Mahébourg – Post Wakashio : Georges Ah-Yan craint un drame social

La vie à Mahébourg tourne au ralenti. C’est en tout cas ce qu’affirme George Ah-Yan, figure emblématique du village, qui se dit inquiet pour toutes ces familles impactées par la COVID-19, et plus encore, le naufrage du Wakashio. Selon lui, 50% des familles de la côte Sud-Est ont vu leurs activités professionnelles affectées, lui faisant ainsi craindre un drame social dans la région.

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Dans son restaurant, qui a conservé son cachet typique au fil des années, George Ah-Yan reçoit plus de personnes pour ses activités sociales que de clients. Comme d’autres, il est touché de plein fouet par l’absence de touristes. Mais en tant qu’activiste, il est plus concerné par le drame humain que vivent de nombreux Mahébourgeois que par ses caisses vides. « Dans les familles chinoises, on a toujours appris à mettre quelques sous de côté. Pour l’heure, je compte sur mes économies pour vivre, puisqu’il n’y a pas de clients. Mais je pense à tous ces skippers qui n’ont plus de travail, à ces pêcheurs qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Mahébourg n’est plus comme avant. Même le marché n’a plus autant de clients qu’avant. Les gens n’ont pas d’argent pour acheter. »

Selon le travailleur social, avec la COVID-19, et encore plus le naufrage du Wakashio, beaucoup de personnes de la région sont appauvries. « On peut dire qu’à tous les échelons, on est descendu d’une marche. » Il se dit ainsi inquiet que cette situation n’engendre un problème social grave dans la région. « Quand les gens n’ont plus à manger, que font-ils ? Vont-ils voler ? Il y a des gens qui sont stressés et qui ont les nerfs à vif. Au moindre problème, cela peut provoquer des étincelles. Il y a des gens qui noient leurs problèmes dans l’alcool… Tout cela impacte la vie familiale. »

Georges Ah Yan affirme que beaucoup de pêcheurs passent par des difficultés. Même si le gouvernement accorde une allocation de Rs 10 200, il est très difficile de s’en sortir. L’une des solutions serait d’alléger les factures des utilités publiques. « Si on avait réduit les factures de 50%, par exemple, pour les familles impactées, cela aurait dégagé une marge de manœuvre pour autre chose. »

Il plaide aussi pour un relevé des personnes impactées et ayant des dettes. Il souhaite ainsi que le gouvernement fasse les arrangements nécessaires auprès des banques pour qu’il y ait un moratoire, même sur les intérêts, en attendant que la situation s’améliore. « Il y a des personnes qui procédaient à la rénovation de leurs bateaux en vue de la reprise et qui se retrouvent avec des travaux non complétés. »
Selon lui, le gouvernement aurait dû venir en aide à ces personnes. De même, il avance qu’on aurait pu profiter de cette période d’interdiction de pêcher pour offrir des formations aux pêcheurs. « On aurait pu donner des informations pratiques, comme les premiers soins, si quelqu’un a un malaise en mer, ou encore leur donner des cours en environnement pour les responsabiliser. On aurait pu profiter de cette période également pour refaire les sennes. »

Revenant sur les activités économiques, il affirme que les petits commerçants et petits restaurateurs sont très impactés. « Nous sommes dans une économie à deux vitesses. Les grands opérateurs ont toutes les facilités, mais les petits opérateurs, eux, n’ont rien. » Selon Georges Ah-Yan, Mahébourg est somnolente. Et il n’est pas sûr que la réouverture des frontières ramène des touristes dans le village. Au contraire, il dit même ses craintes pour les risques que cela représente.

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