Le monde de l’emploi : L’insatisfaction au travail et l’émigration liées

La société d’études Analysis, affiliée à Kantar, a présenté durant la semaine un rapport sur les employés mauriciens et sur leurs aspirations et appréhensions. 780 individus ont ainsi été sollicités pour répondre aux questions des chercheurs, révélant, entre autres, que 70% des employés se disant non satisfaits de leur travail envisagent de partir vivre à l’étranger. Face au phénomène grandissant de fuite de cerveaux, souvent attribuée aux jeunes diplômés, ces nouveaux éléments donnent des pistes sur comment retenir les meilleurs éléments dans le pays, dans un contexte socio-économique éprouvant.

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Le rapport révèle que 52% de la population en âge de travailler sont actifs, et que 31% des managers sont des femmes. Avec un marché de l’emploi en pleine transition, il est indiqué que le rapport entre l’offre et la demande reste difficile, et que l’état mental est plus fragile chez les femmes et les jeunes. Ainsi, pour 79% des répondants, le travail est synonyme de sécurité financière et la rémunération influe directement sur la satisfaction par rapport à l’emploi. En outre, le manque de valorisation semble décourager les employés et les pousser vers la porte. 59% des répondants souhaitent que leur entreprise améliore sa communication interne et penchent pour plus de flexibilité et le Work From Home (WFH), d’autant que 64% des répondants ne sont jamais en WFH.
Selon le rapport, 51% des répondants préfèrent un manager qui donne de l’autonomie et de la confiance. Est aussi indiquée que l’insatisfaction des salariés les encourage plus souvent à quitter le pays.

Méthodologie  qualitative et quantitative
Ainsi, 70% des employés qui ne sont pas satisfaits de leur travail envisagent de partir vivre à l’étranger. Pour Nathalie Job, co-Chief Executive Officer d’Analysis, « l’étude met en évidence des pistes d’amélioration très claires. Si les entreprises pensent bien faire et s’efforcent de répondre aux attentes, les résultats montrent qu’elles peuvent aller plus loin. La satisfaction au travail reste globalement positive, mais se situe à un niveau moyen. Les répondants expriment une perception mitigée concernant plusieurs dimensions clés : la rémunération, la qualité du management, l’accès à la formation, les politiques de flexi-time et plus largement l’ensemble de ce qu’on regroupe sous le terme Employee Value Proposition (EVP). »

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Elle poursuit qu’« il apparaît qu’au-delà d’un positionnement ou d’un discours, ces éléments doivent s’incarner dans des engagements concrets et visibles. L’étude souligne également l’importance de deux attentes transversales : la transparence et la méritocratie, aussi bien à l’intérieur de l’entreprise que dans la société en général. Ces principes sont jugés essentiels par l’ensemble des actifs interrogés, et encore plus fortement par les jeunes générations. Pour que ces promesses aient un impact réel, il faut que chacun puisse y croire. »

Virginie Villeneuve, Project Strategist chez Analysis, explique que « la méthodologie adoptée est à la fois qualitative et quantitative. Quinze entretiens semi-directifs ont été menés auprès de travailleurs issus de différents horizon, secteur privé, public, travailleurs indépendants, pour aller en profondeur sur leurs attentes vis-à-vis du travail. Ces entretiens d’environ deux heures ont permis de mieux comprendre leur vécu et leurs aspirations. En complément, une enquête quantitative a été conduite auprès de 780 employés mauriciens, un échantillon largement représentatif. »

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Elle poursuit que « l’objectif était clair : mieux comprendre les mutations du rapport au travail, souvent évoquées sous l’angle des valeurs, de la quête de sens, de l’équilibre de vie. Nous voulions appuyer ces notions sur des données tangibles et offrir des réponses concrètes adaptées au contexte mauricien. L’étude permet ainsi de déconstruire certains mythes. Par exemple, 8 employés sur 10 déclarent se lever chaque matin principalement pour gagner leur vie. Le facteur financier reste, donc, le moteur principal du travail. Mais il ne s’agit pas uniquement d’argent : ce levier permet d’accéder à un certain mode de vie, à un épanouissement personnel, qui sont aussi des composantes essentielles de la satisfaction. »

La coexistence entre vie professionnelle et vie personnelle
Et ajoute qu’ « un autre enseignement fort concerne la recherche d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle : pour 70% des répondants, il s’agit du premier critère lorsqu’ils envisagent un emploi. C’est un point majeur. Enfin, l’étude révèle des différences marquées selon les profils : la satisfaction au travail est globalement plus élevée chez les hommes plus âgés, alors qu’elle s’avère nettement plus fragile chez les femmes et les jeunes, qui semblent rencontrer davantage de difficultés à trouver leur place dans le monde professionnel. »

Marie Helene Walter, psychothérapeute dans l’approche centrée sur la personne (ACP), formatrice, coach et superviseure avance, elle, que « le sens du travail est une question essentielle aujourd’hui. Il existe une génération, la mienne, pour qui le travail ne définit plus l’intégralité de la vie. À l’inverse, pour celle de nos parents, le travail représentait souvent l’unique pilier de l’existence. Ce glissement marque une véritable transformation sociétale. Le rapport au travail de la génération Z a pris une autre direction. Il faut les écouter, les accompagner, car ils y projettent d’autres valeurs. »

Marie Helene Walter soutient aussi que « durant l’événement, plusieurs interventions du public ont mis en évidence un constat partagé : les valeurs des entreprises ne sont souvent plus alignées avec celles des jeunes générations. Dans mon cabinet, je reçois des personnes en fin de carrière, majoritairement des hommes, qui, une fois à la retraite, se retrouvent démunis, sans repères, parfois même en dépression. Ils ont perdu le sens, car leur vie entière était organisée autour du travail. Ce que révèle ce rapport, c’est justement qu’un autre modèle est en train d’émerger, une autre manière de considérer la place du travail dans la vie. Il devient impératif de reconnaître la coexistence entre vie professionnelle et vie personnelle, et la volonté croissante d’un équilibre entre les deux. »

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