(Lettre ouverte) Au PM et aux députés : Interrogations des pilotes sur un plan de pilotage hors crise

Un manque de pilotes causé par des salaires moins alléchants que la concurrence mettra un frein à la relance des activités de MK

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Un an après la mise sous administration volontaire d’Air Mauritius avec pour excuse la pandémie de Covid-19, la Mauritian Airlines Pilots Associations (MALPA) interpelle les autorités sur le devenir de la compagnie aérienne nationale. Dans une lettre ouverte en date du 16 avril adressée au Premier ministre, Pravind Jugnauth, et aux parlementaires, elle s’interroge sur l’existence d’un plan de pilotage pour une sortie de crise. Dans ce contexte, les membres de cette association se demandent aux administrateurs nommés, Sattar Hajee Abdoula et Arvindsingh K. Gokhool, de préciser si les opérations sont prêtes pour la relance de l’industrie aéronautique et touristique et, enfin, si la compagnie a suffisamment de pilotes sous contrat pour opérer des vols en vue d’assurer la mission première de support au développement économique.

Les pilotes, comme les autres catégories de membres du personnel de MK, sont encore traumatisés par ce qui s’est passé dans la nuit du 21 au 22 avril de l’année dernière et la décision avalisée lors de la réunion du Board d’Air Mauritius du 22. La MALPA rappelle que la famille Air Mauritius a fait face à d’énormes difficultés : réductions de salaire, retraite obligatoire, licenciements, temps partiel imposé et congé sans solde.

L’association voit toutefois une lueur d’espoir : « Aujourd’hui, avec le déploiement des vaccins, le monde s’ouvre. Un nombre croissant de pays autorise les passagers vaccinés à entrer sur leur territoire sans restriction, et la demande de voyages aériens augmente. Il y a une immense envie de voyager à nouveau. ». Avec la perspective de la fin de la pandémie de la Covid-19, avec laquelle les populations devront « vivre avec ».

Les pilotes regrettent cependant que les administrateurs n’aient pas encore sorti Air Mauritius sous administration, comme Virgin Australia, une compagnie sans doute plus grande et plus complexe que la compagnie nationale, qui l’a fait en sept mois seulement. Pire, même la South African Airways, endettée jusqu’au cou, devrait être libérée de ses contraintes légales et financières d’ici peu.

Pendant ce temps, MK reste sous le contrôle de deux administrateurs, avec l’incertitude qui pèse sur la tête des employés comme une épée de Damoclès.
Bref, la question dérangeante est posée : « Pourquoi sommes-nous toujours sous administration après 12 mois ? Les administrateurs sont-ils enfin prêts à dévoiler un plan de sauvetage pour Air Mauritius ? »

Un inquiétant manque de pilotes

Au-delà des questions économiques et des barrières sanitaires engendrées par la pandémie, la MALPA attire l’attention des dirigeants d’Air Mauritius sur le fait que l’industrie aéronautique est en voie d’être confrontée à un défi encore plus spécifique : le manque de pilotes. En effet, selon les experts du secteur, cette pénurie qui se dessine sera un grand frein à la reprise.

L’immobilisme d’Air Mauritius à se projeter dans le retour aux vols alors que d’autres compagnies aériennes se préparent déjà pour l’avenir risque d’être fatal, estime l’association. « Dans le monde entier, les pilotes licenciés ou en congé sont rappelés par leur compagnie aérienne pour reprendre leurs fonctions avec un recouvrement complet de leurs rémunérations au moment de la crise. Les transporteurs d’Amérique du Nord, du Moyen-Orient et d’Asie se sont déjà concentrés sur la réembauche et la formation de nouveaux pilotes », explique la MALPA. Selon l’association des pilotes, même les concurrents directs du pays, comme les Maldives et les Seychelles, ont déjà envisagé de plans de relance pour maintenir les activités de vols de leurs compagnies aériennes.

À Maurice, puisque les autorités, à ce stade, ont laissé entendre que l’ouverture des frontières n’aura pas lieu avant août 2021, les pilotes souhaitent savoir s’il y a un plan pour une sortie de crise de la part des administrateurs et si les opérations seront fin prêtes pour la relance de l’industrie aéronautique et touristique. La MALPA veut aussi savoir si MK a un nombre suffisant de pilotes pour reprendre les vols et, le cas échéant, si l’entreprise a un plan en main pour le recrutement de nouveaux membres d’équipage qualifiés.

Les pilotes, qui sont restés fidèles à MK, soulignent que le package salarial d’Air Mauritius est désormais bien en deçà des normes internationales, et se demandent quel sera l’attrait à intégrer Air Mauritius si l’offre n’est pas plus rémunératrice. Il est un fait qu’au cours des dernières années avant la crise, il a été difficile pour MK d’embaucher et de retenir ses pilotes, locaux et expatriés, dont certains formés à coup de millions de roupies, puisque les salaires de la concurrence, ailleurs, sont plus alléchants, explique l’association.

En conclusion, la MALPA rappelle aux responsables de la compagnie qu’ils « ne doivent pas oublier que les pilotes font partie intégrante et vitale » de l’entreprise, et que tout éventuel manque de pilotes à l’avenir limitera les capacités d’Air Mauritius à rebondir. « La crise de la COVID a démontré que les compagnies aériennes qui ont réussi à s’adapter rapidement sont désormais dans une bien meilleure position pour affronter la nouvelle normalité. Il est donc important dans cette conjoncture que la compagnie aérienne nationale apprenne de ses erreurs passées et planifie dès maintenant une reprise de ses activités. »

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