DANS UNE LETTRE À SAJ : Le PCREC dénonce le « double langage » du gouvernement

Dans une lettre adressée ce matin au Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, la People’s Cooperative Renewable Energy Coalition (PCREC) – plus communément appelée “Kolektif Lenerzi Renuvlab” (KLR) – dénonce le « double langage » du gouvernement dans la démocratisation de la production énergétique à Maurice. Le collectif l’exhorte à « respecter ses promesses » électorales.
Dans sa lettre au Premier ministre, la PCREC dit d’emblée déplorer « l’incohérence » du gouvernement quant à sa politique énergétique. « Nous avions de grands espoirs avec le manifeste électoral de l’Alliance Lepep parlant de la promotion des coopératives citoyennes en 2014 et l’exercice d’expression of interest qui avait suivi, en juillet 2015. Dernièrement, la position du pays à la COP21 semblait présager enfin des actions concrètes. Mais face à l’incohérence du gouvernement, et en particulier du ministre de l’Énergie, nous sentons que non seulement l’énergie renouvelable produite par les Mauriciens en collectivité a été un mirage pour obtenir des votes, mais aussi que l’intérêt des citoyens passe après celui des gros capitaux », s’indigne le collectif.
Le KLR rappelle que, malgré un exercice d’expression of interest en juillet 2015, un autre “tender” lancé en novembre 2015 pour des mégas fermes solaires de 10 à 15 MW a non seulement « eu la priorité » sur l’expression of interest, mais que 45 MW des 60 MW sont encore disponibles sur le réseau électrique pour les énergies intermittentes. « Un autre tender pour des grosses fermes de 1 a 9 MW a été annoncé. Il n’y aura donc plus de place pour des petites fermes de moins de 1 MW, qui sont financièrement à la portée des petits planteurs et des citoyens ordinaires », disent les signataires. « C’est d’autant plus choquant que les grosses fermes ne permettent pas au réseau de bien encaisser les variations du soleil. Avec une grosse ferme, à tout moment, c’est une dizaine de MW qui peuvent disparaître du réseau, dépendant de la météo. Si ces MW étaient repartis en petites unités à travers le pays, l’instabilité pour le réseau serait bien moindre, et donc mieux gérable », expliquent-ils.
Le KLR ajoute que « si nous n’allons vers une autonomie énergétique en adoptant l’énergie renouvelable rapidement, nous mettons en péril la souveraineté de notre pays, mais aussi l’avenir de nos enfants ». Il ajoute : « Aucun investisseur étranger ou grosse multinationale ne réinvestira la majeure partie de ses profits dans l’économie locale comme les citoyens réunis en coopérative. Or, malgré l’exemple allemand, cité de nombreuses fois, rien n’est fait pour encourager la production d’énergie renouvelable par les coopératives citoyennes. »
Le collectif s’indigne en outre que « l’expérimentation des énergies renouvelables n’a même pas été entamée à petite échelle ici à Maurice alors qu’ailleurs dans le monde, des pays comme l’Écosse se sont fixés comme objectif une autonomie énergétique entièrement basée sur le renouvelable d’ici 2030 ». Le KLR fait par conséquent appel à sir Anerood Jugnauth « pour que l’Alliance Lepep s’en tienne à son manifeste » électoral. « Face au manque de transparence du ministère de l’Énergie et du CEB, nous en appelons au Premier ministre, en espérant qu’enfin les promesses électorales soient tenues et que nous puissions enfin entamer un virage dans le secteur énergétique, qui demeure le plus gros émetteur de gaz à effets de serre dans le pays », précisent les signataires.
Une copie a été adressée au ministre de l’Énergie, Ivan Collendavelloo, et ceux des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, de l’Agroalimentaire Mahen Seeruttun et des Coopératives, Sunil Bholah, ainsi qu’au président de la Mauritius Renewable Energy Agency (MARENA), le Dr Arjoon Suddhoo. Rappelons que la PCREC-KLR comprend les associations suivantes : la Federation of Public Sector & Other Unions, la General Workers Federation (GWF), le Centre for Alternative Research and Studies (CARES), l’Ong Eco-Sud, l’Institute for Environmental and Legal Studies (IELS), le Kolektif Lenerzi Renuvlab (KLR), Rezistans ek Alternativ et la Small Planters Association.

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