L’après Covid-19 pour les entreprises : Le télétravail, oui, mais avec des pincettes

Nikola Geneviève, directeur de Good Harvest Insurance : « Toutes les raisons de penser que le télétravail est là pour durer »

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Suneeta Motala, Chief Marketing Officer d’AfrAsia : « Le fait d’être loin du lieu de travail pourrait engendrer un manque de concentration »

Les mesures imposées par le gouvernement pour ralentir la propagation de l’épidémie de Covid-19 ont conduit de nombreux employeurs à instaurer le télétravail dans l’urgence. Une semaine après le déconfinement, Week-End a rencontré des cadres d’ABC Motors, d’AfraSia Bank, d’Outremer Digital Solution, et de Good Harvest Insurance afin d’avoir leur ressenti sur les points forts et les faiblesses du travail à domicile dans l’optique d’établir si ce modèle est fait pour durer. L’impression qui se dégage est que cette option n’est absolument pas à écarter par ces entreprises, encore faut-il qu’elle permette d’accroître la productivité, disent les cadres. L’ingérence du travail dans la vie privée et la diminution des rapports sociaux avec les collègues de travail constituent néanmoins un obstacle.

Pour ou contre le télétravail ? La question ne se posait pas vraiment au moment du couvre-feu sanitaire dans la mesure où cette forme de travail a permis à de nombreuses entreprises de continuer tant bien que mal leurs activités. Nos quatre interlocuteurs sont d’accord sur le fait que le travail à domicile est source de nombreux avantages pour les employeurs autant que pour les salariés. « Par la nature de nos activités, qui sont axées sur la relation clientèle, nous avions plus d’une centaine d’employés, soit environ 13 % de notre effectif, qui travaillaient à la maison. Le télétravail a été d’une grande aide et d’ailleurs, quelques membres de notre équipe le pratiquent toujours », nous confie Andy Hau, Human Capital Manager du concessionnaire ABC Motors. à la lumière de cette expérience, ce dernier souligne que « le travail à distance mérite réflexion et pourrait être une piste éventuelle d’une nouvelle façon de fonctionner. Il peut être implémenté dans certains de nos départements qui ne requièrent pas de présence physique, notamment la comptabilité, le marketing ou encore la vente qui, de nos jours, peut se faire en ligne ».

Il y a d’autres entreprises qui ont mis la totalité ou la quasi-totalité de leurs employés en télétravail durant ces deux derniers mois. C’est le cas notamment d’AfrAsia Bank qui a échafaudé un plan spécifique bien avant le confinement pour permettre à ses 400 employés de travailler à domicile. « La clé était de maintenir une communication constante, claire et simple, avec toutes nos parties prenantes. Les récentes avancées technologiques ont rendu le télétravail plus facile qu’auparavant. Cela qui nous a permis d’offrir un service ponctuel à nos clients », indique Suneeta Motala, Chief Marketing Officer d’AfrAsia. Le fait de pouvoir éviter les embouteillages, ce qui implique une diminution des émissions de carbone, est une des raisons pour lesquelles la banque n’écarte pas la possibilité d’opter pour le travail à domicile. « En parlant à certains de nos employés, nous avons dressé le constat qu’ils gagneraient facilement au moins deux heures par jour simplement en évitant ce déplacement quotidien. C’est bon pour la productivité et pour l’écologie. Les entreprises ont également commencé à entrevoir les avantages, par exemple, la réduction potentielle des coûts immobiliers, de la bande passante et d’autres frais généraux », souligne Suneeta Motala.

La compagnie d’assurance Good Harvest Insurance, dont 90 % de son effectif ont travaillé à la maison durant le confinement, envisage aussi de poursuivre l’expérience, si l’on se fie à la déclaration de son directeur, Nikola Geneviève. « Nous avons toutes les raisons de penser que le télétravail est fait pour durer étant nettement plus écologique et plus économique. La juste mesure entre les activités nécessitant un contact direct avec des personnes et le  travail à distance doit être trouvée», souligne-t-il.

La sauvegarde de notre activité

La société Outremer Digital Solutions (ODS), qui exerce deux secteurs d’activités, la supervision de réseaux de télécommunication et les prestations de comptabilité, finance et moyens généraux, n’a pas attendu le confinement pour adopter le travail à domicile. « La quasi-totalité des employés travaillaient chez aux avant le confinement. L’effort de préparation n’a pas été le même selon le secteur d’activité concerné. Pour les IT-Supervision Réseau, les astreintes se faisaient déjà en travail à distance, les collaborateurs étaient donc équipés et organisés à domicile. En revanche, pour le secteur Finance-Comptabilité-Moyens Généraux, nous avons dû fournir des matériels nomades, adapter les processus d’accès et de sécurité aux applications métier et déployer des fonctionnalités de communication audio, visioconférence et chat à l’ensemble des collaborateurs », relate Frédérique Hebrard-Huguet, directrice d’ODS à Maurice. « Ne pas perdre du temps dans les transports a également apporté un grand confort. Sur certaines activités, les indicateurs sont même en amélioration en travail à domicile », ajoute-t-elle.

Certes, les avantages relatifs au télétravail sont multiples, mais certaines contraintes d’ordre structurelles et techniques pourraient constituer une barrière pour les entreprises. à cela s’ajoutent l’isolement et le manque d’interactions entre les collègues. Suneeta Motala, d’AfrAsia Bank, concède que « l’absence d’interactions humaines est pour nous un gros inconvénient. Le fait d’être loin du lieu de travail avec les bureaux et l’isolement accru pourraient engendrer un manque de concentration entraînant une diminution de la productivité en raison de distractions à la maison. Il y a aussi le risque de surmenage et le déséquilibre entre le travail et la vie personnelle ».

Nikola Genviève, de Good Harvest Insurance, est d’avis que « le manque de contact humain et la difficulté de dissocier les espaces consacrés au travail de ceux réservés à la vie privée restent les principaux défis de ce nouveau mode de travail. L’autre gros obstacle aujourd’hui, malgré l’évolution fulgurante des moyens de communication et la démocratisation de l’informatique, reste l’accessibilité à cette technologie pour bon nombre de personnes ».
La directrice d’Outremer Digital Solutions, Frédérique Hebrard-Huguet, abonde dans le même sens : « Beaucoup de salariés étaient contents de travailler à la maison. Pour d’autres cela a été difficile, en raison du contexte familial, de l’exiguïté du domicile ou pour les rotations de nuit, lorsque la connexion internet était trop défaillante et rendait le travail pénible. Pour eux, le travail au bureau est la bonne solution. La joie de retrouver ses collègues et cet espace de convivialité est indéniable, car c’est sur notre lieu de travail que nous avons construit notre cohésion et notre culture d’entreprise ». Frédérique Hebrard-Huguet conclut sur un point qui résume parfaitement l’état d’esprit des salariés et des employeurs aujourd’hui : « Dans le contexte de la Covid-19 et de ses conséquences désastreuses pour les entreprises, c’est la question de la sauvegarde de notre activité et des emplois qui demeure la grosse priorité. »

MEETYOURJOB : Plateforme en ligne pour free-lances

Connecter des travailleurs indépendants à des entreprises pour des missions à court, moyen et long termes, en réponse à la crise économique qui découle de laCovid19. Tel est l’objectif principal de MeetYourJob, qui lancera la première plateforme de free-lance à l’île Maurice, avec le soutien de CareerHub.

Selon les initiateurs du projet, “MeetYourJob espère pouvoir créer un écosystème capable de pallier la détérioration du marché du travail mauricien. Plus encore, selon Statistics Mauritius, les travailleurs indépendants constituent déjà 17, 9 % de la population active mauricienne, cela équivaut à 97 332 potentiels free-lances.” Ils ajoutent que “le principe est de permettre à chacun de pouvoir atteindre son indépendance financière selon ses propres termes, et d’y prendre du plaisir par la même occasion. Cette plateforme est une réflexion du passage d’un modèle vieillissant du travail vers une nouvelle catégorie d’entrepreneurs”. La plateforme regroupera ainsi deux natures de travail : les missions et les projets.

Par ailleurs, MeetYourJob propose de mettre en valeur les deux métiers de free-lance et d’intérimaire, pour l’heure encore méconnus du grand public. Aussi, les projets sont plus à destination des free-lances techniques (IT, Graphisme, Communication, Administration, etc), alors que les missions appellent plus à des compétences de terrain (restauration, transport, etc.). La plateforme va aussi permettre aux entreprises de réduire leurs coûts salariaux en leur permettant d’adopter des travailleurs flexibles.

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