MAHÉBOURG — 3e phase de déconfinement : Sacré coup de blues des marchands de foire !

Un mois après la réouverture des foires, les marchands affichent toujours la grise mine. Avec le virus du Covid-19 qui circule toujours, les clients sont plus rares. De plus, les nouvelles marchandises tardent à arriver avec le retard au niveau des bateaux. Pour s’en sortir, certains n’ont d’autres choix que de brader leurs stocks. En espérant que demain sera un jour meilleur. Ils s’accrochent toutefois à un mince espoir, comptant sur le retour des touristes, puisque les Mauriciens doivent eux-mêmes faire face à la vie chère, disent-ils.

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Ce n’est pas la grande foule à Mahébourg en ce premier lundi du mois. Généralement, la foire du village attire des Mauriciens des quatre coins de l’île. Non seulement pour faire de bonnes affaires, mais aussi pour profiter de l’air frais du Mahébourg Waterfront, ou encore, pour déguster les spécialités du coin, telles les mines bouillis mangouac, ou mines bouillis palourde. S’il y a bien des visiteurs à la foire de Mahébourg ce lundi, ce n’est pas comme les autres jours. D’abord, il faut passer par la prise de température, ensuite des marchands ont été déplacés, en raison des travaux en cours au stade Harry Latour et finalement, l’atmosphère était moins joyeuse, dans les allées.

La foire de Mahébourg, comme celle des autres régions, subit encore les effets de la pandémie. Rakesh, vendeur de chaussettes, ne cache pas que la reprise se révèle très difficile. « Cela fait un mois qu’on a repris le travail et il n’y a presque pas de clients. D’habitude, pour la rentrée scolaire, les parents viennent acheter des chaussettes en quantité. Mais cette fois-ci, nous étions encore fermés. L’école a repris avant nous. Les parents ont dû aller acheter leurs affaires ailleurs », se désole-t-il.

Pour s’en sortir, le secret, confie-t-il, est de faire plaisir aux clients. « Parfois il y a des clients qui arrivent et qui vous disent de casser le paquet de trois chaussettes pour qu’ils choisissent leurs couleurs. Cela complique mon travail, mais je ne refuse pas. En ce temps où il n’y a presque pas de clients, on ne peut faire le difficile. Je donne au client ce qu’il veut, car il est disposé à acheter. »

Un peu plus loin, Sanjeev Bhoojedar a choisi de liquider sa marchandise. « Rs 20 partout. T-shirt, short, pantalon, choisissez… », crie-t-il à longueur de journée. Le forain ne cache pas ses états d’âme : « Que voulez-vous, les gens n’ont pas d’argent. Ils ne peuvent acheter ce qui est cher. Si je veux vendre, je suis contraint de liquider. J’ai trois enfants, ils doivent bien manger. Comment allons-nous faire ? »
Ce dernier poursuit par une boutade : « Dan prizon mem dimounn pe gagn manze trwa fwa par zour. Isi ou pe travay, pa pe gagn kas pou aste manze. Plito mo ferme mo al dan prizon », lâche-t-il. Si les clients se ruent à l’étal de Sanjeev Bhoojedar, c’est en raison du petit prix pratiqué. Mais combien de profits fera-t-il à la fin de la journée ? Il n’a pas le temps d’y penser pour le moment, l’essentiel étant d’écouler la marchandise d’abord.

Non loin de lui, Vijendra Ramalingum est tout aussi amer. Il rappelle que l’année dernière, les foires sont restées fermées durant quatre mois. Cette année encore, il s’est retrouvé au chômage forcé pendant une période similaire. « Je ne comprends pas pourquoi on a fermé les foires pendant autant de temps. Allez dans les shopping malls, vous verrez quelle foule il y a là-bas. Pourquoi nous empêcher de travailler, nous ? On ne va jamais pouvoir rattraper tout ce manque à gagner. »
Quant à savoir s’il n’a pas reçu une allocation sous le Self-Employed Assistance Scheme, ce dernier avance que la Mauritius Revenue Authority (MRA) lui a bien versé une allocation, mais pour deux mois seulement. « Nous n’avons rien reçu pour les mois de mai et juin. En sus, il faut trouver Rs 4 800 pour payer le District Council chaque année. »

Avec la réouverture complète des frontières annoncées pour le 1er octobre, les marchands souhaitent que les touristes vont vite revenir à Mahébourg, pour donner nouveau souffle à la foire. D’ailleurs, en ce moment, on ne voit presque pas ceux qui, d’habitude, proposent des produits touristiques. Artisanats, tenues de plage, souvenirs, sont rares dans les allées.

Les marchands de cette localité attendent également, avec impatience, leur nouvelle foire, depuis des années. Il faut savoir qu’en dépit de sa popularité, la foire de Mahébourg se trouve… dans les rues. Il y a bien des structures temporaires érigées, mais elles sont loin d’offrir le confort d’une foire. En période de pluies, il faudra éviter les grosses flaques d’eau qui s’accumulent. Ils ont tout de même une lueur d’espoir : les travaux de la nouvelle foire ont enfin démarré. Une enveloppe de Rs 105 millions y a été consacrée. Il est prévu que les travaux soient complétés vers la fin d’avril 2022.
En attendant, les marchands devront prendre leur mal en patience. Ils souhaitent surtout qu’il n’y aura pas de mauvaise surprise, avec une hausse du loyer dans le nouveau local. Ils s’attendent également à ce que les 630 forains qui y seront casés, seront tous méritants et qu’il n’y aura pas de privilégiés.

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