionnant pas et l’appel des forces de l’ordre n’empêchant pas de faire la fête, les habitants tentent parfois de régler le problème par eux-mêmes. Ainsi, pour lutter contre ces troubles qui affectent leur quotidien, certains utilisent parfois leurs propres moyens : poser un gros cadenas sur le portail, « appeler des copains pour faire comprendre autrement », tandis que d’autres songent aux pétards ou à faire couper l’électricité. « Malgré les prises d’initiatives, le problème persiste. Nous avons déposé des plaintes, menacé de saisir la justice. Mais ces fêtards défient et la police et les habitants. Alors, nous devons agir », prévient Salim.

À Flic-en-Flac, la question de la pollution sonore et des soirées bruyantes a été évoquée lors des réunions avec le conseil de village. Patrick Cavalot, le président, n’a pas échappé aux interpellations des habitants. Mais même si déterminé à faire cesser ces infractions, le conseil de village n’a aucune autorité pour faire respecter la loi. « Nous avons dénoncé ce problème plus d’une fois », affirme Patrick Cavalot. « Je suis moi-même victime de cette nuisance. J’habite juste à côté d’un grand immeuble et souvent (surtout quand les appartements sont loués à des Mauriciens), les week-ends sont infernaux, j’ai même dû téléphoner à la police à 2h de matin. Je propose qu’on fasse une grande mobilisation pour convaincre les autorités responsables d’agir », dit-il.

Les étudiants, ces autres responsables

Dans les quartiers les plus épargnés, la pollution sonore prend d’autres formes : les bruits émanent d’activités artisanales, commerciales (car wash), constructions. Les travaux se font à n’importe quelle heure de la journée. Par exemple, à avenue du Verger, un nouveau car wash est venu perturber le quotidien du voisinage. Surtout ceux qui travaillent de chez eux. À l’instar de Caroline, employée dans une boîte de communication. « Avec la brutale résurgence des cas de Covid à Maurice, j’ai fait une demande auprès de mon directeur afin de travailler de la maison, mais il est impossible de se concentrer, le bruit du car wash est très perturbant. À cela s’ajoute leur musique assourdissante », dit-elle.

Si de nombreux Mauriciens sont majoritairement responsables des nuisances sonores, les habitants reconnaissent qu’ils ne sont pas les seuls. Les incivilités de certains étudiants étrangers sont tout aussi nombreuses. Le problème viendrait principalement de certaines colocations occupées par ces derniers. « Ils ne parlent pas, mais hurlent. Parfois, à 3h du matin, ils s’interpellent de leur balcon, hurlent au téléphone, réveillant le voisinage. Ils ne prennent pas en compte le respect des voisins et ne semblent pas mesurer l’ampleur. Et quand on leur fait remarquer qu’ils font du bruit, ils font toujours le mouton et répondent toujours d’une voix douce : I’m sorry. This won’t happen again. Une certaine accalmie sera ressentie. Mais le calme sera de courte durée, car le tapage reprend de plus belle chaque jour », se plaint Josie.

Cela dévalue les immeubles

Si certains continuent de gonfler les prix pour empocher un certain loyer et faire du profit, d’autres propriétaires ont décidé de ne plus louer à des Mauriciens ou des étudiants. « Je ne loue qu’avec des touristes. Ma maison est inoccupée depuis le premier confinement. Et ce n’est pas grave. J’attends les jours meilleurs. Mais je ne louerai jamais à des Mauriciens », affirme Marie-Françoise, propriétaire d’une maison et d’un duplex.

Les nuisances sonores deviennent tellement invivables que certains propriétaires songent sérieusement à déménager pour regagner un environnement plus calme et loin du bruit permanent. D’ailleurs, la vente de biens immobiliers serait en hausse, à en croire les annonces sur les différents sites immobiliers. Norbert Couret, agent commercial à OFIM, le confirme. « Il y a effectivement une hausse dans la vente de biens immobiliers », dit-il. Tout en précisant « depuis l’arrivée du Covid. » Mais à en croire les habitants, les nuisances sonores y sont bien pour quelque chose. « C’est devenu invivable. J’ai des amis qui ont dû vendre leur maison pour s’installer ailleurs. On subit musique, cris, alcool, bagarres jusqu’à 4h, 5h du matin. Pour anticiper le bruit, nous devons prendre des somnifères. Nous sommes souvent privés de sommeil. Les conséquences sur notre santé sont réelles. Cela affecte nos nerfs, notre tension artérielle. Pour moi, les nuisances sonores ont un impact économique : elles ont commencé à dévaluer les immeubles. Bientôt, Flic-en-Flac perdra de son attrait », nous dit Billy.

Appartements mal entretenus

Mais un environnement résidentiel bruyant n’est pas le seul élément responsable à dévaluer les immeubles. À Flic-en-Flac, de nombreux appartements en location sont négligés. Sur les réseaux sociaux (le groupe Flic-en-Flac Community), les visiteurs et locataires s’en plaignent. Les appartements, loués à prix fort, sont négligés, mal entretenus. « Tout logement destiné à la location doit être décent. Or, je constate que les meubles sont non seulement vieillots, mais défectueux, les rideaux et le carrelage sont sales. Parfois, des travaux sont même à prévoir. Comment peuvent-ils proposer de tels logements à la location ? C’est un grand manque de respect pour autrui. S’ils veulent des locataires, il faudrait mettre à leur disposition un espace de vie décent. Et remédier au vieillissement de leur mobilier. On n’est plus dans les années 1970 », ironise Marc, un Sud-Africain.

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques