LITIGE—RESTÉS À TERRE POUR « INSÉCURITÉ »: Des pêcheurs malgaches livrés à eux-mêmes

Une quarantaine de marins pêcheurs malgaches passent la nuit à la belle étoile et sont sans ressource depuis plusieurs jours. Leur employeur juge qu’ils sont en rupture de contrat après avoir refusé d’embarquer pour une nouvelle campagne de pêche. Mais ces derniers disent rester à terre car craignant pour leur vie. Le ‘Glory No1’ est en effet rentré au port en catastrophe dimanche dernier après huit jours en mer. Les pêcheurs malgaches se demandent si les réparations, effectuées très rapidement, ont bien été faites avant de repartir sur les bancs.
Dimanche dernier, le Glory N°1 – bateau de pêche appartenant à un armateur mauricien mais battant pavillon comorien – est retourné dans la rade avec une fissure dans sa coque. Les marins pêcheurs – tous des Malgaches –, qui se trouvaient à bord, disent avoir vécu un véritable cauchemar face au risque, à tout moment, de faire naufrage. « Nous avons dû aider à évacuer l’eau de la cale pour éviter le pire tout le long du retour vers Maurice », racontent les pêcheurs.
Hier, le Glory N°1 a repris la mer après des réparations. Mais les marins ont refusé d’embarquer, car ils ne sont pas satisfaits de la manière dont les réparations ont été effectuées. « On a fait venir des plongeurs pour rapiécer les trous alors qu’on aurait dû mettre le bateau en cale sèche pour le réparer. »
Ne se sentant pas en sécurité, les pêcheurs malgaches ont donc préféré rester à terre. Entre-temps, Pioneer Fishing, la compagnie qui gère le bateau, a estimé que ces derniers sont de fait en rupture de contrat. Elle a donc engagé des Mauriciens pour cette nouvelle campagne de pêche.
Les pêcheurs malgaches, eux, sont abandonnés avec tous leurs bagages au quai et sans le sou. « Nous voulons être payés pour les jours de travail qui nous sont toujours dûs. Qui plus est, ce n’est pas la première fois que nous avons des problèmes avec la compagnie. La dernière fois, nous sommes restés à terre sans salaire pendant trois mois parce que le bateau avait des problèmes de papiers. »
Sollicité par Le Mauricien, l’ambassade de Madagascar affirme s’occuper de ce dossier. « Nous avons été mis au courant de la situation des pêcheurs tard mercredi. Hier, nous leur avons rendu visite. De même, nous avons adressé une lettre au ministère des Affaires étrangères pour leur rapatriement, mais avec leurs dûs », déclare un porte-parole de l’ambassade.
Ce dernier ajoute que les pêcheurs ont travaillé pour la compagnie pendant deux ans et qu’ils ne peuvent pas repartir les mains vides. « Maurice est un État de droit ; les règlements doivent être appliqués », ajoute le porte-parole de l’ambassade.
Au ministère de la Pêche, on avance que le Glory N°1 a un statut un peu complexe. « C’est un Mauritian-owned avec un pavillon comorien et des pêcheurs malgaches… Nous ne sommes donc pas habilités à intervenir dans ce cas. Le bateau a toutefois un permis pour pêcher dans notre Zone économique exclusive. »
Le ministère du Travail, en revanche, dit avoir un droit de regard sur le problème si un permis de travail pour les pêcheurs malgaches a été obtenu à Maurice. « Les pêcheurs doivent venir nous voir avec leur permis et leur contrat afin que nous puissions clarifier leur situation », explique un porte-parole.
En attendant, les pêcheurs malgaches sont livrés à eux-mêmes et comptent sur la générosité de leurs confrères mauriciens pour avoir de quoi manger. Leur seul désir est de « rentrer à Madagascar au plus vite… avec notre salaire ».
Il faut savoir que le Glory N°1 a déjà fait parler de lui dans le passé car il avait laissé des pêcheurs mauriciens à quai pour engager des Malgaches. Ironie de l’histoire : aujourd’hui, c’est l’inverse qui se produit.

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