Les Salines — Ouverture de l’océanarium : Richa Dowlut (10 ans), dans l’œil de l’Odysseo

Le monde de Nemo l’interpelle du haut de ses dix ans. Richa Dowlut n’a éprouvé que de l’émerveillement à l’ouverture de l’Odysseo aux Salines. Le nouveau rendez-vous de la découverte de l’univers marin pour les petits comme les grands. Futée, son regard a capté les moindres recoins de l’aquarium et elle n’a pas hésité à poser des questions à Élodie Rosette, la plus jeune éducatrice de l’océanarium, ancienne enseignantes des sciences modernes et sociales. Une balade enrichissante pour Richa qui a eu réponses à ses nombreuses questions, émerveillée de voir la pieuvre qu’elle venait de peindre en orange, reproduite grâce à une caméra sur un écran télévisé, prendre vie. Immersion captivante…

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L’Odysseo ne laisse aucun visiteur insensible. Et pour cause, il est le premier grand océanarium de la région des Mascareignes créé pour faire aimer, découvrir et protéger la mer. L’océanarium couvre une superficie de 5 000 mètres carrés, aménagé sur un terrain de 1,5 hectare. Il a nécessité des investissements de Rs 585 millions et a été réalisé par le groupe Eclosia et Cleer Reef International. Cet aménagement participe à la valorisation du patrimoine marin et à la protection de son écosystème tout en répondant aux exigences des touristes en termes de loisirs culturel et écologique.

Il y avait une file indienne à l’occasion de la grande ouverture que beaucoup n’ont pas voulu manquer. Un clown déambulant à l’entrée a vite fait de dérider plus d’un. Richa Dowlut, dix ans, s’avance et lui demande de se faire prendre en photo avec lui. Le clown s’exécute avec ses mimiques dont il a le secret, et son petit nez rouge à la Pinocchio, à défaut de s’allonger, sert de prétexte pour apporter de la lumière à ce lieu vivifiant.
Élodie Rosette, la guide, se présente et donne le ton. On apprend d’elle que le projet de l’Odysseo date de 1994, et qu’il est né chez Michel de Spéville, le père d’Eclosia, et Philippe de Lacaze, directeur de Clear Reef International. Pour le guide, les deux visionnaires ont pris conscience que les Mauriciens ne connaissent pas l’immense richesse de nos océans. Et plusieurs ne savent pas nager et ne réalisent pas que c’est en plongeant que l’on découvre toutes les merveilles.

Élodie se tourne vers Richa et dira : « Tu vois d’où vient le mot océanarium ? On a le mot océan et aquarium, donc on amène l’océan au niveau de l’aquarium pour qu’ils puissent voir ce que renferment nos lagons avec ses plantes, ses coraux et ses animaux. Et, pour bien démarrer notre mission, on enfile notre cape, ce qui signifie aussi connaître, aimer et protéger. On pense qu’on ne peut pas protéger si on n’aime pas et encore moins, peut-on aimer ce que l’on ne connaît pas. À chaque fois, il faudra mettre la cape magique pour commencer le voyage. »

Gobi citron, poisson à la fois mâle et femelle

Il n’en faut pas plus pour la petite Richa qui connaît bien son EVS. Mais, indique-t-elle, sa connaissance des fonds marins, elle la puise aussi de YouTube. Élève de l’Hampstead Junior School de Pamplemousses, toujours à l’affût de nouvelles trouvailles, Richa a été ravie de voir la méduse inversée qu’elle a reconnue du premier coup d’œil, mais elle vient d’apprendre d’Élodie que cette méduse vit en symbiose avec une algue qui se trouve dans l’eau et que les deux s’aident mutuellement. « La méduse va apporter un habitat à la Zoozanthelle (algue microscopique) qui va habiter dans ses tentacules », dira-t-elle.
Autre particularité de cette visite qui a suscité à la fois surprise et admiration chez les adultes et les enfants : le poisson marin, le gobie citron qui est à la fois mâle et femelle, de 6 à 6,5 cm de long, vivant dans les récifs du Sri-Lanka et de la mer de corail et qui abonde à proximité des colonies coralliennes qui lui offrent l’asile. C’est un poisson qui vit en paire mais si son partenaire meurt et s’il a un poisson plus petit à ses côtés, il reste mâle. Et si le poisson est plus gros, il devient femelle. C’est aussi un poisson territorial qui sait se battre pour rester dans sa zone de prédilection.

Richa découvre aussi l’hippocampe et sa stupéfaction est plus grande de voir que c’est le père qui porte le bébé dans sa poche, après que la femme y a déposé ses œufs. Le mâle portera les œufs jusqu’à leur éclosion. Quant au cycle de vie des déchets dans la nature, lorsqu’on apprend que des bouteilles en verre prennent un million d’années pour se recycler, les couches, 450 ans, on est effaré. Richa, interloquée, lance : « Nos récifs coralliens sont en danger, il faut le sauver. » Sauf qu’appeler le soldat Ryan à la rescousse n’est pas une mince affaire.

L’Odysseo a donc imaginé un jeu en conviant les visiteurs à découvrir un aquarium géant avec ses similarités et ses différences. Quand il est plus coloré, la biodiversité est plus dense, mais il y a aussi des coraux qui perdent de leur couleur. Et pour stopper net le blanchissement, la solution se trouve dans un miroir dans le dos du visiteur et qui le prend en pleine face lorsqu’il se retourne. « Je sais, le miroir reflète notre image. Donc, c’est à nous de changer nos habitudes, d’endosser notre cape de voyage du départ pour sauver les récifs coralliens », jubile Richa heureuse de sa trouvaille.
Élodie poursuit la balade en conviant les visiteurs à différentes escales, à escalader les montagnes, partir en immersion sous l’eau, prendre l’avion de manière imagée pour découvrir nos belles plages de Maurice, découvrir les algues marines dans nos lagons. Il y a aussi les mangroves qui produisent dix fois plus de dioxyde de carbone qu’il n’en faut pour préserver et réduire le réchauffement de la planète.
Élodie rappelle au passage que la terre est connectée à la mer et que nos forêts renferment aussi des animaux endémiques et des plantes exotiques. Le fait de ne pas introduire des espèces dans la nature, comme le gecko de Madagascar qui est invasif, entraîne la réduction du nombre de nos lézards à 90%. On note aussi les différences entre les poissons d’eau douce comme le camaron, l’anguille, le tilapia.

Le grand saut

Une des plus belles vues reste, sans conteste, ce passage appelé Haut de la montagne où on peut avoir une vue immense sur l’océan et les différentes îles du nord, comme le Coin-de-Mire, l’île Plate, l’îlot Gabriel, bien reproduites, et la fameuse épave du Saint-Géran. Il a fallu trois ans aux promoteurs pour construire un océanarium aussi majestueux, éducatif où les effets de projection permettent aussi de sensibiliser chaque Mauricien à la préservation. Ce bassin qui fait quatre mètres de profondeur apporte aussi un sentiment d’exaltation et de fierté ; on imaginerait mal une si petite île comme Maurice renfermer autant de belles choses.

L’océanarium renferme aussi le poisson coffre et le faux poisson coffre. L’un est toxique et l’autre une pâle copie qui fait croire qu’il est aussi venimeux que la vraie copie. Quant au poisson ballon qui fait rire Richa, il gonfle son torse en donnant l’illusion d’être gros, ce qui lui sert en fait de technique de défense. Il y a autour de 200 espèces de poissons de l’océan Indien à l’exception des requins qui viennent de la Hollande dont le plus gros mesure deux mètres, fait ressortir Élodie Rosette.

On retrouve aussi le Nemo mauricien, le poisson-clown, la raie, les méduses. Les panneaux indiquent que les poissons ont aussi l’odorat, le toucher. On en sait un peu plus sur la vision de l’oursin, un photosensible : son corps entier constitue une sorte d’œil géant tandis que les épines contribuent à détecter la direction d’une source lumineuse.

Richa interpelle Élodie : « Sont-ils des êtres vivants comme nous avec des sens qui leur servent de repère pour survivre dans la nature ? Qui s’occupe des gros requins ? Je vois un bassin qui indique qu’on peut faire du snorkelling avec les requins, cela fait peur. » Élodie lui répond : « Il y a des aquaristes qui plongent dans les bassins avec les requins, ils sont formés pour cela. L’océanarium n’a pas été créé que pour le fun, mais aussi pour l’éducation avec plusieurs mascottes dont Sharky, Tectec, Octopus, Plouf. On travaille aussi avec l’université de Maurice, la Wildlife Foundation qui nous aide à consolider des actes spécifiques.» L’endroit renferme plusieurs espèces animales marines, 45 bassins et les aquaristes plongent jusqu’à 25 mètres.

Connexion entre l’homme et l’animal marin

Un laboratoire abrite aussi l’océanarium et permet aux visiteurs de voir sur les affiches la douleur que les animaux ressentent lorsqu’ils sont pris dans l’étau des filets, de la pollution, du plastic et autres… Trois bassins éducatifs ont été recréés pour favoriser cette connexion entre l’homme et l’animal marin. « On ne va pas toucher une chose sans savoir de quoi il s’agit, le toucher est important pour recréer une atmosphère et pour connaître à la fois l’animal marin et les invertébrés, car chaque espèce joue un rôle important pour le lagon », laisse entendre la guide.

Richa demande si la raie est venimeuse et on lui répond que sa queue abrite un dard toxique. Elle rit aux éclats devant le poisson moringue qui se fait nettoyer la bouche par une crevette. Élodie confie que la crevette agit comme une brosse à dents, se nourrit des déchets de la bouche de la moringue et vit en symbiose avec elle. « Les animaux peuvent être différents, mais ils s’aident mutuellement, pas comme les humains.»
Richa découvre la manière dont les langoustes muent et pour le poulpe elle dira de go : « Je sais, elle est capable d’apprentissage, notamment à des fins de camouflage. Huit bras, trois cœurs, neuf cerveaux. Elle est capable de changer de couleur à sa guise. Elle a le sang bleu. » Un acquiescement positif d’Élodie rend Richa fière de sa réponse avant de découvrir sa grosse surprise.

Richa est appelée à colorier une pieuvre qui sera introduite dans une machine à photos et le transfert se fera par écran télé interposé. : et la pieuvre colorée en orange de Richa se meut dans l’eau. À la fin de la visite, Richa s’est prêtée au jeu de la roue des défis et a pris l’engagement suivant : ne pas laisser traîner les déchets sur la plage, à la maison. De petites actions qui auront des effets bénéfiques sur le long terme. Et elle fait halte enfin à une boutique de souvenirs pour retrouver les animaux marins en peluche.

La balade qui a duré 1h30 minutes a permis à Richa de retenir pas mal d’enseignements utiles et pratiques. « J’organiserai un challenge avec mes amis, ma famille pour mieux protéger l’environnement. J’ai découvert pleins d’animaux marins et j’ai bien écouté Élodie sur le besoin de maintenir la préservation des océans. Je vais dire à maman et papa de m’emmener de nouveau à l’océanarium, et, cette fois je leur servirai de guide du haut de mes dix ans. Je me laisserai bien tenter par le snorkelling avec les requins mais brrrrrr… la peur y est. »

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