Journée internationale contre le trafic de drogues : CUT a besoin d’argent !

Le Collectif Urgence Toxida (CUT), organisation non-gouvernementale qui milite pour le recul de la consommation de drogues et un des principaux acteurs en matière de réduction des risques, craint pour son avenir financier.

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En effet, CUT, qui compte sur son principal bailleur de fonds, le Fonds mondial, envisage de mettre fin au financement des programmes visant à combattre le VIH à Maurice. Le sous-récipiendaire de l’enveloppe du Fond mondial est l’ONG Prévention Information et Lutte contre le Sida (PILS), tandis que CUT, qui prévient la transmission des infections par l’intermédiaire des injections de drogue intraveineuse, est un sous-sous récipiendaire du bailleur de fonds. 

Sans financement, CUT aura à réduire ses interventions sur le terrain et auprès de ses bénéficiaires. Ce qui veut aussi dire une régression dans la distribution de matériel, dont les seringues neuves et de préservatifs.

Si cela devient une malheureuse réalité, les maladies transmissibles telle que le VIH, l’hépatite C et la syphilis vont connaître une ascension. Chargée de programme du Collectif Urgence Toxida, Jamie Cartick explique que de janvier à mai dernier, parmi 93 personnes testées pour la syphilis, huit étaient positives à la maladie. Des 79 personnes testées pour l’hépatite C, 65 étaient positives. Et des 202 personnes testées pour le VIH, trois étaient positives.

Présent à Baie-du-Tombeau hier, CUT a tenu à marquer la journée Support, don’t punish, plaidoyer qui vise à combattre les politiques répressives contre les drogues et leurs usagers dans la région où il avait démarré ses activités il y a 15 ans. En 2021, 260 villes à travers le monde avaient organisé des activités Support, don’t punish.

Ces initiatives s’inscrivent dans le sillage du 26 juin, Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues. D’autre part, même si on en parle peu actuellement, la drogue dure et la drogue synthétique continuent à faire des dommages humains et collatéraux dans des foyers.

Jamie Cartick, chargée de programme :

« Tous nos projets pourraient être paralysés »

De combien d’argent avez-vous besoin pour poursuivre vos activités ?

D’habitude, le Fond mondial remet plus que les Rs 2 M — somme reçue pour la période de transition avant son départ —  à son principal bénéficiaire qui est l’État mauricien et son partenaire dans le combat contre le VIH. L’argent va à PILS, qui est un sous-bénéficiaire, lequel nous finance en tant que sous-sous-bénéficiaire. Le Global Fund se retire bientôt. Nous allons devoir combler ce manquement financier et nous savons pertinemment que la National Social Inclusion Foundation ne pourra pas le faire, car les entreprises ont généré peu de profit lors de ces deux dernières années. Nous recherchons un bailleur de fonds. Mais l’approbation des budgets prend du temps. Entre-temps, ce sont nos activités qui vont souffrir.

Justement, quels sont ces programmes qui risquent d’être paralysés ?

Quasiment tous nos projets pourraient être paralysés. Le budget que nous recevons du Fond mondial finance l’éducation des pairs, lesquels font le pont entre nous et nos bénéficiaires. Si nous arrêtons ce programme, les bénéficiaires n’auront plus la motivation de se rendre seuls dans des services de santé sans cet accompagnement qui les rassure. Ce qui voudrait dire que les risques de transmission des maladies vont augmenter. Nos bénéficiaires pourraient être davantage confrontés à des problèmes d’ordre légal découlant de la reprise de leurs activités ! On a constaté que dans des pays où le Fond mondial s’est retiré, le taux de VIH a pris l’ascenseur.

Quelle est la situation de la syphilis à Maurice ?

Déjà, sur le terrain, on a constaté que notre public cible n’est pas assez informé sur la syphilis et sur les maladies sexuellement transmissibles de manière générale. L’Integrated Biological Behavioural Study a démontré que la syphilis a augmenté de plus de 200% dans la population clé ces dix dernières années. Depuis deux ans, nous proposons des tests de dépistage de syphilis. La maladie ne régresse pas.

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