LA RING ROAD : Une bombe à retardement pour la RDA

Au fil des jours, l’état de la première phase de la Ring Road à Port-Louis, construite au coût de Rs 1,2 milliard, continue à se dégrader au point de remettre en question la poursuite de ce projet d’infrastructure routière visant à décongestionner la circulation dans la capitale. Des spécialistes de la question n’écartent pas que l’affaissement systématiquement de la base de cette route au pied de la vallée des Guibies ne se transforme en une véritable bombe à retardement pour la sécurité des habitants de la région et également pour tous ceux engagés dans la réalisation de cet projet allant de la direction de la Road Development Authority aux contracteurs de Rehm-Grinaker/Colas.
Le ton devra monter d’un cran dès demain après-midi avec la descente des lieux prévue par le leader de l’opposition, Paul Bérenger, accompagné des parlementaires de l’opposition de la capitale.
Un constat effectué ce matin sur la partie de la Ring Road affectée par ces éboulements confirme une nette détérioration de la route comparativement aux fissures initiales notées sur l’asphalte sur une distance de 75 mètres au cours de la troisième semaine de janvier, à peine un an après la fin des travaux et avant même l’exploitation de ce tronçon de route. Depuis, les glissements sont devenus encore plus conséquents au point où la route se retrouve coupée en deux à certains endroits. D’énormes crevasses, dont certaines à hauteur d’homme et sur une distance de 18 à 20 mètres, ont également fait leur apparition, faisant craindre pour la sécurité alors que les trottoirs et autres travaux en bordure de route n’ont pas résisté aux mouvements enregistrés avec des dégâts conséquents à l’infrastructure.
Depuis la fin de la semaine dernière avec l’écroulement comme un jeu de cartes du mur de soutènement de la Ring Road, les craintes des habitants de la vallée des Guibies se sont accrues. Ceux installés dans les parages des écuries du Domaine Les Pailles appréhendent de voir la base de la Ring Road dévaler la pente pour porter atteinte à leur sécurité. Entre-temps, la Road Development Authority, le client pour les travaux au nom du ministère des Infrastructures publiques, confirme ces risques.
Dans un communiqué officiel, la RDA, qui dresse la chronologie des faits depuis la fin des travaux le 31 janvier de l’année dernières aux premières fissures du 24 janvier, concède que « in the meantime, the same stretch of road has deteriorated further. The Engineer has formally instructed the contractor on the 19 th February 2014 to take all precautionary measures to protect people, properties and structures, if so required ». L’écroulement du mur de soutènement de la Ring Road en fin de semaine n’a guère assuré les habitants des Guibies, qui vivent dans une véritable angoisse.
Ainsi, ils ont sollicité l’intervention de leurs représentants à l’Assemblée nationale pour soulever le dossier de la Ring Road et des risques potentiels à la sécurité dans les plateformes appropriées. La question a été abordée lors du bureau politique du MMM hier, avec le leader de l’opposition prenant la décision de se rendre sur les lieux demain après-midi pour un constat de visu avant de lancer une offensive contre le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques Anil Bachoo.
Jusqu’ici, le ministère de tutelle s’est contenté d’affirmer que des fonds publics ne seront nullement engagés dans les travaux de réhabilitation de la Ring Road. Toutefois, la responsabilité de la RDA, qui ajoute que « the contract provides for the repair of the damaged section by the contractor at their own costs », pourrait être engagée à la lumière des findings des consultants sur la qualité des travaux exécutés par les contracteurs de Rehm-Grinaker/Colas.
Étonnement
« La RDA se fait fort dans son dernier communiqué de dire que “this stretch of road including the retaining walls made of reinforced earth have been designed and built by the contractor”. Toutefois, la question que la RDA évite d’aborder est qui sont les autorités qui ont approuvé les spécifications techniques proposées par le contracteur ou encore qui a assuré le suivi des travaux exécutés sur la Ring Road ? Si ce n’est la RDA pour le compte du ministre, qui encore ? » soutient-on dans certains milieux à l’hôtel du gouvernement.
Entre-temps, les visites d’experts en génie civil ou en soil mechanics se multiplient sur le terrain en vue de soumettre des rapports au ministère de tutelle d’ici la semaine prochaine. Des ingénieurs d’Arab Consulting Engineers (Égypte) sont revenus sur le site en ce début de semaine et ne cachent pas leur étonnement devant la nette détérioration de la Ring Road. Du côté des contracteurs de Rehm-Grinaker/Colas, l’on préfère attendre les conclusions des analyses techniques tout en rejetant toute responsabilité dans l’affaissement de la Ring Road.
En dernier lieu, une correspondance anonyme portant de graves allégations sur le contrat de la construction de la Ring Road et évoquées par des membres de la BASECA, l’association des contracteurs de Maurice, a atterri à la State House et au Prime MInister’s Office. Mais il existe très peu de chances que ces accusations fassent l’objet d’enquête sous la Prevention of Corruption Act dans la conjoncture avec « the Road Development Authority wishing to reiterate its assurance to the public at large that it is closely monitoring the situation and that it will see to it that the contract provisions are respected and adhered to ».
L’autre volet de la bombe à retardement concerne la mise à exécution de la seconde phase du projet de la Ring Road et des travaux de forage dans la montagne des Signaux. Néanmoins, au ministère des Infrastructures publiques, l’on garde espoir que « the project will be on-going » et que les problèmes géomorphologiques de la première phase ne sont que localisés.

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