Geet Gawaï : Le Dr Sarita Boodhoo pour une meilleure reconnaissance du bhojpuri

Les commémorations des quatre ans de l’inscription du geet gawaï sur la liste du patrimoine intangible de l’UNESCO ont été placées sous le signe de la conscientisation des changements climatiques. Ainsi, en ces temps de sécheresse, la Bhojpuri Speaking Union a choisi, mercredi, de faire découvrir au public une forme rare de chants en bhojpuri, le “Harparawri”, des chants traditionnels interprétés par les femmes, plus particulièrement les veuves pour invoquer le Dieu Indra, Dieu de l’orage et de la pluie pour qu’il pleuve.
Selon le Dr Sarita Boodhoo, présidente de la Bhojpuri Speaking Union, le thème choisi cette année s’inscrit dans un traité international, la Convention-cadre des Natons Unies sur les changements climatiques. À un moment, où la sécheresse s’accentue à Maurice, la BSU a fait le tour de l’île à la recherche des geetharines, ces gardiennes de la tradition orale qui ont secrètement sauvegardé ces rituels pour invoquer le Dieu Indra et aussi les autres divinités hindoues.

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Des recherches ont été effectuées sous la supervision de Rita Poonith, la responsable du Geet Gawaï School de Petit-Raffray, et les sociétaires de 50 écoles de geet gawaï ont été sollicitées pour aider à retrouver les rares geetharines du Harparawri, ce genre voué aux oubliettes et qui a été mis en valeur par les femmes mercredi à Phoenix. Ces chants traditionnels sont basés sur les rituels remontant au temps des Vedas. Ils étaient basés sur la culture des champs et la récolte et ont pris fin avec l’interprétation de la chanson culte, Pani Nai Ba.

Le Dr Sarita Boodhoo dit « s’inquiéter » de l’avenir du bhojpuri à Maurice qui « n’est pas reconnu à sa juste valeur », dit-elle. L’inscription du geet gawaï à l’UNESCO est « une source de fierté », mais elle constate avec regret que cette langue n’est pas enseignée dans les écoles. Elle a, cet effet, lancé un appel à Vinod Seegum, le président de la Government Teacher’s Union et qui avait œuvré pour l’introduction du Kreol mauricien dans les écoles, pour intégrer, cette fois, le bhojpuri dans le cursus scolaire.

« La préservation du bhojpuri est nécessaire du fait que l’UNESCO le considère comme le véhicule du geet gawaï. Il faut à tout prix que le bhojpuri, qui fait partie de notre riche héritage culturel, soit revalorisé dans les écoles pour l’éducation formelle et informelle. L’UNESCO considère le bhojpuri comme partie intégrante du geet gawaï et la culture intangible doit échapper aux motifs de la modernité et de la surcommercialisation », explique-t-elle, souhaitant l’introduction du bhojpuri au Parlement.

Les experts de l’UNESCO font un Periodic Reporting tous les trois ans et « il faut respecter les modalités définies par cette instance internationale au risque de voir l’inscription enlevée de la liste du patrimoine mondial », a soutenu le Dr Sarita Boodhoo. Dépendant de l’évolution de la pandémie de COVID-19, il se pourrait que le 5e anniversaire de l’inscription du geet gawaï soit célébré l’année prochaine au siège de l’UNESCO. Le Bhojpuri Mohatsav, prévu cette année, pourrait se tenir l’année prochaine. La BSU envisage aussi d’ouvrir une école de geet gawaï à Rodrigues.

Avinash Teeluck, le ministre des Arts et du Patrimoine culturel, a été très élogieux envers les geetharines qui ont transmis les valeurs ancestrales et les traditions orales de génération en génération et ont préservé l’authenticité des chansons en bhojpuri. « Il faut préserver à tout prix notre riche valeur culturelle et les rites qui y sont associés. Il y a tout un symbolisme derrière les rituels comme les sons émanant de la lota. Le geet gawaï a évolué avec le temps, mais cette forme artistique devra garder un cachet original. Le geet gawaï n’est pas une forme d’amusement, mais célèbre les étapes de la vie. La pluie a commencé à tomber après les répétitions du Harparawri et c’est bon signe, mais tout le monde reconnaît son importance aujourd’hui », dit-il. Le haut-commissaire de l’Inde à Maurice, Shri Tanmaya Lal, a déclaré qu’il quitte le pays « l’esprit tranquille, car les cultures ancestrales sont préservées contre vents et marées à Maurice ».

La Geet Gawaï Utsav 2020 a été une occasion pour récompenser les geetharines du Harparawri. Les présents, dont des bouquets, des “cash prizes” de Rs 2 000 et des châles ont été remis par Avinash Teeluck, Vijay Ramchurn, le président du National Heritage Fund, Vikram Jootun, le président de la MFDC et le Senior Project and Programme Officer, Vinay Bacorisen. Varun Nunkoo a, quant à lui, présenté un clip sur le changement climatique.

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