LE FUTUR DE L’INTERNET : Le Pr Vinton Cerf livre ses prédictions…

Des voitures sans chauffeurs (Google Cars), des Google Glass, des objets connectés, des maisons équipées de capteurs et qui cerneront chacun de nos besoins, voilà un peu à quoi ressemblera notre futur, selon le Pr Vinton Cerf, un des pères fondateurs d’internet, cofondateur du protocole TCP/IP et vice-président du moteur de recherches Google. Il était le keynote speaker à la conférence Africon 2013 qui s’est tenue la semaine dernière à l’hôtel Le Méridien, Pointe-aux-Piments. Le Pr Vinton Cerf a tenu à partager sa vision des technologies du futur en livrant ses prédictions sur l’évolution de l’internet.
Quand on lui pose la question à quoi ressemblera notre monde en 2050, le Pr Vinton Cerf répond sans hésitation que ce sera un monde où des objets seront davantage contrôlés par des logiciels et ces derniers devineront nos besoins, garderont en mémoire nos préférences et reconnaîtront davantage notre présence. Cela paraît peut-être absurde ou tiré d’un film de sciences fiction à la Star Trek, mais un voyage dans le temps en 1963 permettrait de témoigner des progrès technologiques qui ont marqué ces 40 dernières années. « Imaginons que l’être humain de 2013 fasse un voyage dans le temps en 1963 et la situation suivante : vous sortez des toilettes et vous vous dirigez vers le lavabo pour vous laver les mains et vous placez vos mains sous le robinet en espérant que l’eau coule. La personne des années 1963 s’interrogera au sujet de votre geste en vous disant qu’il faut tourner la poignée pour ouvrir le robinet et vous à votre tour vous lui expliquerez que l’époque d’où vous venez, c’est à dire en 2013, les robinets fonctionnent d’après un sensor », explique le Pr Vinton Cerf. En gros, il paraît difficile d’imaginer que dans le futur, les maisons vont s’adapter de plus en plus aux humains, que les voitures se conduiront par elles-mêmes. Bref, le monde sera plus interactif, selon Vinton Cerf, cela grâce à l’internet.
En 40 ans, internet est en effet devenu la première interface de communication dans le monde et il n’a pas encore livré tous ses secrets à en croire un de ses fondateurs. « L’internet élaboré en 1973, a évolué beaucoup et va encore évoluer. Internet n’est pas mort », affirme le Professeur Vinton Cerf. Ce dernier est un véritable symbole et ses travaux ont marqué notre ère ; celui de l’internet et la connectivité. Il est le co-créateur du Protocole Internet TCP/IP (Transmission Control Protocol/Internet Protocol), qui rend possible la connexion de tous les ordinateurs entre eux et sans qui, le world wide web n’aurait jamais fonctionné, ou encore d’autres technologies comme le Wi-Fi, les réseaux Lan ou encore la 4G. En 2005, le Professeur Vinton Cerf a rejoint le moteur de recherches Google comme Chief Internet Evangelist, dont il est le vice-président actuellement. « En 1973, lorsque nous avons conçu internet, nous ne savions même pas si cela allait fonctionner et combien de pays allaient être connectés. Il n’y avait pas le moteur de recherches Google à qui le demander », explique l’ingénieur et chercheur avec une pointe d’humour.
Les maisons du futur vont s’adapter de plus en plus à la présence humaine, selon le père de l’internet. Les pièces des maisons vont ainsi s’adapter à nos besoins en termes de lumière ou de température. Les objets du futur seront eux, équipés de capteurs, augmentant notre rapport sensoriel avec notre environnement et assurant une interface sensorielle avec l’internet. Ce que les spécialisent appellent « l’internet des objets ». Les voitures se conduiront sans chauffeurs et d’ailleurs Google a effectué des tests qui se sont révélés un succès, pour une conduite plus sûre. Ces Google Cars se pilotent d’elles-mêmes en se connectant à toutes sortes de données externes, comme le GPS, mais aussi en utilisant des capteurs sur 360°. Elles partagent ainsi les informations recueillies avec les autres automobiles pour une conduite plus sécurisée.
Le « Google Glass » est un autre projet issu du « Google X Lab », indique le vice-président du moteur de recherches. Il s’agit d’un programme de recherche et développement lancé par Google sur la création d’une paire de lunettes avec une réalité augmentée, grâce à une caméra intégrée, d’un micro, d’un pavé tactile sur l’une des branches, de mini-écrans et d’un accès à internet par Wi-Fi ou Bluetooth.
« Insist on IPv6 »
Le Pr Cerf, qui souffre de problèmes de surdité et qui lit sur les lèvres de ses interlocuteurs, enchaîne durant sa présentation, des mots techniques l’un après l’autre ; Cloud computing, Big Data ou encore IPV6, une étape inévitable compte tenu de l’épuisement du stock d’adresses du protocole internet IPv4 (Internet Protocol Version 4), mis en place dans les années 1970 et qui ne suffit plus aujourd’hui pour fournir une adresse IP à chacun des habitants de la planète, d’où la nécessité de basculer vers son successeur, l’IPv6 (Internet Protocol Version 6) qui rendront disponibles 667 millions de milliards d’adresses IP. Cette “migration” (ndlr : le Professeur Vinton Cerf n’aime pas trop le terme) vers l’IPv6 est cruciale afin de s’assurer que chaque utilisateur d’internet puisse continuer à communiquer. À l’époque, l’IPv4 permettait l’accès à un peu plus de 4 milliards d’adresses et c’était plus que suffisant et il était pratiquement inimaginable qu’il y aurait un jour suffisamment de machines sur un unique réseau pour que l’on commence à manquer d’adresses disponibles. « Don’t ask for IPv6, insist on it ! Insistez auprès de vos fournisseurs d’accès à l’internet (FAI) parce que nous avons besoin d’espaces additionnels pour progresser », martèle le Professeur Vinton Cerf. Et de rappeler que l’internet a un impact direct sur la croissance économique de chaque pays et aide à soutenir, entre autres, les petites et moyennes entreprises (PME) — qui à leur tour génèrent de l’emploi et contribuent grandement à l’économie. « Internet offre aux PME une visibilité sur le monde, cela leur permet d’exporter leurs services et produits vers l’extérieur », souligne le Professeur. Ouvrant une parenthèse sur l’Afrique, tout en concédant le fait que la majeure partie de la connexion à l’internet se fait par mobile, le Professeur Cerf conseille au continent africain « de ne pas attendre les autres pays et de se lancer dès maintenant dans le progrès technique » en parlant précisément du LTE (Long Term Evolution) ou de la 4G, l’évolution la plus récente des normes de téléphonie mobile.
L’assistance a également montré un intérêt pour le projet de Vinton Cerf, baptisé « Internet des étoiles » ou l’internet interplanétaire pour définir un nouveau protocole de communication entre les stations spatiales, les vaisseaux et les satellites artificiels.

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