INSTITUTION CENTENAIRE : La MSHS perd son procès contre le Seafarers Welfare Fund Board

En difficulté financière, contestée et sa survie même menacée, après 158 ans d’existence, la Mauritius Sailor’s Home Society (MSHS) s’était tournée vers la Cour suprême pour obtenir le droit à une révision judiciaire d’une décision du Seafarers Welfare Fund Board (SWFB) de lui priver de financement pour le fonctionnement de la Trevessa House, le centre de loisirs et de détente situé au Port franc, à Roche-Bois et dédié aux milliers de marins de passage au pays chaque année.
La direction de la MSHS — dont le président, M. Xavier d’Unienville, vient de jeter l’éponge — a perdu ce combat, les juges de Cour suprême ayant, entre autres, refusé, écrivent-ils, “de dicter au SWFB la façon de gérer ses affaires”. Toutefois, malgré cette déconvenue, la MSHS devrait pouvoir encore jouer un rôle important à l’avenir auprès des marins étrangers.
Selon nos informations, c’est la mission au pays, en début de ce mois, de M. Peter Tomlin, Deputy Chief Executive du Merchant Navy Welfare Board (MNWB), un organisme basé en Angleterre, qui aurait aidé à dégager une solution à l’amiable pour une meilleure gestion de la Trevessa House. Le principal reproche qui est fait à la MSHS est celui d’avoir voulu trop rapidement rentabiliser ses investissements (quelque Rs 38 millions) en transformant la Trevessa House en un hôtel commercial — c’est-à-dire du Profit making business —, alors que dans son essence et conforme à sa mission, elle devrait être un centre social à moindre coût pour marins de passage.
Un projet-pilote sur deux ans adopté
Après discussions avec plus d’une vingtaine d’acteurs importants dans le secteur maritime et avec des responsables du gouvernement, Peter Tomlin les avait mis en présence de plusieurs options. Parmi lesquelles, soit le gouvernement s’en aller aménager un autre coûteux centre d’accueil avec les deniers publics laissant la MSHS s’enliser dans ses problèmes avec la possibilité d’avoir à mettre la clé sous le paillasson, soit que toutes les parties s’entendent. C’est finalement un projet pilotes étalé sur deux ans et préconisant une réorganisation complète, une gestion commune transparente qui a été préférée à la place. En d’autres termes, une solution qui, à la fois, permettrait à la MSHS de préserver ses énormes investissements au sein de la Trevessa House et aux autres stakeholders du secteur maritime de faire entendre aussi leurs points de vue sur la gestion de l’institution. Outre la promesse de soumettre un rapport dans ce sens dans le plus bref délai, Peter Tomlin aurait également réussi l’exploit, ironise-t-on, d’intéresser le nouveau ministre de l’Economie océanique à faire un constat de visu de l’état de la Trevessa House. Prem Koonjoo s’y est effectivement rendu de bonne grâce, lundi 14 dernier, et en serait revenu, paraît-il, assez impressionné par le service disponible.
L’horizon éclairci
Il faut, toutefois, souligner que pour de nombreux observateurs indépendants, la MSHS se serait mise dans le pétrin de par son propre choix, sans doute un peu culotté. C’était celui d’avoir vendu son siège historique qu’était, jadis, le Merchant Navy Club, qui opérait dans le centre très commercial de Port-Louis il y a quelques années, pour ensuite réinvestir presque la totalité de la recette de la vente, environ Rs 38 millions, dans le réaménagement du Port Louis Seafarers’ Centre (autre appellation de la Trevessa House) sans cependant en être pleinement le propriétaire! L’intention derrière ce choix était, manifestement, de prendre ensuite entièrement le contrôle du centre à travers un transfert de titres de propriété arrangé avec le Diocèse de Port-Louis. Toutefois, le plan a tourné au cauchemar lorsque, d’une part, l’International Transport Federation Seafarers Trust (ITFST), organisme international qui, initialement, a également engagé gros (près de 1 million de dollars U.S) dans l’affaire, a opposé catégoriquement son véto et que, d’autre part, la corporation municipale de Port-Louis s’est, elle, retrouvée devant un imbroglio légal. La municipalité ne pouvait autoriser que le bail sur le terrain sur lequel la Trevessa House a été construite et qui la lie au Diocèse de Port-Louis, soit transféré à la Mauritius Sailor’s Home Society. 
Devant la tournure que prenaient les choses, et très remonté à l’idée que la Trevessa House soit éventuellement déviée de son objectif initial, l’ITFST avait délégué deux représentants à Maurice pour enquêter. Ces derniers, John Macleod et Abdulgani Serang, s’étaient fait assister par Dani Appave, un expert mauricien dans le domaine du droit du travail maritime. Ladite enquête devait établir que ni le Seafarers Welfare Board, une instance multipartite où siègent des représentants du gouvernement et des usagers du Port, ni non plus des délégués de la Maritime Transport and Port Employees Union et de la Professional Seafares’ Union n’étaient satisfaits que la Trevessa House soit devenue aujourd’hui beaucoup plus un up market hotel plutôt qu’un centre d’accueil et de loisirs pour les marins. De ce fait, très peu de marins peuvent y avoir accès. La Trevessa House avait, entre-temps, été dotée de chambres rénovées, d’un restaurant, d’un bar, d’un gymnase, d’une piscine et de salles de conférences.
Mais, tout est bien qui semble devoir bien finir. Avec le prochain rapport de Peter Tomlin, l’horizon pour Trevessa House pourrait semble devoir et la Mauritius Sailor’s Home Society serait ainsi en mesure de sauver ses millions de roupies… !

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