Pour marquer la 109e Journée mondiale des migrants et des réfugiés, intervenant lors de la célébration d’une messe solennelle en la Cathédrale Saint-Louis sur le thème Libres de choisir d’émigrer ou de rester, Mgr Jean Michaël Durhône a estimé que « qu’importe les communautés, Dieu ne fait aucune différence entre les êtres humains, et donne à tous une preuve d’amour de manière égale ». L’évêque de Port-Louis affirme que « les migrants et les réfugiés de Maurice sont venus par choix, pour travailler et pour subvenir aux besoins de leur famille ».
Mgr Durhône souligne que, cette année, le pape François invite « tous ceux qui se disent disciples du Christ, à accueillir, protéger, promouvoir et intégrer ces migrants dans la vie quotidienne ». De ce fait, il leur lance « un accueil chaleureux de bienvenue » tout en disant prier pour que « nous sachions tous nous aimer en frères ».
Josian Labonté, diacre, et également responsable du bureau dédié aux migrants, et mis en place l’an dernier par le diocèse de Port-Louis, se dit heureux que la messe dite à la Cathédrale Saint-Louis ait pu accueillir une petite communauté de Kenyans, travaillant chez Princes Tuna Mauritius, ainsi que d’autres venant du Kerala, des Philippines et de Madagascar .
« Le pape François nous invite à une culture de rencontre. Or, parfois même, ces communautés qui vivent à Maurice sont cloisonnées. L’Eglise les accompagne à travers des prêtres d’origines différentes, mais le pape va encore plus loin en nous invitant à accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les étrangers », exhorte l’évêque de Port-Louis. Ce qui, selon lui, résume très bien la manière d’agir souhaitée par le souverain pontife.
« En même temps, il s’agit de sensibiliser les Mauriciens à la cause des migrants et sur la manière dont nous devons les accueillir pour qu’ils se sentent intégrés. Car souvent, ils font face au regard et aux préjugés », dira-t-il encore.
Pour Josian Labonté, parler des migrants est important, car « nous avons tendance à oublier que ces personnes ont quitté leur pays, ainsi que leurs familles. A Maurice, nous avons des migrants qui travaillent, d’autres qui viennent étudier chez nous, mais aussi des réfugiés. » Ces six réfugiés sont encadrés par Caritas, en attendant une autre terre d’accueil.
« Les migrants font partie de notre quotidien. On les rencontre tous les jours. Ils sont plus de 50 000 à Maurice, et la plupart ont choisi de venir travailler à Maurice pour une raison qui leur est propre », ajoute-t-il.
De son côté, Mgr Durhône a demandé aux migrants présents de se sentir à l’ais à la Cathédrale Saint-Louis, qui les accueille à bras ouverts. S’adressant aux travailleurs étrangers, il dira : « beaucoup d’entre vous êtes ici pour travailler et subvenir aux besoins de votre famille, et s’il y a des injustices, vous les ressentirez. Dans l’Evangile, il est dit le dernier sera toujours le premier. Cela ne marche pas dans le cadre d’une vie de travail, mais cela marche dans la justice de Dieu, car Dieu ne fait aucune différence envers les êtres humains, entre les cultures et les traditions. Il voit l’homme à travers l’humanité. Il n’est pas question de justice en termes d’emploi, mais en termes de dignité. Que vous soyez Malgache, Kenyan, Indien ou Mauricien, Dieu pose son amour de manière égale sur chacun d’entre nous. »
Mgr Durhône estime par ailleurs que le thème choisi, Libre de choisir d’émigrer ou de rester, constitue « un appel à forte résonance du pape », car « qu’importe le pays où on émigre, l’homme gardera jusqu’au bout sa dignité ». Il ajoute : « des fois, nous pensons que les migrants viennent tirer le pain de la bouche des Mauriciens, mais il ne faut pas avoir ce genre d’idées, car le Mauricien choisit aussi quelquefois de s’exiler, de travailler ailleurs. » Aussi, selon lui, « il faut avoir un regard bienveillant sur les migrants et changer notre attitude ».
Le diocèse de Port-Louis a bien intégré cela, dit-il. Raison de la mise en place, en 2022, d’un bureau spécialement dédié aux migrants. « Nous sommes tous frères et sœurs. En tant que chrétiens, nous devons donc nous poser une grande question : quel est notre engagement envers les personnes d’autres origines ? Reconnaissons que ces migrants font partie de notre famille. Prenons conscience que, sur notre terre mauricienne, nous sommes aussi des migrants. Zis dodo ki ti andemik, pa nou ! Nous sommes tous des pèlerins sur cette terre », affirmera-t-il dans son langage propre à lui.