Le vicaire général Georgy Kenny : “j’ai cru que c’était la fin pour moi !”

Ce lundi 15 janvier, le vicaire général du diocèse de Port-Louis, le père Georgy Kenny, avoue avoir “vu la mort en face !” Et pour cause, il était au volant de sa Mitsubishi blanche et se trouvait parmi les voitures qui ont été bloquées avec la montée des eaux à La-Chaussée, dans la capitale.

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 » Lundi dernier, un bon nombre de mes confrères prêtres et moi-même étions présents à l’évêché pour une réunion. À l’issue de laquelle, à la mi-journée, certains parmi nous sont restés pour déjeuner, tandis que d’autres ont préféré reprendre la route et rentrer. J’étais de ceux-là. Je pensais prendre la rue Jemmapes et longer les Barracks pour sortir de Port-Louis », déclare-t-il.
Or, à peine s’est-il engagé à La-Chaussée “que je me suis retrouvé immobilisé, avec une foule d’autres voitures autour de moi ! Les trottoirs, eux, étaient bondés de passants qui se pressaient pour rentrer chez eux.”

En une fraction de seconde, raconte le vicaire général, “j’ai senti et vu l’eau monter dans ma voiture…” Son premier réflexe est de sortir de l’auto. Mais quand j’ai actionné la manette, la portière était coincée. « Je suis parvenu à baisser la vitre, pour appeler au secours.” À ce moment précis, raconte celui qui n’avait jamais vécu “une expérience aussi traumatisante, je me suis dit que c’était la fin, pour moi…”

Gardant son sang-froid, le père Georgy Kenny explique comment “un homme s’est approché de ma voiture, et ensemble, nous avons lutté avec la portière, qui a fini par céder, et s’ouvrir.” Une fois qu’il a pu quitter son véhicule, le vicaire général confie qu’“en regardant autour de moi, c’était une scène hors de la réalité… Dimounn ti pe galoup partou, dan tou direksion. Chacun aidait son prochain comme il le pouvait.” Se mettant lui-aussi à l’ouvrage, le prêtre concède “je priais tout le temps, au fond de mon coeur. Et je ne sais comment mais j’ai gardé la tête sur les épaules, tout le temps, sans céder à la panique.” Pourtant, souligne-t-il, “autour, c’était le chaos…”
Préférant abandonner sa voiture où elle s’était immobilisée, le père Kenny s’est frayé un chemin, “passant par les rues Edith Cavell, St-Georges et Labourdonnais, pour regagner l’évêché. Cela m’a évidemment pris de longues minutes.” Il devait choisir scrupuleusement son parcours, pour éviter de se retrouver pris dans les eaux déchaînées dévalant es rues de la capitale.

“Avec le recul, après que j’ai pu réfléchir et faire le point sur ce que j’ai vécu, je demande à tout un chacun de prendre ses responsabilités devant ce qui s’est passé. Cette expérience traumatisante étant désormais derrière nous, nous devons maintenant en tirer des leçons, tous autant que nous sommes, simples citoyens, décideurs, autorités… Après ces spectacles de désolation dont j’ai été témoin, comme tant d’autres Mauriciens, je suis d’avis que nous devons, tous ensemble, trouver des pistes de solutions et agir pour que personne ne vive plus jamais cela !” partage le vicaire-général.

A juste titre, il fait remarquer qu’“en deux heures, Port-Louis s’est transformé en un bassin à ciel ouvert, avec des voitures et toutes sortes de véhicules qui flottaient… Hélas ! il y a eu des victimes à déplorer. Nous devons tout mettre en oeuvre pour que de telles situations ne se reproduisent plus.” Aux alentours de 16h, “quand j’ai finalement eu un lift de quelqu’un qui allait dans la même direction que moi, je suis repassé devant Le-Caudan et toutes ces rues où quelques minutes auparavant j’ai failli laisser ma vie…” Tout était redevenu à la normale, termine le Vicaire Général. “C’est comme si j’avais fait un terrible cauchemar…”

 

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