Locataire du château

C’est que le moment est historique. Et le terme n’est pour une fois pas galvaudé. Après le “Speaker Madam” voici venir “Madame la Présidente de la République”. Elle prendra ses fonctions ce vendredi 5 juin 2015. Date à marquer d’une pierre blanche sur les murs du Château. Peut-être l’ère d’une île Maurice intelligente, qui consommera du bred mouroum avec bonheur parce qu’au courant des vertus du moringa.
La “coïncidence calendaire” a voulu que la démission de l’ancien Président (tacitement convenue depuis le 29 janvier 2015) corresponde à la période de campagne dans les villes. Ces élections citadines, dites municipales, jouissent à l’occasion des interventions de ministres et de députés. Histoire de galvaniser les foules refroidies et de filer un coup de pouce aux camarades en lice. Soulignons qu’Ameenah ignorait les aménagements conclus entre Anerood et Kailash. Si ce n’est pas une stratégie de vieux singe… ça y ressemble bigrement !
Entre les Casernes centrales, Riverwalk et le centre de détention de Moka, Navin se dépatouille comme un beau diable rouge. Nous n’aborderons pas ce terrain glissant sans chaussures à crampons. Tenons-nous en à Ameenah. Elle dit ne pas vouloir jouer au figurant. Rubber stamping ? Très peu pour elle ! Nous ne pouvons pas nous empêcher d’émettre une supposition. Celle d’un faire-valoir auprès d’une frange urbaine qui se serait sentie, comme qui dirait, “lesée”. Vous avez dit “rééquilibrage ethnique” ou redistribution des ressources étatiques ?
Ameenah n’entend pas se conformer à un rôle passif. La scientifique ne se veut pas une yes woman nominée. Elle est désignée par une majorité de yes men pour occuper le poste. On se souviendra peut-être du les mo koze !, lâché par une camarade universitaire qui voulait faire de la politique active. Cela s’est avéré sans suite. Est-ce pour cela que la future présidente dira les choses qui doivent être dites… en prenant soin de bien mâcher ses mots ? Une majorité de trois-quarts, ça vous vire en deux temps, trois mouvements, une présidente qui l’ouvre trop.
De nombreux garants de notre Constitution ont démissionné en cours de mandat. Un soy semble s’acharner sur les locataires qui se sont succédé au Château. Comptons sur la rationalité toute scientifique d’Ameenah pour ne pas prêter foi à la supposée guigne présidentielle. Aussi sommes-nous interloqués et aphones lorsque Madame la Présidente attribue sa désignation à “la main invisible du destin”.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -