Law & Order : Morcellements d’Albion, terrains de chasse des voyous  

19 ans après l’assassinat de Nadine Dantier, les terrains en friche prolifèrent toujours

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Les malfaiteurs ne reculent devant rien et jettent leur dévolu sur les animaux de compagnie

Les cas de vols et les tentatives de cambriolage ont atteint des seuils intolérables à Albion où pas un jour ne passe sans qu’un délit ne soit commis, instillant la peur et un sentiment d’insécurité parmi les riverains qui ne savent plus à quel saint se vouer pour que cesse ce marasme. Les zones les plus impactées sont les plus huppées, notamment à la rue Saint-Géran où deux individus ont été mis en déroute par une victime qui les a surpris en train d’ouvrir sa fenêtre. Les terrains en friche prolifèrent dans les quatre coins du village où les plus anciens habitants ne sont toujours pas libérés de la hantise du crime crapuleux, non élucidé, de Nadine Dantier, le 25 juin 2003. Une triste évidence dont a fait état Karen Foo Kune-Bacha, à deux reprises, au Parlement (voir plus loin), mais qui semble être tombée dans l’oreille d’un sourd. Le manque d’effectifs à la station de police d’Albion étant pointé du doigt par la députée.

Le village d’Albion n’est plus ce qu’il était il y a une décennie. Les morcellements résidentiels,  qui poussent comme des champignons, sont au nombre de 11, désormais, et un douzième est actuellement en construction, le morcellement Serenis constitué de 652 lots. Forcément, se livrant à un minutieux travail de repérage, les fieffés filous sont de plus en plus nombreux à écumer ces quartiers huppés où ils passent plusieurs jours à surveiller les allers et venues des propriétaires, avant de passer à l’acte. Les morcellements Splendid View, De Chazal, Belle-Vue Phare et Raffray demeurent les terrains de chasse privilégiés des malfaiteurs. Histoire de ne pas étouffer lors des fortes chaleurs estivales, bon nombre d’habitants laissaient leurs fenêtres, dépourvues d’antivol, entrouvertes. Une véritable incitation au vol. « J’ai vraiment fait preuve de naïveté en laissant une seule fois ma fenêtre ouverte un samedi matin, car il faisait une chaleur accablante. Je dois mon salut aux aboiements très insistants du chien de mon voisin qui m’a permis de suspendre un jeune homme tentant de pénétrer dans mon appartement », confie un riverain.

Ces deux voleurs, le visage dissimulé derrière un masque, ont tenté de pénétrer une maison à la rue Saint-Géran

Les malfaiteurs frappent d’ordinaire la nuit, soit entre minuit et 5h du matin, en repérant les maisons sans lumière et quand les gens ne sont pas encore rentrés du travail, à en croire les nombreux témoignages qu’on a recueillis durant ces trois dernières semaines. Certains profitent de fenêtres laissées ouvertes au rez-de-chaussée, alors que d’autres sont capables d’escalader un mur, de monter sur une voiture ou une poubelle, pour pénétrer par effraction aux étages, sans se soucier de la présence des caméras. Une habitante de la rue Saint-Géran en a fait l’amère expérience le mois dernier. Sous l’œil des caméras de vidéosurveillance, que Week-End s’est procurées, on voit nettement deux voleurs, le visage dissimulé derrière un masque, tentant de forcer une fenêtre. Les faits se sont produits à 2h du matin. Manque de pot pour les voleurs, les deux chiens de la propriétaire leur ont fait prendre leur jambe à leur cou.

Une police en sous-effectif

Les caméras de surveillance n’ont pas l’air, visiblement, de refroidir les ardeurs de ces bandes de voyous de plus en plus jeunes. Un habitant du morcellement Splendid View a subi pareille mésaventure lorsqu’en son absence, trois inconnus, arborant des cagoules, se sont introduits dans la cour de sa luxueuse maison en cours d’aménagement pour faire main basse sur des outils de jardinage qu’il venait tout juste d’acheter. « Le préjudice s’élève à Rs 5,000. Mon aménagement à Albion ne démarre pas sous les meilleurs auspices et avec mon épouse, on se demande ce qui se passera lorsqu’on devra laisser les enfants à la maison pendant le week-end pour aller bosser. La police n’a toujours pas mis la main sur les coupables », soutient le propriétaire des lieux qui n’a eu d’autre choix que de renforcer son système de sécurité en se procurant un dispositif de détecteur de mouvement, doté d’un capteur infrarouge, qu’il a installé dans sa cour.

Les malfaiteurs ne reculent devant rien et  jettent  leur dévolu sur les animaux de compagnie. On apprend que des chiens et une tortue ont subitement disparu de leur domicile au cours des dernières semaines. Le mode opératoire témoigne d’une grande rapidité de la part des cambrioleurs. Les équipements d′irrigation à pivot central automatique sont aussi la cible des filous ! Ce phénomène qui dure depuis des lustres ne semble pas diminuer et les faibles moyens déployés par la police d’Albion ne sont pas pour arranger les choses. Le conseiller du village et membre de la force d’Albion, Olivier Rose évoque « un effectif de quatre agents répartis sur cinq shifts dont celui qui est commis d’office devant la résidence de l’ancienne vice-présidente, Monique Ohsan-Bellepeau. Ainsi, donc, trois policiers par shift, ce qui est invraisemblable, compte tenu du nombre d’habitants qui a triplé à Albion ces dernières années. Pire, j’ai appris que seuls cinq limiers de la CID sont dédiés aux villages de Canot, Richelieu, Petite-Rivière et Albion. »

Deux profils se dégagent parmi les malfaiteurs. Ceux qui agissent par proximité et opportunisme en volant dans leur village, dont des groupes de jeunes parfaitement connus des habitants, et la délinquance venue des villages voisins. Et comme si ça ne suffisait pas, les habitants notent, depuis un certain temps, que des voyous se cachent ou errent dans les broussailles et les terrains en friche jouxtant leurs maisons, en quête de proies faciles. On aurait pu croire que les pouvoirs publics prêteraient une attention à ce phénomène. Il n’en a rien été, alors que cela fera 20 ans en 2023 que le cadavre de Nadine Dantier a été découvert dans un de ces terrains abandonnés. À quelques encablures du lieu du crime, nous avons rencontré Paule qui avait 42 ans à cette époque : « Ce jour sera à jamais gravé dans ma mémoire et depuis, je prends toutes les précautions qui puisse exister pour éviter que mes deux petits-enfants ne se retrouvent entre les griffes de ces voyous. » Cette frayeur, qui naît avec l’obscurité, contraint de nombreux habitants à faire en sorte d’accompagner leurs enfants après l’école.

Au Parlement

Karen Foo Kune-Bacha monte au créneau

La députée de la circonscription, Karen Foo Kune-Bacha est revenue à la charge, jeudi, lors des débats sur l’exercice budgétaire pour évoquer la recrudescence des délits perpétrés à Albion. Évoquant le fait qu’elle avait déjà soulevé ce point lors de l’ajournement des travaux du 26 octobre 2021 et que le Premier ministre lui avait promis de pallier le manque d’effectifs de la station de police d’Albion, la députée regrette que rien n’ait été fait à ce stade. Elle en veut pour preuve « l’épisode du 27 avril 2022, lorsque des habitants du morcellement Splendid View ont appelé la station d’Albion pour chercher de l’aide après un accident de voiture qui a eu lieu devant chez eux. Or,  ils ont été surpris d’apprendre que les policiers ne pourraient leur prêter main forte car ils n’étaient qu’à deux dans la station ! »

Karen Foo Kune-Bacha a aussi fait ressortir que « le 5 juin 2022, la police a été alertée qu’un cambriolage était en train d’être commis, mais les policiers n’ont pu venir en aide car ils n’étaient qu’à deux également. » Là où le bât blesse, selon elle, c’est les sommes d’argent importantes mises à la disposition des forces de police : « Rs 10,9 milliards ont été engloutis sans qu’elles n’aient les effets escomptés. Je renouvelle mon appel pour accroître l’effectif de la police pour qu’il puisse offrir un service digne de ce nom aux habitants. »  Notons, par ailleurs, que le conseiller du village Olivier Rose a fait parvenir, le 5 juin, une troisième missive à l’intention du  Commissaire de police, Anil Kumar Dip pour renouveler ses demandes quant à un renforcement, d’une part, de l’effectif de la station d’Albion et, de l’autre, de la CID, de remettre en selle la CID d’Albion.

 

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