Le Val : les planteurs de cresson déplorent le manque d’eau et le laisser-aller  

Le Val Nature Park, autrefois lieu touristique et familial, n’est plus que l’ombre de ce qu’il était. Dans un état d’abandon depuis quelques années, il est fermé au public. Seules les cressonnières permettent encore une activité rentable au parc. Toutefois, certaines sont aujourd’hui à sec en raison d’un problème d’approvisionnement en eau. Selon des planteurs, les canaux sont obstrués depuis le passage du cyclone Batsirai.

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« Le Val Nature Park est un lieu incontournable de votre voyage à l’île Maurice. Propice à la découverte et à la relaxation, ce parc a tout pour vous séduire. Offrant un panorama imprenable sur l’île Maurice et sur une végétation luxuriante, vous aurez l’occasion de prendre certaines des plus belles photos que vous pourrez ramener chez vous. » Cette description du parc situé à Cluny, dans le Sud, vient d’un site internet touristique. Ce n’est pas le seul d’ailleurs à vanter les mérites de cet espace de verdure, photos à l’appui. Sauf que la réalité est toute autre. Cela fait en effet bien longtemps que cette image carte postale ne cadre plus avec l’état actuel du parc.

Autrefois géré par la propriété sucrière de Rose-Belle, il est aujourd’hui sous la responsabilité de la State Investment Company (SIC), sous l’entité Le Val Development Co Ltd. De 1994 à 2012, le parc était confié à l’homme d’affaires Bissoon Mungroo, proche du MSM, qui par la suite a été contraint de vider les lieux suite à un litige légal avec l’État. Depuis, tout est tombé en ruine. La salle, qui autrefois était utilisée pour les réceptions, est dans un piteux état. Quant aux serres d’anthurium, elles ont laissé la place à des plantes invasives. Et on dit que les rails ont été vendus…

Les seuls signes de vie qu’il y a aujourd’hui au Val Nature Park, ce sont les allers-retours des planteurs de cresson, qui poursuivent leurs activités en dépit du fait que le parc est à l’abandon. Car l’une des richesses du parc, c’est justement sa source d’eau fraîche. Ce qui a permis l’aménagement d’une dizaine de cressonnières sur les lieux, voire plus. Certains planteurs sont là depuis des générations. Mais ces jours-ci, les affaires sont devenues compliquées. Avec des problèmes de canalisation d’eau qui affectent certains bassins.

Un planteur témoigne que, depuis le passage du cyclone Batsirai, en février dernier, le canal conduisant l’eau vers les cressonnières est obstrué. « Des arbres ont été déracinés et sont tombés dans ce canal, avec des racines plus hautes que moi. Depuis, l’eau ne s’écoule plus comme avant. Certains bassins ne sont plus alimentés. Il y a même un bassin qui a éclaté », dit-il.

Ce dernier affirme que la SIC a été informée de la situation, mais que rien n’a été fait jusqu’ici. « Nous payons Rs 7 500 pour l’exploitation d’une surface d’un arpent par mois. Sur un an, cela fait Rs 90 000. On ne peut payer une telle somme sans pouvoir récolter le fruit de nos efforts. » Il faut dire que tous les bassins ne sont pas affectés, mais surtout ceux qui sont les plus éloignés de la source.

Selon les planteurs, il faudrait une machine pour retirer ce gros arbre pour que l’eau puis s’écouler comme avant vers les cressonnières. « On se donne beaucoup de peine pour cette activité. Il faut planter, entretenir les bassins, mettre de l’engrais, des insecticides… Sans compter que tout a augmenté depuis quelque temps. Le prix de l’insecticide, par exemple, a doublé en un an. Le diesel pour notre transport a pris l’ascenseur. Si maintenant nos récoltes sont aussi affectées, nous n’allons pas nous en sortir. »

Ce dernier se dit nostalgique du temps où la propriété sucrière de Rose-Belle gérait le parc. « C’était une beauté. On venait là en famille. Il y avait des poissons dans les bassins et on organisait même des mariages dans la salle de réception au bord de l’eau. Aujourd’hui, tout est en ruine. C’est chagrinant. »

Avec l’été qui arrive, les craintes sont d’autant plus grandes. Le cresson, disent les planteurs, « c’est comme la pomme d’amour : il y a un moment où ça pousse en abondance, et le prix chute sur le marché, et un autre où la récolte est moindre et les prix grimpent ».

La SIC renvoie la balle aux planteurs

Sollicité sur les doléances des planteurs, un officier de la SIC déclare que le nettoyage a bien été fait après le passage du cyclone Batsirai. « Nous avons eu une réunion avec les planteurs et nous leur avons expliqué que chacun doit s’occuper du nettoyage de ses bassins. Nous ne pouvons le faire à leur place. Ce qui se passe, c’est qu’il y a des désaccords entre eux. »

Concernant l’arbre qui obstruerait le canal avec ses racines, le préposé affirme que tel n’est pas le cas. Pour ce qui est de la réhabilitation du parc, il avance qu’un projet est déjà en cours.

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