Manque d’avions : Un Wet Lease qui crée des turbulences

Après l’épisode réunionnais, le vol vers Kuala Lumpur sur le même avion de la compagnie maltaise décrié par des passagers

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Retard conséquent, pas de système d’entertainment classique à bord, personnel étranger, dîner à 4h du matin

L’avion loué sous la formule « Wet Lease » – c’est-à-dire avec l’équipage de cabine – par Air Mauritius à une compagnie maltaise, un A330-200, en remplacement temporaire de l’un des avions de la flotte de MK, un A330-neo, en maintenance moteur à Paris, a beaucoup fait parler de lui pour le peu de temps qu’il a servi à la compagnie nationale en cette fin d’année 2022 et début 2023.
Comme raconté dans notre dernière édition, cet avion s’est d’abord signalé par des problèmes techniques à l’île de La Réunion, jeudi dernier, et a accumulé un retard de plusieurs heures au point de griller un vol vers Madagascar pour pouvoir assurer celle de Kuala Lumpur, avec quelques heures de retard mais « sans problème », comme nous l’écrivions la semaine dernière dans notre première édition de l’année.
Sans problème technique, excepté que ce vol pour Kuala Lumpur a beaucoup énervé et déçu certains passagers d’Air Mauritius. D’abord, pour la longue attente avant le départ, puis pour le service à bord et les fameux problèmes de communication avec l’équipage étranger, mais aussi pour tout ce qui concerne l’Entertainment à bord. L’un de ces passagers raconte à Week-End ce vol qu’il n’oubliera pas de sitôt, mais se dit surtout déçu du manque de considération de la compagnie vis-à-vis de ses passagers.
Jeudi dernier, 29 décembre, Mr X se rend à l’aéroport SSR pour prendre son vol vers Kuala Lumpur, prévu pour 22h30 en compagnie de sa famille pour des vacances à l’occasion du nouvel an. Le groupe arrive à l’aéroport aux alentours de 18h30 pour l’enregistrement afin de ne pas stresser à la dernière minute. C’est là Mr X et sa famille apprennent que le vol sera retardé, sans explication aucune, comme c’est souvent le cas pour les compagnies aériennes. Il leur est annoncé que l’avion aura une heure de retard, ce qui selon Mr X, « n’était, à ce moment-là, pas la mer à boire ». « Nous n’avons pas bronché », dit le chef de famille.
Cependant l’attente fut plus longue, très longue au point que vers minuit, les passagers ont commencé à s’énerver et les commentaires désagréables pour la compagnie aérienne sont prononcées, d’autant que les passagers étaient en manque total de communication de la part des préposés de MK et surtout qu’aucune disposition n’avait été prise pour la restauration des passagers. Dans l’attente, Mr X et sa famille se sont restaurés pour calmer la faim qui montait au fil de la soirée mais ce n’était pas donné surtout qu’à cette heure sur le vol, le repas aurait déjà été servi. « Au départ on a acheté un ou deux snacks, mais dépenser Rs 200 pour un paquet de chips ou une bouteille d’eau alors qu’on aurait dû nous donner à dîner, c’était trop. Nous sommes allés nous plaindre et finalement chaque passager a eu droit à un sandwich et une bouteille d’eau ou une boisson gazeuse ». Ce qui était la moindre des choses.
Finalement c’est vers 2h30, soit avec quatre heures de retard, que l’avion a pris son envol en direction de Kuala Lumpur mais surprise de taille pour Mr X., ce n’est pas à bord d’un A330neo de MK, qu’il affectionne, qu’il embarque mais un autre avion d’une autre compagnie aérienne avec un personnel navigant étranger avec une seule hôtesse parlant un peu français à bord. Il regrette de n’avoir pas aussi été prévenu de ce changement de type d’avion.
« Lorsque nous avons acheté notre billet, c’était bien écrit un A330neo, un bel avion que je connais d’ailleurs très bien et sur lequel j’ai voyagé il y une semaine à peine. Or là, cet avion ressemblait plus à un charter, avec seulement 3 toilettes pour 300 personnes. De plus, surprise de taille, devant nous il n’y avait pas d’écran installé. Il fallait s’y résoudre car cet avion n’était pas équipé d’un Entertainment System comme le sont les avions de MK, et sur un vol de plus de sept heures, c’est carrément une insulte aux passagers ».
À ce propos, il avoue que la compagnie avait quand même pensé à ses passagers et préparé en conséquence une alternative pour qu’ils puissent regarder un film ou des séries. Ceux qui voyageaient avec un écran personnel sous forme de téléphone portable ou autre – excepté les iPhones, selon notre interlocuteur – ont reçu une feuille de papier A4 avec un QR code et des annotation écrites à la main. Les instructions ont été données par le personnel navigant à travers le système de communication de l’appareil en anglais : “Faute d’écran sur le dos des sièges pour se détendre et pour combler le temps, les passagers ont reçu un bout de papier sur lequel était inscrit un QR code à scanner pour qu’ils puissent visualiser un film ou une série durant les 7h35 de vol. Un vol dont l’équipage étranger ne parlait pas français, à l’exception d’une hôtesse. Pour ceux qui comprenaient l’anglais, ça allait, mais il y avait des passagers qui ne parlaient que français, dont des vieilles personnes qui ne comprenaient pas ce que disait le personnel navigant. Pour eux, cela a été compliqué”, explique notre interlocuteur.
Par ailleurs, alors que l’atterrissage à Kuala Lumpur était prévu pour 10h le vendredi, l’avion a finalement atterri en Malaisie vers 15h30 : “Le temps de sortir de l’aéroport, il était 17h. Soit une journée de perdue et diverses complications pour les passagers qui avaient des rendez-vous ou encore des connexions à prendre”, souligne-t-il.
Un passager – qui a voulu garder l’anonymat – nous a conté son histoire et a également écrit une lettre à la compagnie aérienne nationale pour ce vol MK 646 à destination de Kuala Lumpur, finalement du 30 décembre puisque l’avion a quitté Maurice vers 2h30 du matin. Il explique sévèrement avoir voyagé sur un Charter flight alors que le service de réservation de MK avait bien mentionné que le vol allait se faire sur le nouvel Airbus A330neo de la compagnie Air Mauritius et non un A330 opéré par Maleth Aero.
Il ajoute avoir joint à sa plainte par mail, une video de l’intérieur de l’avion et des photos, et demande aux responsables de MK de dire si ce vol était « reliable ». Il ajoute : « There was no entertainment on board for an 8-hour flight since there was NO SCREEN !!!! We are in 2022 !!!! The noises that plane makes are is as if you are flying an Old Dinosaur plane ». Il dit regretter que la compagnie aérienne ne l’ait pas prévenu de ce large retard. Il conclut en disant avoir eu vent qu’il voyagerait sur le même avion pour son retour, jeudi (avant-hier), et qu’au nom des « disgusted passengers », il espère une réponse à sa lettre de la compagnie aérienne nationale avant. Il a bien reçu un courriel de MK qui lui a demandé d’autres détails concernant son booking, sans plus de détails.
Finalement, Mr X. est rentré de Kuala Lumpur, en fin de semaine, sur le même avion, et il concède que, cette fois, le vol s’est bien passé, même s’il n’y avait toujours pas d’Entertainment System à bord !

De nouveaux avions nécessaires
Avec le retour des vols vers ses destinations clés d’Air Mauritus d’avant Covid, surtout dans le bassin de l’océan Indien, dont Kuala Lumpur, Perth, Cape Town et d’autres, la disponibilité de la flotte de MK – qui a été réduite pour donner suite à l’implémentation de son plan de redressement et des problèmes techniques rencontrés par Air Mauritius, ces derniers mois – est capitale. La compagnie opère actuellement quatre A350-900, deux A330-900 et trois ATR 72-500.
Après l’incident de La Réunion et son avion loué de Malte, Air Mauritius a connu d’autres problèmes techniques comme le 2 janvier, où son A350-900 (3B-NBA) a décollé avec près de cinq heures de retard vers Johannesburg, avec un effet domino sur les vols suivants, le vol vers Paris-CDG mardi soir reporté à mercredi matin. Un autre A350-900 (3B-NBP) ayant également connu un problème le lendemain – entraînant, cette fois, près de 10 heures de retard pour les passagers à destination de l’Afrique du Sud. Selon le site Air Journal, Air Mauritius chercherait, d’ailleurs, à louer un A330-200 pour renforcer sa flotte, en plus, plusieurs ATR-72-500 ou 600 qu’elle cherche à prendre en leasing.
Le nouveau CEO a enfin communiqué
C’est par le biais du message de fin d’année comme CEO d’Air Mauritius que Kresimier Kucko est sorti de son mutisme depuis son arrivée aux affaires, récemment. S’il s’est fixé comme objectif le retour à « l’excellence opérationnelle » dans un contexte de la « levée favorable des restrictions de voyage » à travers la planète, celui qui pilote Air Mauritius met en garde contre les difficultés que nous vivons déjà et qui seront là pour quelque temps encore : la cherté du carburant, l’inflation et les prévisions économiques pessimistes. Heureusement qu’il y a, parallèlement, ce besoin de voyager des gens, confinés pendant deux ans par le Covid. Parmi les mesures concrètes, Kresimir Kucko confirme un code sharing avec Virgin-Australia pour l’Australie et l’ajout de deux A330-200 au sein de la flotte de MK pour une durée de trois ans, probablement sous forme de leasing.

 

Retour d’Air Mauritius à New Dehli
À partir du 3 mai 2023, la compagnie aérienne nationale Air Mauritius (MK) relancera sa liaison entre Maurice et New Delhi, sa deuxième destination en Inde après Mumbai. MK proposera deux vols par semaine entre le Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport et l’aéroport Indira Gandhi de New Delhi. Les départs sont, pour l’heure, programmés les mercredi et samedi à 21h15 pour arriver le lendemain à 6h15, les vols retour quittant la capitale indienne jeudi et dimanche à 8h pour se poser à 14h. Le type d’avion qui opérera ces vols sont des Airbus A330-900 pouvant accueillir 28 passagers en classe affaires et 260 en classe économique.
Ces vols vers la capitale indienne avaient été stoppés pour cause de pandémie de Covid-19, comme sur celle vers Mumbai – qui est actuellement prolongé vers Delhi opérée par Vistara, partenaire intérieur d’Air Mauritius en Inde.

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