FORMATION DES INFIRMIERS: La finalité du diplôme qui sera octroyé au coeur des interrogations

Alors qu’ils s’assoient depuis une semaine sur les bancs de l’école, les quelque 200 infirmiers récemment recrutés par la Public Service Commission (PSC) demeurent toujours dans le flou quant à la finalité de leur formation. Vont-ils vers l’éternel Certificate in Nursing, ou un Diploma in Nursing est à l’ordre du jour? Les propos du Principal Nursing Director le jour de la rentrée, à l’effet que, « you will probably go for a Diploma in Nursing », suscitent de nombreuses interrogations. Syndicats et Conseil de l’Ordre des infirmiers déplorent le manque de dialogue et surtout le flou qui règnent autour de cette formation et souhaitent des explications de la Santé. D’autant que si, à ce jour, en dépit des rumeurs qui courent à l’effet qu’un Diploma in Nursing sera octroyé à ces infirmiers après trois ans d’études, le Nursing Council n’est jusqu’ici pas au courant du curriculum pour ces cours qui n’a d’ailleurs pas encore été accrédité par l’Education Committee de l’organisme.
« Même nos tuteurs ne savent pas quelle sera la finalité des cvours que nous suivons », déplorent certains étudiants. Lundi dernier, ils ont pris le chemin de la School of Nursing en vue de trois années d’études. Ils s’attendaient à prendre connaissance du curriculum de la formation, voire un discours du ministre de la Santé, Lormus Bundhoo, pour les accueillir. Or, c’est le Principal Nursing Director qui les a rencontrés, alors qu’ils étaient déjà divisés en groupe pour quatre classes différentes. A leurs questions, ils n’ont eu pour seule réponse qu’un « probably a Diploma ». « Comment se fait-il que trois années d’études conduisent à un Diploma? », s’interrogent ces étudiants qui font ressortir qu’une formation de trois ans au sein d’un établissement tertiaire conduit généralement à un Degré. « Pour nous, depuis des années, les choses ne changent pas. C’est inacceptable. Et par-dessus cela, le ministère veut qu’on donne des soins de qualité », fustigent-ils. Et de déplorer l’état vétuste du bâtiment dans lequel ils doivent faire leur apprentissage. « Ce bâtiment date des années 60. L’état des toilettes est lamentable. C’est un vrai traumatisme de se rendre dans ces toilettes. Le cadre est démoralisant », disent les étudiants.
Pour Bagooaduth Kallooa, président de la Nursing Association (NA), « la formation des infirmiers est un droit et nous croyons que c’est à l’État de nous donner accès à une meilleure formation afin que nous puissions offrir un soin de qualité aux malades et satisfaire leurs exigences, mais aussi faire face aux nouveaux défis du métier ». Le syndicat animait une conférence de presse récemment pour exprimer les doutes qui subsistent quant à la formation qui sera dispensée aux nouveaux infirmiers cette année à la School of Nursing. Si formation il y a, disent-ils, outre l’espace archaïque dans lequel elle est dispensée, la finalité même des cours est au coeur des interrogations.
Autant par les syndicats de la profession que par le Conseil de l’Ordre des infirmiers. « Après 54 ans d’existence, la School of Nursing propose toujours le certificate », explique Bagooaduth Kallooa, faisant ressortir qu’après trois années d’études, ce diplôme est inacceptable. « Nous devons avoir un minimum Diploma in Nursing », estime l’association, ajoutant que la formation des infirmiers doit être à un niveau international. Propos soutenus par le Conseil de l’Ordre des infirmiers qui réclame depuis plusieurs années « une uniformisation des infirmiers, dans le public comme dans le privé ». Pour Dhunraj Foolchand, président du Nursing Council « un même profil est important afin que la formation de nos infirmiers soit faite sur le même pied d’égalité et qu’une même qualité de soins soient prodiguée à tous les patients. »
« Tout ce qui concerne les infirmiers n’est jamais une priorité pour le ministère de la Santé », estime pour sa part la NA déplorant qu’en dépit du grand nombre de membres que regroupe le syndicat – soit plus de 3 500 infirmiers, sages-femmes et auxiliaires – il ignore tout ce qui est fait actuellement concernant la formation des infirmiers. Le président du Nursing Council fait, lui aussi, ressortir que si le ministre de la Santé a annoncé en grande pompe la restructuration de la School of Nursing, à ce jour il n’y a pas de plan défini. « Toutes les institutions doivent passer par le Nursing Council. Or, dans le cas de la School of Nursing, nous ne sommes même pas au courant du curriculum pour cette nouvelle formation qui doit démarrer demain », dit Dhunraj Foolchand. Et de faire ressortir que malgré les bruits qui courent à l’effet que c’est vers un Diploma que mènera la formation des quelques 200 infirmiers qui prennent le chemin de l’école demain « l’Education committee du Nursing Council n’a pas encore accrédité un quelconque Diploma ».
Uniformisation
D’où les nombreuses interrogations des infirmiers qui se demandent qui est l’Awarding body des formations dispensées par la School of Nursing. Citant en exemple le cas de la clinique Apollo Bramwell qui dispense déjà des Diploma, dont le curriculum a déjà été préparé et approuvé par l’Institut de Santé, aux infirmiers en formation, le président de la NA souligne que le ministère devrait suivre l’exemple du secteur privé. Le Nursing Council fait lui ressortir que Apollo Bramwell a également mis à contribution l’organisme régulateur pour l’aval de ces cours. « Pourquoi pour la formation de nos infirmiers dans le public nous ne sommes toujours pas au courant? », se demande Dhunraj Foolchand. Il indique que depuis une semaine, les doléances des infirmiers et des parents, ainsi que des syndicats pleuvent. « Il faut des explications très vite », estime-t-il, indiquant qu’une lettre en ce sens sera envoyée au ministère de la Santé pour des éclaircissements.
Uniformisation des formateurs
Le Nursing Council réclame par ailleurs qu’il est aussi impératif de voir l’uniformisation en ce qu’il s’agit des formateurs dans les institutions de formation publiques et privées pour les infirmiers. « Actuellement, il existe un double standard entre les tuteurs publics et ceux du privé », indique-t-il. Pour que le niveau de nos infirmiers soit au même standard qu’à l’étranger, nous avons besoin de professionnels qui sont équitablement qualifiés, estime le Nursing Council.
Propositions
Réclamant au plus vite des explications du ministère de la Santé quant à la finalité des formations qui seront dispensées par la School of Nursing, le syndicat des infirmiers émet, en attendant, plusieurs propositions auxquelles il souhaite que la Santé accorde une attention. Entre autres : la modernisation de la School of Nursing, le recrutement des Nurse Educators, l’octroi d’un Diploma in Nursing à la place d’un Certificate, mais aussi des cours spécialisés pour les infirmiers ainsi que la mise en place d’une faculté de Nursing à l’Université de Maurice. Le syndicat indique que si les explications du ministère ne le satisfait pas, le Nurses’ Day sera une occasion pour dénoncer le manque d’égard de la Santé en ce qui concerne les infirmiers.
Dans un autre volet, la NA se dit outrée de la nouvelle pédagogie adoptée par la Santé en ce qui concerne les Student Nurses. « C’est inacceptable que des étudiants en nursing, sans même une once de formation, soient postés dans les salles d’admissions », s’insurge Bagooaduth Kallooa. Il met en garde le ministère contre cette pratique qui met en danger la santé des patients et la réputation des services de santé publique.

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