Formation : Aide de l’épiscopat italien pour le lycée professionnel St-Gabriel

Consultations cruciales cette semaine pour le cardinal  Piat avec son homologue de Bologne pour la transformation du collège technique

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Le projet du diocèse de Port-Louis de transformer le Collège technique Saint-Gabriel en un Lycée technique et professionnel moderne aborde ces jours-ci une étape décisive. L’évêque de Port-Louis, le cardinal Maurice E. Piat, actuellement en visite en Europe, aura en effet une rencontre à ce sujet dans les prochains jours, à Rome, avec le président de la Conférence épiscopale italienne, le cardinal Matteo Maria Zuppi, archevêque de Bologne.

Le prélat mauricien avait fait une demande de subvention à la Conférence épiscopale italienne pour la construction du nouveau Lycée technique et professionnel Saint-Gabriel. Le projet avait été dévoilé pour la première fois en septembre 2019 à l’occasion du 45e anniversaire du Collège Saint-Gabriel. Les deux années de restrictions sanitaires ont toutefois retardé la mise à exécution du projet.

Alain Beche, proviseur du collège et Program Officer auprès du Service diocésain de l’éducation catholique (SeDEC), indique qu’un certain nombre de travaux préliminaires ont cependant déjà été mis en chantier, dont la clôture du terrain de 14 arpents, où se trouve déjà le collège à la route Nicolay au Nord de Port-Louis. Mais aussi la démolition d’un certain nombre de bâtiments délabrés qui se trouvaient sur place et d’importants travaux de tout-à-l’égout.

« Ce nouveau projet répond non seulement aux besoins de notre économie en développement, mais aussi à ceux des jeunes Mauriciens qui ont d’autres types d’intelligences », avait indiqué le cardinal Piat lors de la pose de la première pierre du Lycée technique et professionnel, en 2019.

L’idée derrière, explique le proviseur, Alain Beche, est de proposer une sorte de passerelle pour une formation universitaire à tous ceux à qui, dans les conditions présentes, manquent ce petit plus pour aspirer à des études universitaires.

Le futur Lycée technique et professionnel Saint-Gabriel offrira en effet des formations jusqu’au niveau du Bac Pro français. L’éventuel détenteur d’un tel diplôme sera alors qualifié pour des études universitaires plus avancées. Un protocole d’accord a déjà été signé avec l’ambassade de France. Protocole qui porte, entre autres, sur un partenariat avec deux Lycées techniques et professionnels de La Réunion, à savoir le Lycée professionnel Léon de Lépervanche, au Port, et le Lycée professionnel Roches Maigres, à Saint-Louis.

L’accord avec les autorités françaises porte aussi sur une collaboration avec l’inspectorat de l’Académie de La Réunion pour, entre autres, la formation du personnel, des échanges pédagogiques et l’élaboration du programme d’études.

Il convient aussi de préciser qu’un accord de principe avec les autorités locales quant à une forme de subvention au budget de fonctionnement a aussi été agréé. Le dossier est en voie de finalisation au State Law Office (SLO).

Nouvelles salles, gymnase, dortoir…

Pour le financement des travaux de construction et l’aménagement du nouveau lycée, le diocèse de Port-Louis et la Communauté locale des religieux Salésiens de Don Bosco, qui gère le collège, et dont le directeur de nationalité italienne, le père Maurizio Rossi, est le manager du centre de formation technique, comptent sur la générosité des entreprises partenaires qui soutiennent déjà le collège. Mais ils misent surtout sur une aide appréciable de la Conférence épiscopale des diocèses italiens. Le cardinal Piat a déjà soumis une demande en ce sens.

Le nouveau Lycée professionnel, dont les plans ont été conçus sous les conseils de l’inspectorat de l’Académie de La Réunion, comprendra concrètement de nouveaux ateliers modernes, de nouvelles salles de classe, un gymnase, des terrains de jeux, et même un dortoir. Celui-ci servira à l’hébergement d’éventuels stagiaires venant de régions situées très loin de Port-Louis, ainsi que ceux qui viendraient de Rodrigues.

Parmi les nouvelles filières de formation qui seront offertes, notons celles des métiers du BTP ((Bâtiment et travaux publics) – plomberie, maçonnerie, pose de carrelage, entre autres –, de même que des métiers de l’automobile (peinture automobile, tôlerie, électricité automobile…). Ces formations s’ajouteront à celles déjà dispensées au collège (mécanique automobile, soudure, tournure/ajustage, cuisine/pâtisserie, maintenance de systèmes mécaniques automatisés).

Des formations qui, jusqu’ici, donnent droit à un Certificat d’aptitudes professionnelles (CAP) et à un Brevet d’études professionnelles (BEP). Il est à noter qu’à Rodrigues, le Centre agricole Frère Rémi opère aussi sous l’égide du Collège technique Saint-Gabriel.

Alain Beche indique qu’avec la conversion du Collège Saint-Gabriel en un lycée professionnel, le nombre de stagiaires en formation – des filles, mais surtout des garçons de 15 ans et plus – passera dans un premier temps de 250 à 450-500. À terme, quand le lycée aura trouvé sa vitesse de croisière, le proviseur prévoit que le nombre de lycéens en formation devrait atteindre les 1 200. « Nous espérons alors aider à contourner le sérieux manque de main-d’œuvre ouvrière sur le marché », laisse-t-il entendre.

Le proviseur du Collège Saint-Gabriel indique à cet effet que des chefs d’entreprises parlent d’un manque immédiat de quelque 1 400 ouvriers qualifiés dans des domaines tels la maintenance, la soudure, la plomberie ou le carrelage. Il regrette que pendant trop longtemps, les métiers manuels ont été injustement dévalués aux yeux du grand public. Or, fait-il remarquer, aujourd’hui plus que jamais, des techniciens dûment qualifiés sont capables de gagner très bien leur vie.

Alain Beche explique que la vocation première du Collège Saint Gabriel – et, demain du nouveau Lycée professionnel – est d’offrir une formation à ceux qui, pour une raison ou une autre, ne pourraient se former dans des institutions publiques telles que celles du Mauritius Institute of Training and Development (MITD), le Lycée polytechnique de Flacq, Polytechnics Mauritius ou l’Université des Mascareignes.

Chaud partisan, comme Don Bosco, du concept de différences d’intelligences, il fait valoir que si, par exemple, contrairement à un singe, un petit poisson ne peut grimper à un arbre, cela ne veut pas pour autant dire que l’un est moins compétent que l’autre. « Il suffit, dit-il, de mettre les deux dans un bassin pour savoir lequel sait le mieux nager ! » Et le proviseur d’ajouter qu’à bien y voir, il n’y a pas de mauvais élève, « mais que de mauvais éducateurs… ».

Alain Beche cite les nombreux jeunes formés au Collège Saint-Gabriel depuis 1974 qui brillent depuis dans certaines grandes entreprises où ils travaillent. Si tout se passe pour le mieux, la construction des bâtiments du nouveau Lycée professionnel devrait démarrer dès le début de 2023 pour un délai contractuel d’environ 18 mois.

La nouvelle institution diocésaine de formation technique devrait alors être opérationnelle vers la mi-2024, année du 50e anniversaire de la fondation du Collège technique Saint-Gabriel. Ou, au plus tard, à partir de 2025.

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