À LA CATHÉDRALE ST-LOUIS: Mgr Piat évoque le ressenti du prêtre dans l’épreuve

La réflexion de l’évêque de Port-Louis dans son homélie ce matin lors de la messe chrismale était axée sur la vocation du prêtre mais Mgr Maurice Piat a évoqué particulièrement les sentiments et les questionnements dans les moments difficiles. « Aujourd’hui, en ce jeudi saint les gestes et les paroles d’une simplicité désarmante que Jesus laisse au moment de mourir nous rappellent que notre vocation n’est pas de réussir, de régler les problèmes, de faire la Une. Nous sommes appelés à être comme Jésus, des hommes humbles qui du fond de leur faiblesse, de leur vulnérabilité, s’attachent simplement à aimer jusqu’au bout », a dit Mgr Piat aux prêtres ayant renouvelé ce matin, dans une cathédrale bondée de fidèles, leur engagement de sacerdoce pris le jour de leur ordination.
Rappelons que le Jeudi Saint, dans la tradition de l’Église catholique, est l’anniversaire de l’institution de l’Eucharistie et celui du sacerdoce. Dans sa note d’introduction au début de la messe, l’évêque de Port-Louis a demandé à l’assistance de rendre grâce à Dieu pour les prêtres mauriciens et étrangers qui sont à l’oeuvre du diocèse de Port-Louis ainsi que pour les nombreux prêtres mauriciens qui sont en mission ailleurs. L’évêque a pris le temps ce matin de mentionner les noms de tous ceux qui se trouvent à l’étranger et les pays où ils exercent leur sacerdoce. Il a eu une pensée particulière pour les prêtres malades et ceux qui sont décédés. Mgr Piat a remercié les fidèles catholiques pour leur soutien et pour leur collaboration au travail des prêtres. « Autant vous avez besoin de nos prêtres, autant nous avons besoin de vous », leur a dit l’évêque de Port-Louis.  
Dans son homélie, Mgr Piat a voulu faire prendre conscience que le prêtre « n’est pas un surhomme ».  Pour faire part de ses réflexions sur les épreuves que peuvent rencontrer les prêtres dans leur ministère, le chef de l’Église à Maurice a choisi une parabole racontant l’histoire d’un prêtre d’un autre diocèse qui se demandait s’il pourrait continuer son ministère tant il se sentait « perdu et déboussolé », expliquant comment celui-ci s’est finalement sorti de ses moments de détresse en portant secours à un chien malade. « Si lui, un prêtre, déboussolé, s’est laissé toucher par le hurlement d’un chien et s’est approché de lui, combien plus Dieu entend-il le cri de son prêtre qui n’en peut plus. Si lui, un prêtre fatigué, a pris tant de soin pour délivrer ce pauvre chien blessé gisant sur son tas d’ordure, avec combien plus d’affection Dieu, notre Père, ne se pencherait-il pas sur son prêtre déboussolé pour le délivrer des ténèbres et le conduire à la lumière ? » a lancé Mgr Piat.
Ces moments difficiles dans la vie des prêtres peuvent découler de plusieurs situations, notamment de critiques, d’un sentiment d’échec pastoral, d’un surmenage, d’une grande fatigue, d’une grande solitude, voire d’une certaine lassitude. Dans un partage fraternel avec les membres de son clergé ce matin, l’évêque reconnaît que tous les prêtres, dont il fait partie, « peuvent se sentir perdus quelquefois » et se sentent « impuissants » face aux problèmes et aux questions des gens qui se tournent vers eux pour obtenir une réponse. « Nous pouvons nous sentir faibles, démunis même, devant les immenses défis auxquels les familles de notre temps sont confrontées. » Mgr Piat appelle à une attitude « de grande humilité dans ces moments de fragilité » plutôt que de chercher à s’en sortir tout seul. Il renvoie donc les prêtres à l’attitude adoptée par Jésus au moment de sa mort. « Nous sommes appelés plus humblement à être des serviteurs fidèles qui croient en la puissance de la grâce de Dieu, qui aime à se déployer dans notre faiblesse. » Il leur demande aussi de ne pas oublier que la vocation principale du prêtre est la transmission « de la Bonne nouvelle de l’amour de Dieu » et à témoigner concrètement de cet amour de Dieu dans la vie de tous les jours. « Annonçons cette Bonne nouvelle, vivons-la non pas comme des sages et des savants, mais comme des pauvres. »

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