À LA MI-JOURNÉE: Plusieurs centaines de marcheurs contre la violence domestique

Plusieurs centaines de personnes, hommes, femmes et étudiants, se sont jointes aux familles des victimes de meurtres perpétrés par leurs conjoints ou amoureux depuis le début de l’année, pour dire non et pour dénoncer la violence sous toutes ses formes lors d’une marche pacifique à Port-Louis ce midi. Après une minute de silence en hommage aux quatre récentes victimes et des témoignages bouleversants de leurs proches, le cortège a quitté le Champ-de-Mars à 12 h 40, pour se rendre devant le bâtiment Emmanuel Anquetil à Port-Louis.
Rassemblés devant le tombeau Malartic au Champ-de-Mars, les proches des victimes ont témoigné de leur souffrance devant plusieurs centaines de Mauriciens dont des ministres, des parlementaires, des syndicalistes, des membres d’associations diverses et des élèves du secondaire de la région port-louisienne. Ils ont exhorté tout un chacun à dire non à la violence, évoquant la douleur qui les accable depuis qu’ils ont perdu leurs filles ou voisines. « Nou pa kapav aksepte la violans. Fodre pa ki ena enn lot Rachel ki perdi lavi ». Cri de douleur de Patricia Rose, mère de Rachel Rose, tuée le 26 janvier dernier par son petit ami. « Nous demandons à tout le monde de venir de l’avant et de refuser la violence sous toutes ses formes, qu’elle soit physique, verbale, sexuelle ou morale », poursuit la mère, toujours sous le choc.
Au tour de la voisine d’une des victimes d’évoquer la souffrance et le bouleversement de tout un village après le meurtre de Jayshree Soohun (35 ans). « Fodre viv li pou kone ki kalite soufrans sa », lance-t-elle, en insistant que la loi devrait être plus sévère à l’égard des auteurs des meurtres.
La mère de Deepa Takoordyal (33 ans), tuée et découpée par son époux à l’aide d’un « grinder » le 8 janvier dernier, a lancé un appel à tous les parents d’être toujours à l’écoute de leurs enfants et de dénoncer tout acte de violence. Selon elle, dans de telles situations, il ne faut pas attendre pour faire appel à la police. « Kan ou zanfan dir ou kitsoz, ou bizin ekout li et soutenir li », lance-t-elle.
Collen Manaroo, le père de Selvina Seeneevassen, a pris la parole pour dire à tout un chacun de dénoncer la violence. Pour lui, il est temps que cela s’arrête. Il remercie la ministre Mireille Martin pour son soutien aux familles des victimes.
Aux côtés de la ministre de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale, Sheila Bappoo, Mireille Martin devait condamner ces actes et exhorter les victimes de violence et surtout les familles qui ont tendance à cacher des situations de violence à venir de l’avant pour les dénoncer puisque sinon cela ne fait qu’empirer les situations. Elle estime qu’il faut un changement de mentalité. Elle invite chaque Mauricien à faire un examen de sa propre conscience pour se rendre compte dans quelle mesure l’on accepte et cautionne la violence. Pour elle, c’est une question de société également. « C’est la manière dont on élève nos enfants et l’exemple qu’on leur donne. Le refus de la violence commence par nous, à la maison. Le silence n’est pas une option ».
Après les témoignages et le discours de Mireille Martin, le cortège mené par les deux ministres et les proches des victimes a emprunté la rue Pope Henessy et s’est dirigé jusqu’au bâtiment Emmanuel Anquetil. Les manifestants scandaient des slogans tels que « vre zom pa bat fam ; protez nou zanfan ». A l’issue de cette marche pacifique, les participants ont exprimé leur colère en demandant des lois plus sévères pour punir les auteurs des délits. Au vu du nombre de participants à cette manifestation, la mère de Rachel Rose devait affirmer que cela enlevait un poids sur son coeur, même si cela ne lui rendra pas sa fille. Les autres proches se disent aussi touchés par ce geste.
Les participants se sont dispersés peu avant 13 heures.

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