Le Kreol Morisien au HSC : Pour une éducation inclusive et équitable

Le 21 février, nous avons célébré la Journée internationale de la langue maternelle. Les travaux scientifiques ont montré que l’apprentissage dans sa langue maternelle ou dans une langue que l’on maîtrise bien améliore la compréhension, l’estime de soi, l’esprit critique, la rétention et la participation des élèves, ce qui se traduit généralement par de meilleures performances académiques. C’est ainsi qu’en 2012, le Kreol Morisien (KM) a été introduit après de nombreuses années de débats et de lutte, dans le cycle primaire, offrant ainsi aux élèves la possibilité d’étudier cette matière dans leur langue maternelle.

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Cependant, une fois arrivés au cycle secondaire, les élèves se retrouvent soit dans des collèges où le KM n’était pas enseigné, ou bien il était enseigné uniquement jusqu’en Grade 9 (National Certificate of Education). En 2021, Affirmative Action a pris position et rencontré les autorités pour qu’une solution soit trouvée pour l’introduction et la poursuite de l’enseignement du KM en Grade 10 et Grade 11 (School Certificate). Deux ans plus tard (en 2024), nous sommes désormais confrontés à la nécessité de relancer le combat pour l’introduction du KM au Higher School Certificate (HSC).

Le programme pour l’enseignement du KM au HSC est déjà élaboré, et les obstacles soulevés par la ministre de l’Éducation concernant le manque de conditions favorables à son introduction peuvent être rapidement résolus, selon les experts du domaine tels que l’Université de Maurice, le Mauritius Institute of Education, la Creole Speaking Union et l’Akademi Kreol Repiblik Moris.

Alors, pourquoi prendre en otage la progression du Kreol Morisien dans le système éducatif ainsi que l’avenir des élèves qui ont choisi le KM jusqu’au School Certificate (SC) ? Ces élèves ne méritent-ils pas de poursuivre leur apprentissage comme leurs camarades qui ont fait le choix d’une autre langue optionnelle (Hindi, Marathi, Modern Standard Chinese,Telegu, Urdu) ?

Pourquoi les résultats du KM ne sont-ils pas intégrés dans les statistiques du School Certificate de 2023 sur le site du MES ? Une simple mention est faite dans la rubrique « Breakdown of the number of credits obtained by School Candidates entered for ‘SC’ (including Kreol Morisien at NSC) ». À ce jour, le site du MES ne mentionne aucune statistique sur le KM, ni le nombre d’élèves ayant participé aux examens du KM, ni le taux de réussite, ni le nombre de crédits obtenus.

Les seules informations disponibles sur le KM proviennent du Prof. Vassen Naeck, président de la National Examination Board (NEB), lors de son intervention à la conférence de presse du MES le 19 janvier 2024 pour annoncer les résultats du School Certificate, et elles ont été reprises dans la presse. Des résultats remarquables ont été enregistrés : sur les 188 candidats ayant participé aux examens du SC en KM en 2023,
181 ont réussi, soit un taux de réussite de 96,28 %. Dix candidats ont obtenu la mention A+, 15 la mention A et 129 les mentions B et C. Ces succès doivent être intégrés de manière transparente et complète dans les statistiques officielles du SC de 2023 sur le site du MES. A-t-on peur que le KM suscite l’intérêt d’un plus grand nombre d’élèves et prenne le dessus sur d’autres langues optionnelles ?

Cette omission soulève des questions sur la reconnaissance pleine et entière du KM dans notre système éducatif et sur la transparence dans la communication des réussites des élèves. Il semble que la réussite des élèves du KM n’est ni reconnue, ni valorisée, laissant un sentiment de discrimination envers ces élèves.

Les autorités concernées devraient revoir leur position sur l’introduction du KM au programme du HSC. Chez Affirmative Action, nous continuerons notre lutte contre la discrimination et redoublerons d’efforts pour promouvoir la reconnaissance et la valorisation du KM dans notre système éducatif jusqu’au HSC. Il est temps que les succès et les progrès réalisés dans l’enseignement et l’apprentissage du KM soient pleinement reconnus et célébrés, afin de renforcer davantage sa place légitime dans notre patrimoine culturel, linguistique et éducatif.

 

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