Depuis l’annonce de la hausse du prix de la bagasse pour les planteurs de canne à sucre, il y a deux semaines, cela après des décennies de lutte, les débats vont bon train au sein de l’industrie cannière. Bien que la majorité de ceux concernés semblent satisfaits de cette hausse de plus de 1 000 % — de Rs 125 par tonne de sucre à Rs 1 225 — un certain nombre estiment que le gouvernement aurait pu mieux faire, « car on a encore besoin des petits planteurs, qui représentent environ 40 % de la production du sucre, et de leur contribution à la production de l’électricité à partir de la bagasse ».
À la Médine Camp de Masque Cooperative Society, qui compte environ 500 membres produisant 4 100 tonnes annuellement, le secrétaire Sen Dabydoyal dit « apprécier l’initiative » du gouvernement concernant l’augmentation du prix de la bagasse. Mais, ajoute-t-il, « nous aurions été plus heureux si le prix était calculé sur la tonne de bagasse et non sur la tonne de sucre ». Selon lui, les planteurs subissent un manque à gagner conséquent avec la formule actuelle, qui consiste à calculer le prix de la bagasse à partir de la tonne de sucre produite.
Citant le rapport Landell Mills, Sen Dabydoyal indique qu’il recommande une redistribution des revenus obtenus par les Independent Power Producers (IPP) qui produisent de l’électricité à partir de la bagasse. « Cette recommandation est claire : ce sont les IPP qui doivent payer cette augmentation du prix de la bagasse. Dommage que le gouvernement fasse passer cette hausse aux consommateurs en imposant un levy de 15 % sur le sucre importé, un levy de Rs 20 sur le litre d’alcool et aussi une contribution à hauteur de Rs 137 M de la part du Central Electricity Board (CEB) dans le fonds qui sert à payer les planteurs pour leur bagasse », déclare-t-il.
De son côté, Dinesh Goburdhun, General Manager de la Mauritius Cooperative Agricultural Federation (MCAF), estime que cette hausse de plus de 1 000 % est toujours en dessous du montant que touchent les planteurs réunionnais pour leur bagasse. En effet, selon l’intervenant, à La Réunion ce sous-produit de la canne à sucre se vend à entre Rs 300 et Rs 400 la tonne, comparativement à Maurice où il se chiffre à Rs 9 la tonne, et bientôt porté à environ Rs 90 la tonne.
S’agissant d’un autre sous-produit de la canne à sucre qui est la mélasse, Dinesh Goburdhun réclame une hausse du prix accordé aux planteurs, « car on n’exporte plus ce produit maintenant ». Et de poursuivre : « Tout est vendu à Omnicane qui l’utilise dans la production de l’éthanol. Il n’y a, donc, aucun fret à payer. »
Commentant la baisse conséquente du nombre de planteurs qui abandonnent la culture de la canne — en raison de la baisse du prix du sucre sur le marché européen et de la hausse des coûts de production — Dinesh Goburdhun estime que la compensation de Rs 3 400 par tonne offerte par le gouvernement aux petits planteurs qui produisent moins de 60 tonnes de sucre, a sauvé un grand nombre d’entre eux de la faillite. D’où sa demande au gouvernement pour que cette compensation leur soit offerte à nouveau cette année.
INDUSTRIE CANNIÈRE : Bagasse, « Les planteurs satisfaits mais… »
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