(Legend Hill) Après la visite du chantier : La balle est dans le camp du conseil de district

Le combat continue. Jeudi, à la demande des trois conseils de village contestataires du projet Legend Hill, des membres du conseil de district de Rivière Noire ont effectué une visite du chantier à La Tourelle, Tamarin. Une visite qui semble avoir confirmé les doutes et interrogations des contestataires : le chantier présente bien des failles et les dégâts sont bel et bien réels, mais encore faudrait-il que tout cela soit prouvé et approuvé par le technicien du conseil de district dans son rapport qui décidera de la continuation ou pas des travaux.

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Ils ne baissent pas les bras. Les contestataires gardent espoir, même si les deux techniciens indépendants qu’ils avaient sollicités, nommément Vassen Kauppaymoothoo et Sébastien Mallart, n’ont pas été autorisés à participer à la visite du chantier avec les conseillers du village du district de Rivière Noire. Ainsi, seul l’ingénieur du conseil dudit district était présent sur le chantier pour évaluer techniquement l’étendue des dégâts et pour dire si oui ou non les travaux peuvent continuer. Si ces conclusions vont dans le sens du promoteur MJ Développement, les trois demandes de Stop Order des conseils de village de Rivière Noire, Tamarin et Gros Cailloux seront caduques. Une incohérence pour les contestataires, car «comment cet ingénieur qui travaille pour le conseil de district, qui a approuvé le projet, pourra donner une conclusion
objective ?
» se demande un des habitants sur place.

En effet, ils ont tenu à être présents eux aussi, jeudi, même s’ils savaient qu’ils n’avaient aucune chance d’avoir accès au chantier. Avec quelques membres du collectif citoyen apolitique SOS Tamarin, ainsi que les deux députés Joanna Bérenger et Fabrice David présents depuis le début des contestations, les habitants de Carré d’As, petite conglomération de 45 familles située juste en face de l’entrée de Plantation Marguery, sont fatigués. Fatigués, car cela fait des mois depuis qu’ils ne dorment plus et qu’ils sont obligés de vivre avec la poussière des constructions. Car en plus du chantier de Legend Hill, un autre chantier est en cours à côté de ce dernier.

Sindy est mère de quatre enfants. La Tourelle, elle la connaît par cœur, car c’est à Carré d’As qu’elle est née, il y a déjà 31 ans. «Nos enfants souffrent d’asthme. Les camions qui font le va-et-vient à longueur de journée devant chez nous soulèvent la poussière qui s’est amassée à cause du chantier et nos enfants ont du mal à respirer», nous dit-elle.

Les habitants avant tout

Comme elle, plusieurs enfants se sont mis devant leur porte pour attendre l’autocar du conseil de district rempli de conseillers qui n’ont même pas daigné leur accorder un regard… comme toutes les berlines qui sont passées plusieurs fois devant eux, d’ailleurs. Sans doute qu’à cette misère, ils ont fini par s’y habituer. Pieds nus dans la gadoue, ces enfants assistent impuissants à la destruction de leur montagne.

«L’on a construit ce barrage (ndlr : un parapet d’à peine un demi-mètre) pour éviter que l’eau ne rentre dans nos maisons quand il pleut, mais cela ne sert pas à grand-chose, car il y a un arbre dans ma maison et quand il pleut, toute l’eau ruisselle dans mon salon. J’ai dû changer trois fois de tapis dans ma maison. Les autorités ne veulent pas que je coupe l’arbre, c’est drôle, car on voit bien qu’ailleurs elles n’hésitent pas à en couper », confie la trentenaire. Des maisons en tôle, collées l’un à l’autre, à une route d’un des plus luxueux morcellements de cette partie de l’île. L’on s’imagine bien comment cela doit être le jour de grosses pluies.

En plus de Carré d’As, il y a les habitants de Plantation Marguery. Beaucoup plus discrets, eux aussi subissent depuis plusieurs mois les effets du chantier sur la montagne, car les camions, les pelleteuses et autres ont eu droit de passage devant chez eux pour accéder au chantier se trouvant sur le flanc de la montagne. La poussière, le tapage et l’état des routes, ils en ont ras-le-bol. Ainsi, en plus des demandes de Stop Order émises par les conseillers, les habitants préparent de leur côté une injonction pour tenter de stopper les travaux. Mais la partie est loin d’être gagnée.

«La visite a montré qu’il y a des failles et des dégâts, mais cela ne veut pas dire que la partie est gagnée, car maintenant c’est l’ingénieur du conseil de district qui va faire son rapport et puis il y aura le vote pour voir s’il faut arrêter les travaux ou pas», explique Percy Yip Tong, porte-parole de SOS Tamarin. «Il y a six villages qui nous soutiennent et malgré la visite positive pour les contestataires, le président du conseil et les autres conseillers peuvent voter pour la continuation des travaux. Néanmoins, la visite a donné ce qu’on espérait, même s’ils semblent avoir essayé de nettoyer le chantier complètement, ce qui est impossible. Et les dégâts sont réels et à risques», conclut-il.

Legend Hill au Parlement mardi

Même si ce combat se veut entièrement apolitique, les deux jeunes députés Fabrice David et Joanna Bérenger ont voulu être présents pour tenter de faire écho des griefs des habitants de la région. D’ailleurs, une question parlementaire à ce sujet sera adressée mardi au ministre de l’Environnement Kavy Ramano. «Il est malheureux que les promoteurs ne veuillent pas jouer la carte de la transparence, alors qu’ils avaient dit qu’ils allaient le faire. Ils auraient dû permettre aux experts d’accompagner les conseillers. Les députés aussi n’y ont pas eu accès, alors que mardi prochain, je vais poser une question parlementaire sur les conditions d’EIA, entre autres», a déclaré Joanna Bérenger. Fabrice David a lui rappelé sa participation à la Marche du Sel le 27 février à Rivière Noire et soutient que sa présence ici n’est que la continuité de ce combat pour le développement durable. «On avait participé à la Mmarche du Sel pour dénoncer un crime contre la nature et la mise en danger contre les habitants. En tant que membre de l’Assemblée nationale, on voulait vérifier et on voulait aussi pouvoir discuter avec les promoteurs», dit-il. Les deux déplorent que les conseillers du village n’aient pas pu être accompagnés des techniciens indépendants et espèrent que l’ingénieur du District Council saura rester objectif dans ses analyses et conclusions.

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