Marché Floral : La production d’anthuriums en berne

La production d’anthuriums a connu une baisse significative depuis le confinement et après le passage de deux cyclones, Batsirai et Emnati. L’aide du gouvernement n’a pas suffi pour relancer le business. « Il faut impérativement que les autorités organisent une table ronde avec les cultivateurs d’anthuriums à Maurice pour leur donner la possibilité d’exposer leurs difficultés et leur donner une nouvelle impulsion », dira Éric Mangar, agronome et responsable du Mouvement pour l’Autosuffisance Alimentaire.

- Publicité -

Cet exercice permettra à Maurice de se repositionner parmi les pays qui sont les principaux exportateurs d’anthuriums. « Car Maurice a été un certain moment le deuxième plus gros exportateur mondial d’anthuriums. Et en 2018, le pays occupait le 63e rang mondial », fait-il comprendre.

Joe Dorasami, qui avait repris le business familial de feu Sandragassen Parsuramen qui cultivait des anthuriums sur une superficie d’un arpent de terrain dans la région de Cluny en 1990, se retrouve aujourd’hui sur une superficie de six arpents. « On exportait vers l’Italie, la Suisse, le Japon, Dubaï. Et aujourd’hui, avec l’arrivée des compétiteurs internationaux, nous constatons la chute de nos exportations de fleurs au fil des années », dit-il.

À ce jour, le pays ne compte que quatre ou cinq cultivateurs d’anthuriums. Beaucoup de producteurs d’anthuriums ont abandonné leur activité à cause du Covid et d’autres facteurs. La production chute de 60% en hiver. On compte à Maurice une dizaine de variétés : Ozaki, Midori, Tropical, Angel, Icarus, Achilles, Nunzia, Calisto. Et depuis octobre 2018, Starlight et Twilght, deux nouveaux types d’anthurium, ont été développés à partir de croisements.

Néanmoins, Joe Dorasami fait état d’un intérêt décroissant pour ces activités. « Je suis dans le domaine depuis plus de 30 ans, j’ai investi surtout pour l’exportation. Il faut prendre diverses précautions et les exporter par avion. Ces fleurs peuvent tenir jusqu’à trois semaines, mais il y a un gros travail de contrôle qualité à faire et les coûts de production ont pris l’ascenseur, sans oublier l’emballage et la main-d’œuvre. L’exportation de fleurs avait connu un véritable boom dans les années 1990 grâce aux prix pratiqués alors. Ce n’est plus le cas aujourd’hui », poursuit-il.

Selon ce dernier, si quelqu’un veut se lancer dans la culture d’anthuriums de nos jours, il faut prospecter d’autres marchés, l’Europe étant un sérieux concurrent. Par rapport à la situation il y a une vingtaine d’années, l’exportation de fleurs, essentiellement d’anthuriums, est en recul, selon les statistiques. Alors que le pays exportait pour Rs 63,5 millions de fleurs en 2011, le chiffre est passé à 52,7 millions en 2015. Et alors que des entreprises avaient une main-d’œuvre de 156 employés affectés à la culture florale en 2011, ce chiffre est descendu à 84 en 2015.

Avec la libéralisation du commerce mondial, l’industrie sucrière qui avait, pendant un certain temps, diversifié sa production avec la culture florale a désinvesti dans ce créneau, jugé peu rentable, observe Henri, un ancien cadre d’un établissement sucrier dans le nord.

Après des années glorieuses, Joe Dorasami s’apprête à jeter l’éponge. Face à l’absence de relève et à la rude concurrence sur le marché international, notamment le coût de production, il est d’avis que la bagasse crée d’excellentes conditions pour la pousse de l’anthurium. « Bagass pe vinn de pli an pli rar depi ki pe servi pou prodwir lenerzi », constate-t-il néanmoins.

Éric Mangar conseille aux cultivateurs d’anthuriums d’avoir recours à la litière du poulailler, qui est très riche en azote, phosphate et sel ammoniacaux, et constitue un fumier de qualité. Cela aide à la structure du sol.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -