Fortes averses : La capitale engloutie par les eaux dans la matinée d’hier

Port-Louis s’est retrouvée prisonnière des eaux entre jeudi soir et hier matin avec plusieurs points stratégiques littéralement engloutis dans le sillage des fortes averses. La montée des eaux a ainsi atteint un niveau inquiétant au centre-ville, mais aussi dans les faubourgs de la capitale, paralysant du même coup la principale voie d’accès, soit La-Nationale.

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Des accumulations d’eaux boueuses ont été notées sur la M1, soit du côté du Port-Louis Waterfront, La-Chaussée, la Place D$d’Armes ou encore à Pailles, allant jusqu’à Montebello. Des scènes qui ravivaient de mauvais souvenirs, soit ceux des inondations meurtrières du 30 mars 2013. Les points d’accès et de sortie de la capitale au niveau de la Place d’Armes étaient envahis par les eaux, qui se frayaient un chemin vers le front de mer, au Caudan Waterfront.

Les torrents d’eaux boueuses issus des artères de Port-Louis se sont retrouvés stagnés dans cette zone, où il y a récemment eu l’extension de la voie ferroviaire du métro, reliant le Victoria Urban Terminal à l’Aapravasi Ghat, là où une station a été aménagée entre ces deux points. L’accumulation des débris sur ce tronçon de l’autoroute M1 a rendu ce lieu impraticable, contraignant les autorités à procéder à la fermeture de La Nationale depuis la matinée/

À la suite de l’accalmie notée vers les 10h hier, les membres du Mauritius Fire Rescue Service (MFRS), avec le soutien des éléments de la National Coast Guard (NCG), ont dû déployer les grands moyens pour débloquer les cours d’eau obstrués par des débris et des bouteilles en plastique sur le front de mer, au Caudan, afin d’aider la canalisation de ces eaux dans la rade de Port-Louis. Les canaux longeant les rues La-Poudrière, aux abords du musée de Port-Louis et du Treasury Building (Prime Minister’s Office), ou encore le Ruisseau du Pouce, allant jusqu’à la rue John Kennedy, étaient débordés, les débris atteignant les bordures de routes.

En parallèle, des habitants de divers faubourgs de la capitale, notamment à Vallée-des-Prêtres, Sainte-Croix, Grande-Rivière-Nord-Ouest ou Vallée-Pitot ont vécu des scènes chaotiques, assistant impuissants à des déferlements d’eaux boueuses, certains se retrouvant avec des dommages personnels conséquents. À Sainte-Croix, du côté du temple Kaylasson, route Nicolay, les eaux d’une rivière en crue ont même inondé les maisons de plusieurs familles, abîmant leurs effets personnels.

Ces familles expliquent que le problème perdure depuis plusieurs années. « Zame lotorite pa finn pran sa kont. Bizin atann lapli pase pou koumans netwaye ek remet bann zafer sek. À sak fwa gro lapli se mem senn ki nou viv depi sa bann dernie lane-la », fait comprendre un jeune de la région.

La région de Vallée-des-Prêtres était à un certain moment hier matin coupée de la capitale, l’unique accès de ce faubourg étant complètement envahi par la montée des eaux. Les torrents avaient endommagé l’asphalte au point névralgique de la croisée de Vallée-des-Prêtres, mettant les automobilistes dans une passe dangereuse.

Des eaux dévalant les parois de la chaîne de montagnes ainsi que des rochers ont obstrué la route principale, rue Bernardin de Saint-Pierre, à quelques mètres du supermarché Dream Price. Des automobilistes ont éprouvé de grandes difficultés pour circuler dans cette zone hier matin. Un peu plus loin, la liaison entre Vallée-des-Prêtres et Cité La Cure était rompue. La rivière Lataniers, au niveau de la rue Marjolin, était sortie de son lit, provoquant une inondation soudaine dans la région.

Dans les hauts de Vallée-des-Prêtres, soit à Chitrakoot, vagues de boue et pierres étaient partout. Les membres de la Special Mobile Force étaient sur le terrain pour tenter d’enlever les débris, et ont dû en recourir à des volontaires, notamment le propriétaire d’une tractopelle à cet effet car leurs équipements étant bloqués ailleurs.

Dans une autre région de Vallée-des-Prêtres, précisément à Morcellement Ramlagan, ces familles qui avaient vécu, pas plus tard qu’en mars dernier, des accumulations d’eau conséquentes, endommageant leurs biens, étaient elles aussi dans l’angoisse. D’ailleurs, les propriétaires d’une des maisons ont vécu le même cauchemar cette fois, la famille concernée se retrouvant avec tous ses effets personnels endommagés par les débordements.

À Vallée Pitot, la route principale, Boulevard Pitot, était engloutie, les cours d’eau ne pouvant se frayer un passage. Les drains du côté de Bangladesh, à Tranquebar, étaient également bouchés, nécessitant un déblayage rapide à la mi-journée hier, avec l’accalmie temporaire des grosses averses.

 

INONDATIONS : Les drains pointés du doigt

De nombreux observateurs commentent la situation des drains vétustes et défectueux dans le pays, notamment dans la capitale. « Aucun effort n’a été fait pour un système de drainage correct dans le pays. C’est clair que lorsqu’on voit les images de Port-Louis et de Caudan sous les eaux, par exemple. » Un autre souligne qu’« on goudronne, on bétonne partout, mais il faut prévoir des canalisations pour diriger l’eau de pluie vers la mer ou vers les réservoirs ».
Certains critiquent également la manière de concevoir les trottoirs ces dernières années. « Avant, c’était des Slabs qui pouvaient être enlevés facilement pour nettoyer les drains. Maintenant les trottoirs sont faits avec du béton armé, ce qui ne permet plus d’accéder convenablement aux drains. » Leur message est que les autorités doivent « s’asseoir et réexaminer tout le problème de drains. Et d’ajouter : « On a créé la Land Drainage Authority mais que fait-elle et qu’a-t-elle fait à ce jour ? »

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