La souveraineté sur Diego Garcia, un noeud gordien à trancher

La souveraineté sur Diego Garcia, un noeud gordien à trancher

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   Au mépris de Port-Louis, Londres rassure Washington :
« US Base at Diego Garcia will be protected in any Handover of Islands »

   L’échéance du 22 novembre, marquant le 4e anniversaire du deadline imposé par l’ONU pour le départ sans condition des Anglais, évoquée pour un Progress Report sur l’accord en discussions

Bientôt, cela fera neuf mois que Port-Louis et Londres avaient annoncé simultanément des consultations en vue d’un accord pour conclure dans les meilleurs délais le processus de décolonisation de Maurice avec le départ sans condition des Britanniques de l’archipel. À ce jour, cinq rounds de négociations ont été complétés. Mais aucune indication officielle quant aux progrès réalisés en cours de route ou encore quel chemin il reste à parcourir. La principale pierre d’achoppement concerne le sort de Diego Garcia. Un noeud gordien à trancher à trois, soit Maurice, le Royaume-Uni et les États-Unis. Au point où les membres de The Chagos Islands All-Party Parliamentary Group (Chagos APPG) n’ont pu dissimuler leur énervement lors de la dernière rencontre de cette instance de la Chambre des Communes en date du12 juillet. La seule hypothèse évoquée est que la date du 22 novembre prochain, marquant le 4e anniversaire du deadline imposé par l’Assemblée Générale des Nations Unies pour le retrait sans condition des Britanniques de cette partie du territoire mauricien, pourrait s’avérer propice pour dévoiler un breakthrough dans les négociations bilatérales.

La dernière déclaration du British Foreign Secretary, James Cleverly, un pavé dans la mare, tente à faire comprendre que la résolution des Nations unies exigeant un retour de l’archipel des Chagos dans son intégralité à Maurice pourrait être encore flouted, comme il a été le cas pour l’Advisory Opinion de la Cour Internationale de Justice de La Haye. Bis Repetita Placent ! La pomme de discorde demeure le contrôle de l’île de Diego Garcia, où se trouve la base militaire et nucléaire des Américains dans l’océan Indien.

Le quotidien britannique Daily Mail, relayant la campagne contre le retour des Chagos sous le contrôle souverain de Maurice, rapporte une déclaration lourde de sens de Londres et confirmant le fossé entre Maurice et le Royaume-Uni au sujet de la base de Diego Garcia. Même si Maurice affirme qu’à aucun moment la base des Américains dans l’océan Indien ne sera compromise, avec un bail de 99 ans proposé, les autorités mauriciennes s’en tiennent au recouvrement souverain de tout le territoire de l’archipel.

Au-delà des nuances diplomatiques, la déclaration du Foreign Secretary, annoncé comme prochain Defence Secretary dans un imminent remaniement du gouvernement de Rishi Sunak, est des plus catégoriques : « US base at Diego Garcia will be protected in any handover of islands. » C’est la garantie fournie au cours de la semaine écoulée au secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, avec le Royaume-Uni usurpant les prérogatives souveraines de Maurice.

C’est du moins ce que rapporte ce quotidien britannique dans son édition de jeudi, soit « the British Foreign Secretary said Wednesday he had assured his US counterpart that any deal to hand an Indian Ocean island chain to Mauritius would ensure that American military operations could continue at the base on Diego Garcia in an unfettered way. »

Velléités des Anglais

Cette prise de position semblait vouloir dissiper les appréhensions au sujet d’une éventuelle présence de la République de Chine dans l’océan Indien, la thèse avancée pour bloquer le retour de l’archipel des Chagos à Maurice. Le Foreign Secretary, James Cleverly, va plus loin au sujet de l’importance stratégique de Diego Garcia, en affirmant au Daily Mail juste avant son départ pour Washington que « they know that I understand absolutely how important the operations on Diego Garcia are, and they know that we will absolutely protect them. » Aux États-Unis, la campagne anti-Chagos, territoire de Maurice, est menée au nom des républicains par Mike Waltz, présenté comme « a former Green Beret who chairs the readiness subcommittee of the House Armed Service Committee », qui s’est donné pour mandat de contrer « China’s growing economic ties with Mauritius as it seeks to expand its reach in the Indian Ocean. »

Compte tenu de la position affichée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, au sujet de l’intégrité territoriale des Chagos, cette posture politique et diplomatique des Britanniques représente un autre obstacle à surmonter sur la voie de la concrétisation de la Résolution 73/295 des Nations Unies en date du 22 mai 2019. À ce stade, aucune indication n’a transpiré de l’Hôtel du Gouvernement si cette déclaration a fat l’objet d’une Note Verbale du ministère des Affaires étrangères aux autorités britanniques ou encore si la question sera soulevée lors du prochain round de consultations.

D’aucuns affirment qu’à ce stade des échanges bilatéraux, il est d’importance capitale pour Port-Louis de souligner et de réaffirmer la souveraineté et les droits inaliénables de Maurice sur les Chagos comme il a été le cas lors d’un ruling de l’International Tribunal for the Law of the Sea (ITLOS) du 28 avril 2023 pour trancher le différend sur la délimitation de la frontière maritime entre Maurice et les Maldives au nord de l’archipel.

D’autres observateurs avancent que pour mettre à l’épreuve la bonne foi de Londres lors de ces consultations, qui traînent depuis le 3 novembre de l’année dernière, Maurice devrait soumettre une demande formelle au Royaume-Uni pour qu’il abandonne l’usage du terme de British Indian Ocean Territory pour décrire les Chagos. D’ailleurs, The Chagos Islands All Party Parliamentary Group, une instance de la Chambre des Communes soi-disant sympathique à la cause de Maurice, continue à afficher BIOT. Cette dernière appellation a toujours cours dans le Hansard des Anglais.

« Nous avons vu comment Londres s’est démenée au cours de la semaine dernière quand l’Union européenne a épousé le terme Malvinas, nom donné par les Argentins pour cette partie de leur territoire occupé par les Anglais, qu’ils appellent les Falklands. Si demain Londres déclare solennellement que le sigle BIOT est caduc, nous aurons de bonnes raisons de croire que le processus de décolonisation est complété comme souhaité par feu sir Anerood Jugnauth. Un simple geste qui peut faire toute la différence. Au cas contraire, Maurice devra rester sur ses gardes face aux velléités des Anglais » fait-on comprendre.

De leur côté, lors de leur réunion du 12 juillet, les membres de The Chagos Islands All Party Parliamentary Group ont passé en revue l’évolution tout en regrettant que la rencontre sollicitée avec le Foreign Secretary depuis le 25 novembre de l’année dernière soit restée sans réponse. Toutefois, les minutes of proceedings de ces délibérations spéculent sur l’échéance du 22 novembre prochain.

« The Group appreciated that as the meeting would focus on the current UK/Mauritius negotiations which were to have a fifth round this month, it was important for the Foreign Secretary to be in a position to discuss the outline of an agreement and the progress made so far. Members noted that the 4th anniversary of the UNGA’s deadline for implementing the ICJ Advisory Opinion is 22 November and that this was an opportune date for both countries to report to the UNGA on the settlement that had been or would be reached », note David Snoxell, coodonnateur de The Chagos Islands All Party Parliamentary Group.

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